Vente exceptionnelle ce samedi à Vannes. Un manuscrit musical de Ludwig Van Beethoven était mis aux enchères à l'hôtel des ventes. Estimée entre 4 000 et 6 000 euros, la partition s'est envolée à 15 000 euros, acquise par un collectionneur.
Le document est d'une grande rareté. Un manuscrit musical autographe à l’encre, comportant une dizaine de mesures sur double portée, signé par le grand compositeur Ludwig Van Beethoven.
La partition a été authentifiée, raconte Delphine Kahl, commissaire-priseur à Vannes : "On nous a apporté ce manuscrit lors d’une journée d’expertise que l’on organise assez régulièrement à l’étude. On a découvert des notes sur une partition. On avait une petite histoire de famille qui disait qu’il s’agissait d’un manuscrit de Beethoven. Bien sûr, c’est surprenant, on a regardé ça de plus près. On a pu observer que l'arrière du document était contresigné par deux personnes qui faisaient autorité à l’époque pour authentifier des manuscrits musicaux." Deux spécialistes renommés, Walter R. Benjamin et Pierre Berès.
Les commissaires-priseurs ont alors fait appel à un expert, Emmanuel Lorient, qui a rapproché les quelques notes inscrites sur la partition d’un autre manuscrit bien connu et bien référencé de Beethoven. En comparant le papier, la pliure centrale, les notes, l’encre, tout correspondait.
Estimé entre 4 000 et 6 000 euros
"Ce manuscrit a appartenu au grand musicien Guy Lasson (1921-1993), qui le tenait lui-même d’un de ses amis, grand soliste, pianiste. Et il est arrivé dans la famille par voie de succession", indique Jack-Philippe Ruellan, commissaire-priseur vannetais.
"Le manuscrit est estimé entre 4 000 et 6 000 euros. Il s’agit de quelques notes sur une portée et malheureusement, on n’a pas pu rapprocher ces notes d’un morceau de musique connu de Beethoven" déplore Delphine Kahl.
C'est une œuvre chargée d’émotion. Je pense qu’il s’agit d’une écriture sur une clé de Fa, un travail sur la main gauche, un peu compliqué. Je n’ai pas essayé de la jouer, mais c’est passionnant. On pourrait tout à fait demander à un grand musicien de jouer cette portée !
Jack-Philippe Ruellan, commissaire-priseur
Une œuvre vendue 15 000 euros
C'est un collectionneur qui a acquis le document via internet, en enchérissant directement à 15 000 euros. "Il y a des collectionneurs très très motivés. 4 à 6 000 euros, c’était une estimation très raisonnable et il a voulu peut-être décourager les autres en mettant 15 000 euros tout de suite. Ça arrive. C’est la règle et elle est impitoyable, souligne Jack-Philippe Ruellan. Je le félicite toutefois et nous sommes ravis d’avoir eu beaucoup d’intérêt pour cette œuvre de Beethoven. C’est formidable !"
Ces œuvres sont néanmoins assez rares sur le marché. Et aujourd’hui, nous avons eu la preuve que quand on a une pièce exceptionnelle, elle fait toujours un prix exceptionnel !
Jack-Philippe Ruellan, commissaire-priseur à Vannes
En 2005, un manuscrit de Beethoven vendu 1,6 million d'euros
Une autre partition du compositeur avait été vendue 1,6 million d'euros en 2005. Il s'agissait d'un manuscrit original de Beethoven comportant 80 pages de « La Grande Fugue », une version pour piano à 4 mains du final du quatuor à cordes op.133, vendu par la maison Sotheby’s à Londres le 1er décembre 2005. Ce manuscrit avait été retrouvé dans les caves du séminaire théologique Palmer à Philadelphie en juillet 2005.
"Là, nous pouvions situer la partition, c’était une partition complète, originale, explique le commissaire-priseur. Cette fois, nous avons quelques annotations, une inspiration, une émotion du compositeur. On l’a décrit au mieux grâce à nos experts, mais ça reste quelques notes sur une portée. 15 000 euros, c’est quand même très beau !