Saint-Marcel : la femme de la photo du Musée de la Résistance identifiée

Le musée de la Résistance de Saint-Marcel avait posté un appel sur les réseaux sociaux, afin d'identifier une femme sur une photographie, une résistante décorée de la Croix de Guerre. Grâce à de nombreux relais, cette femme porte désormais un nom : Marie-Julienne Gautier. 


Début avril, le musée de la Résistance de Saint-Marcel poste un message sur les réseaux sociaux, accompagné d'une photo. Dessus, une femme, une Bretonne, décorée de la Croix de guerre. Le cliché date de 1947 lors de la visite du Général de Gaulle à Saint-Marcel mais le musée n'arrive pas à savoir qui elle est. L'équipe décide alors de lancer un appel sur Facebook, une première. Le but ? Savoir qu'elle est son histoire, son parcours, afin de ne pas perdre son souvenir.


"On l'appelait la mère Samson"


Le message est très vite relayé, partagé et entendu. À la suite de notre reportage et du relais de l'appel dans d'autres médias, le musée reçoit de nombreuses pistes. La réponse arrive enfin, Arnaud Morvan, rédacteur en chef du Télégramme vient le 19 avril apporter des photos et documents transmis par les petits-enfants de cette femme. Ces informations sont ensuite recoupées avec les recherches de Monsieur Le Brazidec, enseignant à Malansac. 

Contacté il y a quelques jours, Tristan Leroy le conservatoire du musée, ne cache pas sa gratitude de pouvoir mettre un nom sur ce visage au regard dur, au parcours marqué par la guerre. "Son histoire, son identité même serait tombée dans l’oubli si notre appel n’avait pas été entendu et relayé par vous tous." souligne t-il. 

La guerre décime sa famille


Il s’agit donc de Marie-Julienne Gautier née le 26 août 1878 à Plumelec d’un père "tailleur de pierres" et d’une mère "ménagère". Elle a trois enfants d’un premier mariage avec Eugène Morizur, trop tôt disparu. En 1907, elle épouse Ernest Samson, dont elle n’aura pas d’enfant.

C'était une petite femme asthmatique énergique qui gérait en même temps son hôtel - restaurant - café, tout en s'occupant d'une affaire de taxis et de cars pendant que son second mari travaillait comme bourrelier, écrit sa petite fille. On l'appelait la "mère Samson"


Tout bascule pour Marie-Julienne pendant l'été 1944 où elle perd en quelques semaines, neuf membres de sa famille. Son mari, Ernest Samson, était engagé dans la Résistance comme responsable des transports de son secteur au sein de la septième compagnie du huitième bataillon FFI du Morbihan. Dénoncé, il est arrêté à son domicile le 27 juin 1944 par la Gestapo. Torturé, incarcéré puis déporté, il mourra à Dora quelques semaines avant la libération du camp. Son neveu, Robert Gauthier, arrêté avec lui, ne rentrera pas de Buchenwald.

Son plus jeune fils, Eugène Morizur, chef des FFI de Plumelec, présent aux combats de Saint-Marcel et compagnon de route du parachutiste SAS Pierre Marienne, est exécuté à Kérihuel le 12 juillet 1944. Il figure parmi les 18 victimes du tragique épilogue de la traque, lancée dès le lendemain des combats de Saint-Marcel, par des soldats allemands guidés et assistés par des Français au service de l’ennemi.

Marie-Julienne Samson perd également sa belle-fille, Armande Morizur, qui succombe le 28 juin 1944 après un effroyable supplice.
Après  la Libération, Marie-Julienne Samson ira également reconnaître le corps de son petit-fils, Robert Pichot, et de son neveu, Jean Maréchal. Exécutés au fort de Penthièvre le 12 juillet 1944, ils ont été identifiés près d’un an plus tard parmi  50 compagnons d’infortune, abandonnés dans un charnier creusé par les Allemands où se dresse aujourd’hui le Mémorial des Résistants fusillés. Ils avaient à peine 20 ans.

Quant à sa sœur, Reine, elle avait disparu avec son mari et sa fille le 27 mai 1944 à Limay, en région parisienne, sous les bombes des escadrilles alliés annonçant la Libération mais apportant également la désolation pour des milliers de familles.

Une Croix de guerre à titre posthume


C’est toute cette somme de souffrances que porte Marie-Julienne Gautier, désormais "Veuve Samson", alors qu’elle est surprise par l’objectif d’un photographe le 27 juillet 1947. Elle vient de recevoir des mains du général de Gaulle cette Croix de guerre décernée à titre posthume à son fils disparu. Elle porte également l’insigne de l’association nationale des familles de fusillés et massacrés de la résistance française. Marie-Julienne a quitté le Morbihan et ses fantômes pour se retirer auprès de ses proches dans l’Aisne où elle s’est éteinte le 3 novembre 1953. 

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