Des salles de ventes aux plateformes numériques, les enchères suscitent l'engouement du grand public. Elles sont "dans l'air du temps" constatent les commissaires-priseurs bretons. Et partout. Y compris sur le petit écran. Cette clientèle nouvelle se rend compte qu'elle peut acheter de tout et à tous les prix.
Les hôtels des ventes ne sont plus l'apanage des riches collectionneurs. Les enchères attirent, depuis quelques années, un public de plus en plus nombreux. On peut même dire qu'elles cartonnent. Le phénomène s'est accéléré avec les confinements successifs liés au Covid-19. "Les gens ont pris le temps de surfer, de regarder, de chercher" relève Carole Jézéquel, commissaire-priseur de Rennes Enchères.
Le grand public en pince pour l'ancien et c'est toute une profession qui a le sourire. Cette dernière s'ouvre à des vendeurs et acheteurs de tous horizons. Et, surtout, de partout, avec le développement des plateformes numériques qui permettent de suivre des ventes en direct et d'enchérir, tranquillement, depuis son canapé. En quelques clics.
"Populariser les enchères"
A Brest, Yves Cosquéric constate cette démocratisation. Le commissaire-priseur d'Adjug'art la mesure d'autant mieux qu'il est, depuis 2018, l'un des experts vedettes de l'émission Affaire conclue diffusée sur France 2.
Un programme taillé sur-mesure qui rassemble entre 2 et 3 millions de téléspectateurs chaque jour et qui "popularise le monde des enchères, dit-il. Cela dépoussière aussi l'image de notre profession. Le commissaire-priseur, il est un peu regardé comme quelqu'un dans sa tour d'ivoire, compliqué à atteindre. Si j'ai accepté de participer à cette émission, c'est pour casser cette barrière et dire 'on est là, on est accessible'".
Effet télé ou pas, le public pousse plus volontiers la porte de sa maison de vente pour un conseil sur tel ou tel objet. "Ils viennent avec des photos, veulent une estimation. Ils se rendent compte également que le commissaire-priseur, ce n'est pas quelqu'un qui ne vend que des choses incroyables à des millions d'euros" observe Yves Cosquéric.
"Le bon plan"
Le marché de la seconde main flirte également avec l'air du temps : moins d'hyperconsommation, plus d'écologie. "On a une jeune clientèle qui apparaît, relate le commissaire-priseur brestois. Elle est dans une démarche plus écoresponsable. Elle s'aperçoit qu'acheter un meuble ancien lors d'une vente aux enchères n'est pas forcément plus cher qu'un meuble standardisé, produit en masse".
Carole Jézéquel fait le même constat. "Les enchères, c'est le bon plan et c'est bon pour la planète, sourit-elle. C'est ludique, les objets sont atypiques, ça fait toute la différence".
L'un comme l'autre reconnaissent le rôle joué par internet dans cet engouement. Outre le site Interenchères, qui diffuse toutes les ventes en direct et répertorie une multitude d'objets à vendre, les réseaux sociaux offrent "une meilleure visibilité". "Ça rend les choses plus faciles, on touche une clientèle plus connectée" remarque Yves Cosquéric.
Il garde en mémoire la vente aux enchères au musée des Arts et métiers de Saint-Gildas-de-Rhuys à la mi-avril. Quatre jours à jouer du marteau, 2.250 lots, entre 80 et 100 personnes dans la salle. "Et 800 acheteurs en ligne par jour" souligne-t-il.
Journées Marteau
Les commissaires-priseurs n'ont certes pas déserté les salles des ventes mais ils ont fait "évoluer leurs pratiques pour toucher plus largement les gens" admet Carole Jézéquel. Comme occuper l'espace public. Rennes Enchères a investi, en février dernier, la Halle Martenot, pour y installer un cabinet de curiosités qui a accueilli quelques 2.600 visiteurs en quatre jours. "Nous voulons ouvrir l'univers des enchères au grand public, précise la commissaire-priseur. C'est par la combinaison d'événements comme celui-ci, et d'internet que nous y parvenons".
Du 13 au 15 mai prochains, à l'occasion des Journées Marteau, les curieux pourront découvrir l'envers du décor des enchères. Visites guidées, conférences, ventes thématiques, expositions sont au programme.