La salle des ventes de Rennes métamorphosée en cabinet de curiosités

Une girafe, un ours polaire, un loup, un phacochère, au milieu desquels se sont glissés des statues, des vins exceptionnels, des bijoux. Mercredi 23 février, la salle des ventes de Rennes organise une vente exceptionnelle de 274 objets et d'ici là, les visiteurs sont invités à aller admirer tous ces objets, comme s'ils pénétraient dans un cabinet de curiosités géant.

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Tout a commencé avec l’arrivée d’un mail un dimanche après-midi dans la boîte de la salle des ventes. Dès le lendemain, intriguée, Carole Jézéquel, la commissaire-priseur téléphonait.

A l'autre bout du fil, Marc Beluet raconte son histoire, celle d’un jeune homme qui à 22 ans, a décidé de partir à l’aventure avec 150 francs en poche.

Les grands voyages 

Les années 70 venaient de commencer. "C’était l’époque où les jeunes partaient pour Katmandou, on les appelait les hippies. Mais eux, c'étaient surtout des enfants de bourgeois. Moi, je venais de passer quatre années à l'usine et mon rêve, c’était l’Afrique !"

Sac sur le dos, pouce tendu au bord de la route, il parcourt la Yougoslavie, la Turquie, la Syrie, l’Iran en stop, puis un paquebot le pose en Afrique. Il décide de traverser le continent de part en part. Il chemine en bus, en pirogue, en camion, en vélo solex et même à dos de chameau ! 

A son retour, il reprend le chemin de l’usine et raconte à ses copains les histoires, les paysages et les personnages extraordinaires qu’il a croisés sur son chemin. "A l’époque, on ne voyageait pas comme aujourd’hui, se souvient-il, je montrais mes diapos, et ça faisait rêver les gens. " Marc Beluet devient conférencier. "J’ai un peu inventé mon métier "  confie-t-il en souriant.

Le temps du récit


Après avoir sillonné l'Europe, l'Asie et l'Afrique, le virus du voyage le conduit ensuite en Amérique. Il filme, écrit, et toujours raconte, raconte ce qu’il a vu. Les kilomètres défilent, les années passent et puis un jour, on propose à Marc d’acheter des animaux naturalisés pour rendre ses conférences.et ses expositions encore plus vivantes. 


Les premiers animaux viennent d’un petit musée qui a fermé ses portes, la plupart des autres, viennent du zoo de Thoiry.

Des lions, des zèbres, des oiseaux... A l’époque, lorsqu’un animal mourrait dans le parc, il était naturalisé.

Marc Beluet


Avec sa ménagerie figée par la paille du taxidermiste, Marc Beluet commence un autre voyage, celui de la transmission. Il va dans les bibliothèques, les salons parler des Inuits, des indiens, des chercheurs d’or. Il a reconstitué un village indien, un saloon, un rendez-vous autour du marigot, où une antilope, un gnou, un phacochère viennent s’abreuver dans la savane. Et puis, vient un jour où il faut s'arrêter. Ses 70 loups, chevaux, et autre bison prennent un peu de place. Il envoie donc son mail à la salle des ventes. Quand il a parlé de girafe, d’hippopotame, Carole Jézéquel s’est dit, il faut faire quelque chose.

Le temps de la transmission

"Notre métier, c’est de vendre, mais c’est aussi et peut-être surtout d’être des passeurs d’histoires, de transmettre , témoigne son assistante, Tiphaine Pouret. Et cette histoire-là est une belle histoire."

"La toute première exposition de Marc Beluet avait eu lieu à Rennes au Triangle, il y a 40 ans. C’est une jolie façon pour lui de boucler la boucle."


Nous avons eu des doutes. La salle des ventes de Rennes n’est pas spécialisée dans ce type d’objets. Le commerce d’animaux naturalisés est très encadré et possède une réglementation très complexe. Il est interdit de vendre des animaux qui ont été tués pour être naturalisés. Nous avons donc fait appel à un expert de la Cour d’appel de Paris. Il a vérifié l’origine de chaque animal, retrouvé ses papiers, contrôlé son état.

Tiphaine Pouret, salle des ventes

Bison d’Amérique, serpents, varans, dromadaires.

En découvrant les animaux à la manière d’un inventaire à la Prévert, Carole Jézéquel a pensé aux cabinets de curiosités. Ses espaces, à la mode dans l’Europe de la Renaissance où les gens bien nés amassaient des objets, des pierres, des squelettes pour enrichir les connaissances. Elle a alors imaginé une vente exceptionnelle autour des animaux.


Pour mettre en valeur les autres spécialités de la salle des ventes, elle a demandé aux experts de trouver des pièces insolites et exceptionnelles. Toutes sont exposées et visibles jusqu’à jeudi à la Halle Martenot à Rennes.

"274 objets, bijoux, statues, meubles. Il a fallu ensuite tout acheminer, trouver une mise en scène, on a travaillé sur le projet pendant huit mois " raconte Tiphaine Pouret, et puis, hier soir, à 23h, il faisait nuit, quand on a allumé les lumières pour avoir un aperçu de ce que cela donnait, il s’est passé quelque chose .."

Cabinet de curiosités du 21ème siècle

La vente débutera mercredi 23 février à 17 h. Le renard blanc, le loup, les antilopes vont attirer du monde. Tiphaine Pouret en est persuadée. "Cela peut intéresser des décorateurs pour créer une ambiance particulière dans un salon, ou peut-être des particuliers. " A condition toutefois d’avoir suffisamment d’espace dans leur salle à manger pour accueillir une girafe de 4 m 20 ou un ours polaire et suffisamment de moyens, la belle ongulée artiodactyle tâchetée a été estimée 12 000 euros !

"Mais les ventes aux enchères rassure Carole Jézéquel, la commissaire-priseur, sont ouvertes à tous et à toutes les bourses. Le prix moyen de vente d’un objet aux enchères est de 60 euros. Et chaque fois ce sont des objets uniques, ou presque, qui ont une histoire, que nous avons expertisé. Et ce qui est magique, c’est que tous les objets ont déjà vécu, et que l’on va leur offrir une seconde vie !"

Marc Beluet repartira sans ses animaux mais avec la satisfaction d'une vie bien remplie et l'espoir que ses jolies bestioles feront rêver demain bien d'autres personnes. 

Exposition « Nature & Merveilles » à la halle Martenot. Entrée 2 € au profit d’une association pour la défense des animaux.

Vente aux enchères des animaux naturalisés mercredi 23 février à partir de 17 h. Vente aux enchères des objets d’art et curiosités, jeudi 24 février, à partir de 15 h.

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