Avez-vous succombé à la folie du blob ? Souvenez-vous, en 2022, la chose faisait la Une. L'étrange organisme unicellulaire s'invitait dans les salles de classe, et même dans l'espace. Puis une vaste expérience de science participative était lancée auprès de 15.000 volontaires. Voici de ses nouvelles.
C'est un point d'étape du projet intitulé "Derrière le blob, la recherche". Une expérience de science participative inédite avait été proposée en 2022 par le CNRS. 15.000 volontaires ont accueilli des blobs à la maison pour étudier les effets du changement climatique sur la croissance de cet organisme fascinant. Deux ans plus tard, Audrey Dussutour annonce que l'heure est bientôt à la publication scientifique de cette étude.
Près d'un million de photos et 7000 protocoles analysés
Le blob. Ni animal, ni végétal, ni champignon, une cellule géante qui n'a pas de cerveau, mais qui a appris à aimer le sel. Et qui surtout à déchaîner les passions. Tant chez les scientifiques, comme l'éthologue Audrey Dussutour, mais aussi au sein du grand public appelé à s'emparer du sujet.
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Entre mars et mai 2022, 15.000 personnes se sont portées volontaires pour accueillir des blobs à la maison et participer à une expérience de science participative du CNRS. Sur une durée variant d’une semaine à un mois, et en fonction de leurs disponibilités, les participants devaient suivre un protocole précis. Hydrater, nourrir et simuler des vagues de chaleur pour voir comment cet être vivant réagit.
"On a reçu approximativement 1 million de photos et autour de 7000 protocoles, explique Audrey Dussutour dans une vidéo publiée le 19 décembre 2024 sur les réseaux sociaux. Donc, ce que j'ai fait, c'est d'abord de vérifier toutes ces photos, de vérifier toutes les données que vous avez rentrées dans vos formulaires. Et on a toutes les sorties de l'apprentissage automatique de Sébastien Motsch. Et actuellement, je suis en train de faire les analyses statistiques."
"Les données sont magnifiques, j'ai hâte de partager cela avec vous"
La prochaine étape ? C'est la publication des résultats de cette vaste étude participative. "Je tenais à vous remercier. Les données sont magnifiques. J'ai hâte de partager tout cela avec vous", s'enthousiasme la directrice de recherche au CRCA de Toulouse.
"On va donc écrire un article scientifique que l'on va soumettre à une revue internationale. Et pour cela, j'ai besoin de votre accord pour être co-auteur de cette publication", précise Audrey Dussutour. En clair, ceux qui ont participé à cette expérience vont bientôt recevoir un email du CNRS. Et s'ils en sont d'accord, leur nom sera associé à la publication scientifique à venir sur les effets du réchauffement climatique sur le blob.
Le blob, sensible à la chaleur
En août 2023, la chercheuse avait révélé des résultats préliminaires de l'étude menée sur deux espèces de cet organisme unicellulaire : le Badhamia utricularis et le Physarum polycephalum. Les deux ont souffert de la hausse de température, mais c'est surtout la première, Badhamia, qui s'est montré la plus sensible. Lors d'une vague de chaleur de six jours entre 30°C et 32°C, 80% des organismes sont morts. "Plus la durée de la vague de chaleur est importante, plus elle est longue, plus elle est mortelle", expliquait Audrey Dussutour dans les colonnes d'Ouest France.
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L'expérience vise à alerter sur les dangers du réchauffement climatique, notamment pour la santé de nos forêts. Le blob et tous les organismes de la famille des myxomycètes mangent de la matière organique qu'ils digèrent puis rejettent sous la forme de minéraux. Ceux-ci servent ensuite à nourrir les plantes.