Le gouvernement a dévoilé, vendredi 18 octobre 2024, une quinzaine de sites considérés comme prioritaires pour la construction de nouveaux parcs éoliens en mer, affirmant ainsi son intention de faire de cette source d'énergie renouvelable, l'un des piliers de la production d'électricité en France. En Bretagne, des opposants au déploiement de projets éoliens "industriels" manifestent à Saint-Brieuc et à Vannes, cet après-midi.
Le gouvernement a dévoilé des cartes cruciales pour l’avenir de l’espace maritime métropolitain. Elles identifient les zones dans lesquelles des parcs éoliens pourront être installés en priorité au cours des prochaines décennies, afin d'augmenter la part des énergies renouvelables. Pour l'instant, la façade maritime de la France ne compte que trois parcs en service : Saint-Nazaire en 2022, Saint-Brieuc en 2023, et Fécamp cette année.
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De nouveaux parcs d'ici à 2035
Les zones prioritaires annoncées pour le développement de l'éolien en mer s'ajoutent aux projets déjà actés, comme celui de parc flottant dans l'espace situé à l'Ouest de Belle-Ile et au Sud de Groix.
Parmi les projets à l'étude pour de nouveaux parcs d'ici à 10 ans, l'un d'eux se situe au Nord de l'actuel parc éolien offshore de la baie de Saint-Brieuc. Un autre, au large de Roscoff et de la baie de Morlaix, doit faire l'objet d'une "poursuite de la concertation", en vue d'un parc d'éoliennes flottantes.
Également envisagée pour la prochaine décennie, une zone prioritaire a été dessinée au Nord de l'actuel parc éolien de Fécamp, dans la mer du Nord qui compte déjà quatre projets en exploitation ou en cours de déploiement, dans les frontières maritimes françaises. Plus au Sud, c'est au large de La Rochelle qu'est identifié un emplacement pour de futurs projets éoliens d'ici à 2035. En Méditerranée, deux autres zones prioritaires (pour les 10 prochaines années) pour l'éolien sont identifiées dans le golfe du Lion, situées entre deux parcs éoliens déjà en cours de développement.
D'ici à 2050, d'autres zones sont identifiées pour accueillir des parcs, notamment une vaste superficie très au large de la pointe bretonne, appelée "Bretagne grand large" (BGL).
Objectif de 18 GW dans 10 ans, contre 1,5 GW actuellement
L’identification de zones propices à l’éolien en mer doit permettre d'atteindre les objectifs français de développement des renouvelables. Avant celui de 45 gigawatts (GW) d’éolien fixé pour 2050, le gouvernement s’est engagé à installer 18 GW de capacités d’ici à 2035 (contre 1,5 GW aujourd’hui).
Cette cartographie des zones prioritaires de construction ouvre la voie au lancement, dès le début d'année 2025, d'un appel d'offres de 9,2 GW, soit environ six fois la puissance des parcs déjà en service. Cet appel d’offres et l'identification des zones de futurs chantiers étaient très attendus par la filière de l'éolien en mer.
"Les zones identifiées permettront de lancer, dans les prochains mois, un nouvel appel d'offres pour l'éolien offshore, touchant toutes les façades maritimes françaises", s'est réjouit la ministre déléguée à l'énergie, Olga Givernet. "Ces initiatives offrent une visibilité précieuse pour la filière des énergies renouvelables et l'ensemble de l'industrie qui l'accompagne, générant ainsi de nombreux emplois locaux", estime-t-elle.
Cette annonce fait suite à une consultation publique organisée entre novembre 2023 et avril 2024, visant à traiter "dans une seule réflexion, les aspects environnementaux, économiques, énergétiques et sociaux", selon les termes de la Commission nationale du débat public qui a organisé la consultation.
La majorité des zones en dehors des aires marines protégées
De leur côté, les associations environnementales, qui plaident pour concilier les transitions énergétiques et écologiques, se félicitent que la grande majorité des zones de développement éolien retenues soient situées en dehors des aires marines protégées. Des projets de champs éoliens envisagés au large des îles de Ré et d’Oléron ont notamment été abandonnés. « Globalement, sur ce sujet-là, nos préoccupations ont été entendues, même s’il reste quelques chevauchements sur les zones [annoncées] pour 2050 », note Cédric Marteau, directeur général de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).
Du côté du Conseil régional de Bretagne, la feuille de route du gouvernement réjouit les défenseurs de l'éolien offshore. Développer l'éolien est, selon Daniel Cueff, Vice-président de la Région en charge de la mer et du littoral, "une priorité pour la Bretagne". "À partir du moment où nous avons cette richesse sur nos côtes qu'est le vent, que ce vent peut produire de l'électricité, et que cette électricité peut produire de l'hydrogène, la Bretagne ne peut que s'associer au déploiement de cette filière."
D'autres s'inquiètent des conséquences de l'éolien en mer sur l'activité des pêcheurs, sur la préservation des paysages, et sur la biodiversité. Pour Hubert Bouan, président du collectif pour la sauvegarde du pays breton, "tous ces projets sont basés sur un mensonge", celui qui consisterait à prétendre que nos besoins en électricité vont augmenter dans le futur, "alors qu'on est exportateur d'électricité et qu'on consomme moins d'électricité qu'avant."
Une manifestation pour contester les projets éoliens terrestres est organisée, ce samedi 19 octobre, à Saint-Brieuc et contre les éoliennes en mer, à Vannes.