En pleine pénurie mondiale de moutarde, ses graines valent de l'or. Édouard Chauviré produit, récolte et transforme de ses mains, de la moutarde bio. Rencontre avec un jeune paysan passionné dans son exploitation en Bretagne.
Il a eu le nez fin, l’ancien maître d'œuvre du bâtiment reconverti en paysan moutardier. Édouard Chauviré, 39 ans, ancien citadin, s'est transformé en producteur de moutarde bio en Bretagne, à Larré (Morbihan). Avec la pénurie qui s’est installée en France, sa production trouve preneur à peine le pot scellé.
12 000 pots de moutarde bio pour 2023
“Je pratique la besogne heureuse” sourit Edouard s’activant à trier ses grains de moutarde “peut-être que dans 20 ans je ne dirai plus cela, mais pour l’instant je cherche à retrouver les bonnes vieilles méthodes”.
Sur son terrain de 4 hectares, le jeune paysan voulait d’abord partir en productions maraîchères. Mais en observant son environnement, il a opté pour les graines de moutarde blonde et brune.
Tous les 5 jours, il produit 220 pots de moutarde. Pas de quoi se tirer un salaire. Mais avec la pénurie mondiale, le carnet de commandes ne fait que gonfler.
La pénurie de moutarde en France est due à notre dépendance aux graines importées : 80 % pour la production de moutarde en France.
Édouard Chauviré
“Le secret pour une bonne moutarde est de ne garder que les grains de moutarde. Il faut bien trier les grains avant le séchage et enlever les petites pailles issues du battage par exemple”. Hors de question d’avoir du blé noir mélangé avec ses grains de moutarde. Pour améliorer le tri, Edouard a confectionné lui-même un outil qu’il adapte sur la machine de tri d’un ami paysan. Grâce à une formation à l’Atelier paysan et à l’entraide entre paysans autour de son champ, Edouard espère produire davantage : atteindre les 12 000 pots pour 2023.
La moutarde : à peine produite, déjà vendue
A peine les pots fermés et étiquetés, les destinataires de la moutarde sont déjà connus. “J’essaie de me garder quelques pots pour les voisins qui viennent directement à la ferme, mais c’est difficile. Tout est précommandé".
Edouard Chauviré s'est confié sur sa passion de paysan moutardier auprès de Julie Roth et de Jean-Michel Piron.
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Ce moutardier n’a qu’un rêve en tête : donner des envies à d’autres producteurs bretons et partager son savoir-faire.