"Injures, harcèlement, violences verbales et parfois physiques, 74% des femmes élues ont un jour subi ce type de comportement". Après la publication de son enquête, le réseau "Elues locales" et son ambassadrice bretonne Solène Le Monnier ont reçus à Matignon.
Elle a 43 ans, elle est conseillère municipale à Berric dans le Morbihan, et elle revient de Matignon.
Mardi 14 septembre, Solène Le Monnier a été reçue avec d’autres représentantes du réseau "Elues locales" par le directeur de cabinet de la Première ministre.
Le réseau qui compte 2500 membres avait sollicité un entretien après l’investiture d’Elisabeth Borne au printemps.
Selon le réseau, 3 élues sur 4 déjà confrontées à des comportements sexistes
Solène Le Monnier explique que le réseau, dont elle est co-ambassadrice pour le Morbihan, a sorti en décembre dernier une enquête révélant que 74% des femmes ont déjà subi des remarques ou des comportements sexistes en politique.
"Les témoignages sont nombreux, dit-elle, et l’ampleur du problème gigantesque. On souhaitait donc faire un état des lieux et des propositions pour améliorer et sécuriser le mandat local, et l’entrée des femmes en politique."
J'étais adjointe, on m'a retiré mes délégations...
Solène Le Monnier
"A titre personnel, raconte Solène Le Monnier, j’ai été élue en 2020 pour un premier mandat, j'étais adjointe dans la majorité. Et j’ai eu des déconvenues avec un autre adjoint".
"J’ai été à la plainte, et je me suis vue retirer mes délégations. Je lui reprochais ce que la loi qualifie de harcèlement moral et de harcèlement à caractère sexuel. Et des gestes qui relèvent de l’outrage sexiste et sexuel. La première plainte a été classée sans suite, deux autres sont en cours. Mais j’estime avoir été confrontée au mépris des autorités. Aujourd’hui je ne suis plus que simple conseillère municipale, associée à l’opposition."
L'affaire, et la polémique qu'elle avait suscitée, avaient été relayées par Le Télégramme et Ouest-France
Depuis, Solène Le Monnier dit avoir reçu beaucoup de témoignages d’autres élues confrontées à des situations similaires. "Cela varie. Certaines se font retirer leurs dossiers parce que d’autres élus, des hommes, veulent s’approprier leur travail. D’autres subissent des harcèlements qui peuvent les pousser à déménager, subir une dépression, penser au suicide."
Les axes de travail
A Matignon, le réseau "Elues locales" a donc fait des propositions.
Le 13 septembre, Olivier Dussopt, ministre du Travail, et Isabelle Rome, ministre déléguée chargée de l’Égalité femmes/hommes avaient lancé un appel à projets dans le cadre de la lutte contre les violences sexuelles et sexistes au travail.
"On aimerait que ces outils de prévention voient le jour aussi pour les conseils municipaux, indique Solène Le Monnier. "Le réseau demande aussi que soient mises en place dans les préfectures des cellules contre le harcèlement, ouvertes aux élus locaux, comme cela existe déjà à l’Assemblée nationale."