Le nombre de cancers de la bouche est en forte augmentation. Ces affections ont progressé de 70% depuis les années 90. À Toulouse une équipe du CHU travaille sur une idée innovante : reconstruire une partie du visage avec des os en 3D.
Retrouver son visage et pouvoir continuer à vivre normalement après une opération d'un cancer de la bouche, tous les patients en rêvent. AU CHU de Toulouse, une petite révolution se prépare.
Un projet labellisé France 2030
La reconstruction faciale est une opération très complexe. Les équipes du CHU de Toulouse se lancent dans un projet innovant, destiné à limiter les séquelles pour les patients atteints d'un cancer de la cavité buccale. Le projet a obtenu le financement de France 2030 et de l'agence nationale de la recherche.
#France2030, objectif 7.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 12, 2021
Produire en France des biomédicaments contre les cancers et les maladies chroniques, créer les dispositifs médicaux de demain. pic.twitter.com/OGoSfwbDrL
"Quand il s'agit de cancers qui sont proches d'un des os de la bouche, que ce soit la mâchoire ou le maxillaire, on doit enlever une grosse partie d'os et du palais", explique le professeur Agnès Dupret-Bories, chirurgienne ORL et cervico faciale. "Et l'idée avec ce nouveau processus, c'est qu'on aura pendant l'intervention chirurgicale un biomatériau, déjà imprimé sur mesure et qui permettra de remplacer cet os du visage".
L'impression 3D pour remplacer les os
Un scanner, réalisé sur le malade, permettra de modéliser l'os à remplacer. Fabriqué grâce à la 3D, il sera conçu avec des biomatériaux, du titane et de l'hydroxyapatite, une céramique très proche de l'os naturel et bien accepté par le corps humain.
"On vient apporter un élément synthétique, qui est principalement poreux avec des canaux, qui laissent les tissus du patient venir s'intégrer et donc coloniser l'intérieur", précise Valentin Henriet ingénieur clinique et chef de projet entreprise. "L’idée c'est qu'à la fin, ce soit essentiellement du tissu des patients, qui soit autonome, pour se défendre contre les infections".
Un taux de réussite de 100%
Aujourd'hui, les reconstructions de la mâchoire sont réalisées avec un prélèvement d'os sur la jambe du malade. La chirurgie est lourde et la rééducation très longue. Le taux d'échec avoisine les 10% : "Bon nombre de patients ont de lourdes séquelles et ne peuvent plus manger ou respirer par la bouche", témoigne le Professeur Agnès Dupret-Bories.
Les recherches entamées par le CHU de Toulouse pourraient donc aider de nombreux malades : "Avec ce dispositif, on aura un taux de réussite de 100%", rajoute la chirurgienne. "Il n'y aura plus de risque de bouchage des vaisseaux, d'hématome ou d'abcès, qui mettent en péril la greffe".
Des essais sur les animaux de compagnie
Depuis les années 90, les cancers de la bouche ont progressé de 70%. Pour les patients, ces dispositifs représentent un immense espoir : "C'est surtout de se dire qu'on va bénéficier d'une chirurgie de base très complexe, mais qui sera moins traumatisante, moins invasive et qui soit plus en accord avec le visage qu'on avait avant", confie Catherine Decoster, membre de l'association Corasso.
Un peu plus de 13 millions d'euros sont nécessaires pour financer le projet Bioface, qui en est encore à l'étape de recherche. Les premiers essais post-cliniques se feront sur des animaux de compagnie, atteints de cancer. Les premières interventions chirurgicales sur les humains devraient avoir lieu dans trois ans.