Blessés de guerre : la voile comme moyen de reconstruction après les traumatismes et le stress post-traumatique

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Blessés de guerre : la voile comme moyen de reconstruction après les traumatismes et le stress post-traumatique
La voile comme moyen de reconstruction après les traumatismes et le stress post-traumatique : des blessés de guerre embarquent pour oublier leurs traumatismes ©France 3 Bretagne

Des militaires blessés suite à des combats ou victimes de stress post-traumatique sont embarqués sur des voiliers pour oublier les cauchemars et retrouver goût à la vie. Témoignages de ces soldats cassés par la guerre.

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Jean-Dominique et Eric, veste de quart sur le dos et lunettes de soleil sur le nez, profitent d’une belle semaine de navigation dans la baie de Quiberon. Ces deux militaires à la retraite prennent la mer pour oublier les traumas de la guerre et les blessures invisibles qui emprisonnent leurs esprits.

La mer pour soulager des traumatismes

Ancien dépanneur radio pour l’armée sur les zones de conflits, Jean-Dominique est passé par l’Irak, Djibouti, le Tchad ou le Kurdistan. Partout les balles sifflaient au-dessus de sa tête. “On apprend les gestes pour se protéger, je regarde encore tous les jours si des snipers ne sont pas devant chez moi”. Jean Do est une gueule cassée, un blessé de guerre. Son plus lourd trauma, c’est en ex-Yougoslavie qu’il l’a subi. “J’y étais en 1992, le terrain de guerre était extrêmement difficile. J’ai vu la cruauté humaine maximale”. Lors de cette mission humanitaire, le soldat voit des morts jonchés le sol, des cadavres démembrés, “un spectacle inhumain. Nous devions récupérer les corps pour les donner aux communautés croates et bosniaques”.

Sur le bateau, l’espace me permet de respirer. Il n’y a personne autour, je peux faire le vide.

Jean Dominique

Victime de stress post-traumatique après son retour à la vie civile, le vétéran n’arrive toujours pas à vivre normalement. “J’ai développé une hypervigilance. Trente ans après, je ne peux toujours pas aller dans un restaurant ou au cinéma. Personne ne peut m’approcher de près”.

Mais en mer, Jean-Do se sent libre. “Sur le bateau, l’espace me permet de respirer. Il n’y a personne autour, je peux faire le vide”. L’ancien soldat retrouve dans la vie d’équipage, le plaisir de sa vie en garnison. “Il y a un respect des homes de mer entre eux, comme il y a un respect des hommes dans l’armée”.

Le grand air pour s'aérer l'esprit

Cette semaine de navigation est organisée par l’association La voile pour se reconstruire. Eric est venu du Pas-de-Calais pour cette virée en mer. Lui aussi est passé par l’Ex-Yougoslavie. Capturé par des Serbes de Bosnie, victime de sévices, la blessure d'Eric est encore vive. “J’avais leur kalach sur le front. Ils s’amusaient à tirer en l’air et me remettre le fusil sur la tempe… J’ai cru que j’allais y passer” avoue Eric, encore sous le choc en repensant à ce souvenir qui refait surface constamment.

La navigation m’offre une chance incroyable, un début de nouvelle vie. Je m'aère enfin l'esprit.

Eric

Pour Eric, la semaine de voile permet d’oublier un temps cette plaie invisible. “La navigation m’offre une chance incroyable, un début de nouvelle vie. Je m'aère enfin l'esprit”. Pour ces deux soldats, l’embarquement en baie de Quiberon est une partie de remède. Loin de leur quotidien, la mer a la vertu de régénérer ces hommes.

Retrouvez le reportage en vidéo de Benoit Levaillant et d’Antoine Calvez.

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