256 ans après la bataille navale qui devait donner à l'Angleterre la suprématie sur les mers et après 7 ans de bataille judiciaire, le Conseil d'État a attribué au plongeur breton Gildas Gouarin la paternité de la découverte du Thésée, joyau de la Marine française coulé en baie de Quiberon.
Par un arrêt en date du 30 mars, la plus haute juridiction administrative française a donné raison à Gildas Gouarin, qui, le 14 juin 2009, a repéré l'épave gisant sous la vase par 20 mètres de profondeur.
"C'est une énorme satisfaction personnelle, la reconnaissance d'un travail", s'est félicité Mr Gouarin depuis son domicile de Quiberon (Morbihan).
"Cette histoire m'a pourri la vie pendant des années", a ajouté cet entrepreneur, ingénieur de formation, qui se passionne depuis les années 1970 pour la bataille des Cardinaux.
Une défaite cuisante
L'affrontement, qui opposa 21 vaisseaux français à 26 navires anglais le 20 novembre 1759 en baie de Quiberon, près des roches de l'île d'Hoedic qui lui ont donné son nom, fut une des plus importantes batailles navales de son époque et l'une des plus cuisantes défaites de la Royale. Parmi les huit vaisseaux perdus lors de la bataille, le Thésée est le seul à avoir sombré intact: il a coulé en quelques instants pour avoir viré brutalement de bord en laissant ouverts ses sabords, les ouvertures à fleur d'eau destinées aux canons, emportant par le fond quelque 630 marins.
G. Raoult, V. Bars, B. Thibaut / Avec Gilles Renaudeau Président Maison du Patrimoine Piriac/Mer
Une découverte contestée
De l'avis des archéologues, le vaisseau de 74 canons aurait été miraculeusement préservé sous des tonnes de vase et serait un véritable "Pompéi" sous- marin. La découverte de Gildas Gouarin était contestée par le Département des recherches archéologiques sous-marines (DRASSM), une émanation du ministère de la Culture, qui lui reprochait d'avoir mené seul ses recherches en dehors de la zone de prospection autorisée par l'État. Le ministère avait attribué la découverte au directeur de recherche Jean-Michel Eriau, seul titulaire de l'autorisation administrative, dont l'équipe prospectait à quelques kilomètres plus au sud.Le Conseil d'État a finalement rejeté le pourvoi du ministère de la Culture contre la décision de la cour administrative d'appel de Marseille qui avait donné raison
en 2014 à Gildas Gouarin, et ordonné à l'État de lui verser 3.000 euros. "On va enfin pouvoir passer à autre chose et parler de l'avenir de ce bateau", s'est félicité Gildas Gouarin.