Une religieuse du Morbihan a été bannie de sa communauté religieuse par un cardinal influent du Vatican sans explication. Elle se bat devant le tribunal de Lorient, ce mercredi 4 octobre, pour rétablir sa réputation et faire respecter les règles de la justice civile par l'église.
Mère Marie Ferréol, religieuse renvoyée sans explication de sa communauté catholique dans le Morbihan, était présente au tribunal de Lorient ce mercredi 4 octobre. Elle a assigné en justice le cardinal canadien Marc Ouellet qui a signé sa révocation et la communauté des Dominicaines du Saint-Esprit dont elle était membre.
Devant la justice civile, elle demande sa réhabilitation morale et le retour dans une communauté religieuse, elle a qui le cardinal Ouellet a imposé le renvoi définitif. Une mesure rarissime.
Bannie par l'influent cardinal, sans justification
La religieuse, de son vrai nom Sabine Baudin de la Valette, n'a jamais su pourquoi elle avait été expulsée de Pont Callec après la visite du cardinal Marc Ouellet, qui a depuis démissionné pour "raison d'âge" suite à des accusations d'attouchements inappropriés en août 2022.
Au moment des faits, à l'automne 2020, le cardinal était très influent au Vatican et occupait un des postes les plus importants de l'Église catholique. L'ancien numéro 3 du Vatican était l'un des favoris pour la papauté au moment du conclave qui a élu le pape François.
Marc Ouellet avait signé le renvoi de toute vie religieuse pour "faute grave". Au tribunal l'avocate de la religieuse dénonce les pratiques de l'Eglise.
"Elle n'a jamais eu accès à une défense, ni même à un avocat. Quand j'ai été mandatée je ne savais pas où elle était".
Me Adeline Le Gouvello
Une querelle au sein de la communauté serait à l’origine de cette exclusion. Malgré ses demandes, Mère Ferréol n'a jamais su les motifs de son renvoi. Pour justifier l'exclusion de Mère Marie Ferréol, les avocats de la communauté mettent en évidence un courrier signé du Pape François indiquant "J'ai suivi la visite apostolique prenant personnellement les décisions qui s'imposaient". Ce courrier fait référence à l'enquête dirigée par le cardinal Ouellet.
Sans ressource, privée de tout
L'avocate de la religieuse est lapidaire sur cette enquête où le nom de Mère Ferréol serait revenu à plusieurs reprises. "Jamais nous n'avons eu les éléments de cette enquête, au titre de la confidentialité. Les seuls documents présentés à la justice sont des témoignages réalisés en 2023, soulignant des défauts que pourrait avoir une personne, bien loin d'un motif grave".
Lors de l'audience, les témoignages obtenus contre la religieuse expriment des reproches face à un vêtement retrouvé dans sa penderie ou un objet disparu retrouvé dans sa chambre. Des motifs bien futiles pour justifier le bannissement de cette religieuse au visage souriant, qui a passé 34 ans dans cette communauté sans faire parler d'elle.
Lire : Morbihan. Une religieuse de Pont Callec mystérieusement chassée de l’Eglise
La religieuse a été privée de tout après son expulsion. Son avocate rappelle qu'aujourd'hui Mère Marie Ferréol est "sans emploi, sans logement, sans indemnité chômage. Elle est démunie et il est bien difficile pour elle de trouver un emploi".
"Dans cette affaire, c'est le pouvoir qui a parlé. Quand j'ai le pouvoir je peux tout faire. Et non, il y a des règles canoniques et civiles, l'église ne peut plus agir comme cela" souligne l'avocate de Mère Marie Ferréol, revenant sur le problème entre les sœurs dans la communauté.
"Une nouvelle médiation serait la meilleure des solutions" formule l'avocate de la communauté religieuse du Morbihan évoquant une offre financière.
De son côté, Marie Ferréol réclame réparations pour les torts subis. Une somme proche des 800.000 euros de dommage et intérêts est demandée par la religieuse.
Avec Isabelle Rettig et Catherine Bazille