REPORTAGE. Les ponts près de chez vous sont-ils dangereux ?

Selon un rapport publié en 2022 par le Sénat, environ 30 000 ponts et ouvrages d'art seraient en mauvais état, voire dangereux. En Bretagne, la question de la sécurité de ces infrastructures se pose également avec acuité. État des lieux de la situation dans la région.

Sur la commune de Médréac, en Ille-et-Vilaine, un pont a été emporté ce jeudi 11 janvier par un poids lourd. Le véhicule dépassait les hauteurs autorisées et l'ancienne voie ferroviaire s'est effondrée sous le choc. Plus largement, c'est donc les conditions de sécurité sur ces ponts et ouvrages d'art qui sont en question. En effet, un rapport du Sénat indiquait en 2022 qu'environ 30 000 ponts et ouvrages d'art, sur un total compris entre 200 000 et 250 000, seraient dangereux pour les personnes y circulant. 

Les ouvrages communaux sont souvent dégradés

Ce rapport appelait même à une "action publique plus ambitieuse" pour prendre en main "le chantier du siècle." Selon le document, trois facteurs expliqueraient la dégradation de ces équipements : "le vieillissement des ouvrages, un sous-financement chronique et une insuffisante attention des pouvoirs publics."

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À Auray (Morbihan), le pont qui enjambe le ruisseau du Reclus est fermé à la circulation depuis près d'un an. Coût du projet de restauration : 500 000 euros auxquels s'ajoutent 100 000 euros pour le dévoiement des réseaux. Un coût conséquent alors que la capacité d'investissement de la commune est de trois millions d'euros par an.

L'état des ponts, c'est un vrai problème, pas considéré assez en amont.

Claire Masson

Maire d'Auray (Morbihan)

Auray espère obtenir 70% de subventions publiques, dans le cadre d'un projet de renaturation du site. "Au départ, il y avait des remblais, et la zone humide avait disparu", explique Claire Masson, maire d'Auray. "Là, le cours d'eau, qui était dans son lit mineur, reviendra dans son lit majeur. Et le pont sera moins long, et passera de 26 à 19 mètres." La commune espère également obtenir un financement de la communauté de communes pour les travaux sur son second pont.

Un programme de recensement des ouvrages

Les communes peuvent bénéficier du soutien de l'État avec le Programme national PONTS, lancé fin de l'année 2020 à la suite du plan de relance. Dès 2021, une phase de recensement des ouvrages d'art a été lancée dans 28 000 villes au niveau national. En Bretagne, 1 400 communes étaient éligibles aux deux phases du programme et près de 600 se sont portées volontaires pour des inspections et des diagnostics. L'État vient de débloquer 35 millions d'euros, une somme sans doute insuffisante face à l'ampleur des besoins.

"Cela permet aux communes de disposer d’un carnet de santé qui permet de connaître l’état des lieux de leurs ouvrages", poursuit Régis Soenen, directeur d'agence du Centre d'études et d'expertise sur les risques, la mobilité et l'aménagement (CEREMA). "Nous sommes dans la phase où les communes doivent se demander si elles réparent l’ouvrage ou si elles maintiennent les restrictions de circulation." Les conditions de circulation peuvent être modifiées en raison de la dégradation des ouvrages, avec par exemple l'obligation de limiter la charge à 3,5 tonnes quand la maçonnerie est abîmée. 

"Quand les villes ont un service technique, elles nous saisissent plus facilement", complète Régis Soenen. "Il y a tellement d’enjeux, de sécurité, de trafic que c’est entré dans leurs pratiques. Pour les petites communes sans service technique, c'est moins simple. Mais le budget est un sujet en soi quelle que soit la commune."

Des ouvrages départementaux en meilleur état

Pour les ouvrages départementaux et ceux du réseau routier national, la situation est meilleure. 16 sites d'exploitation routiers départementaux permettent dans le Morbihan d'organiser des visites annuelles des ponts entre août et octobre. "L'enjeu est ici d'entretenir aussi le pourtour de l'ouvrage", précise Xavier Domaniecki, directeur des routes et de l'aménagement pour le Conseil départemental du Morbihan.

Dans le Morbihan, un grand chantier est en cours sur le pont suspendu Joseph Le Brix au Bono, un édifice en métal et en béton, construit en 1968. 8 000 véhicules y passaient chaque jour. Chaque partie est passée au peigne fin : "Il y a 1,50 mètre de trottoir de chaque côté : on passe une couche d’étanchéité de 20 cm d’épaisseur avec du mortier haute performance. On est tranquilles pour 20 à 40 ans sur l’infiltration des eaux."

Le Département prend entièrement en charge le coût des travaux, environ 1,5 million d'euros. "Les ponts représentent un investissement de près d'un quart à un cinquième du budget départemental, avec deux à trois millions d’euros par an sur entretien courant", détaille Xavier Domaniecki.

Lauryane Arzel avec Isabelle Rettig.

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