Une expérience scientifique participative, "Derrière le blob, la recherche", a été lancée à grande échelle, samedi 19 février à Toulouse. 15 000 volontaires, dont 1 000 francophones vivant à l’étranger, ont pu adopter un de ces organismes hybrides, ni végétaux, ni animaux, ni champignons.
Ce samedi, Jezabel et Norah Souche ont opté pour une sortie familiale plutôt originale. Mère et fille se sont ainsi déplacées de Tournefeuille (Haute-Garonne) pour récupérer, au Quai des Savoirs à Toulouse, leur propre blob : un organisme constitué d’une seule cellule et qui suscite la fascination des chercheurs.
Comme 15 000 personnes, elles vont contribuer à une expérience jamais vue, organisée par le CNRS : "on nous a demandé de nous équiper en matériel", explique Jezabel. "On a acheté une lampe UV, des thermomètres… Mais on n’a pas encore le protocole."
Étudier l’effet du changement climatique
Point de départ de l’expérience : évaluer les conséquences du réchauffement climatique, encore méconnues, sur ce drôle d’être vivant. Et les participants viennent de tous les milieux. Des écoles mais également des EHPAD ont été sollicités. Ils ont quatre mois pour suivre leur blob, l’observer, le faire grandir, prendre des notes.
Pour Audrey Dussutour, chercheuse au CNRS et spécialiste du blob, l’organisme est, en plus, tout à fait indiqué pour étudier l’impact du réchauffement climatique : "sans les organismes unicellulaires, comme le blob, il n'y a pas de plantes, donc pas d’animaux… et donc pas d’humains !"
Norah, 13 ans, a en tout cas été séduite par l’initiative : "c’est de la nouveauté et de la science, je trouve ça intéressant de voir comment il va se développer." "On sait qu’on va devoir le stresser, augmenter la température, pour représenter un peu le changement climatique et voir comment il évolue", précise Jezabel.
Étudiant en médecine, Aymeric Zambiaisi a quant à lui été poussé par son appétence naturelle pour la science : "c’est un être qui ne rentre dans aucune case ! Qu’on est toujours en train de découvrir. Étudier le réchauffement climatique à travers cette cellule qu’on peut voir à l’œil nu, c’est fascinant."
Popularisé par Thomas Pesquet
Le CNRS a été surpris par l’engouement autour de cette expérience : 46 000 personnes ont en effet répondu à l’appel à candidatures. Car le blob, beaucoup le connaissaient déjà… Grâce à Thomas Pesquet. L'astronaute pilotait, depuis l’espace, l'opération "Elève ton blob" dans des écoles.
Audrey Dussutour souligne que l’expérience permettra aux participants, âgés de 8 à 89 ans, de mieux comprendre la nature même du travail scientifique. "C’est important de savoir que c’est long, dur, que ça demande de la rigueur. Je pense que les gens seront plus à même d’avoir un esprit critique lorsqu’ils verront des résultats scientifiques dans les médias", avance-t-elle.
Les données récoltées par les participants doivent être transmises aux scientifiques avant le 6 juin prochain. Les résultats de l’expérience ne devraient, quant à eux, pas être connus avant la fin de l’année 2022.