Elles sont sur tous les théâtres d'opérations, secrètes et souvent décisives. Les forces spéciales françaises, atout maître dans la lutte antiterroriste, sont en pleine ascension, avec la création d'une nouvelle unité de commandos marine baptisée Ponchardier et basée à Lanester dans le Morbihan.
Ce nouveau commando a été porté sur les fonds baptismaux vendredi à Lanester (Morbihan), près de Lorient, par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui a lui remis solennellement son fanion marqué de la devise "A la vie à la mort".
Une des priorités de l'armée française
"Cette création intervient dans un contexte lourd de menaces directes pour la sécurité de la France et des Français", a déclaré le ministre, citant en premier lieu le "terrorisme jihadiste", une "menace extrême dans son intensité et durable dans les objectifs qu'elle poursuit". Dans ce contexte, les forces spéciales sont devenues, avec le renseignement et l'acquisition de drones, une des priorités de l'armée française.Dans le peloton de tête des corps d'élite avec Navy Seals américains, SAS britanniques et Spetsnaz russes, elles vont voir leurs effectifs passer de 3.000 à 4.000 hommes d'ici 2019 au rythme de conflits toujours plus nombreux, de l'Afrique au Moyen-Orient, où des groupes terroristes sont devenus l'adversaire principal.
Basé à Lanester
Fort de 150 hommes, le commando Ponchardier constitue la plus importante des unités de commandos marine (650 hommes au total) côtoyant cinq autres commandos (Jaubert, de Montfort, Kieffer...) à Lanester, sanctuaire de cette composante de la Marine. Le septième, le commando Hubert, célèbre pour ses nageurs de combat, est basé à Toulon.Sur sa discrète base, embarcations rapides armées hautement sophistiquées et véhicules de patrouille couleur sable, tout juste revenus du désert africain, s'alignent sur fond de chantiers navals et rade de Lorient. Digne héritier du vice-amiral Pierre Ponchardier (1909-1961), compagnon de la Libération et fondateur des commandos parachutistes en Indochine, le dernier né des commandos marine a pour mission de projeter les groupes de combat sur le terrain et de les appuyer dans leurs opérations.
Dans les puissants hors-bords Ecume, "nous avons des équipages en charge de la navigation, avec des systèmes de communication, des ordinateurs transmettant les
points tactiques, de grosses mitrailleuses et derrière les groupes de combat qui peuvent ainsi se concentrer sur le coeur de la mission", explique le "pacha" du commando Ponchardier, le capitaine de corvette Yann Guillemot. L'objectif est de renforcer la mobilité terrestre et aérienne des forces spéciales, dont le succès repose sur l'effet de surprise, notamment la nuit, en leur donnant des moyens propres d'action, souligne-t-on à la Défense.
Mobiles et autonomes
Face à un ennemi imprévisible, insaisissable, adepte de la guerre asymétrique (attentats, engins explosifs improvisés...), les forces spéciales, très prisées des chefs d'Etat, sont en première ligne depuis dix ans, de l'Afghanistan, à la Centrafrique et au Mali.Très mobiles, autonomes, mobilisant une poignée d'hommes sur le terrain, elles sont parfaitement adaptées à ces nouvelles menaces, même si elles agissent en complément d'autres forces terrestres, aériennes ou maritimes. Pour répondre à ces missions hors normes, infiltration derrière les lignes ennemies, renseignement, libération d'otages, les commandos présentent des capacités d'endurance, un sang-froid et une réactivité exceptionnels, doublés d'un solide esprit d'équipe.