REPORTAGE. Quand le blob envahit l'espace jusqu'aux salles de classe de Toulouse

Dans le cadre de l'expérience participative Elève ton blob, les élèves du lycée toulousain Stéphane Hessel, étudient depuis la rentrée scolaire 2021 ces organismes unicellulaires étonnants. Des créatures ni végétales ni animales, qui ont aussi été envoyées dans l'espace auprès de Thomas Pesquet.

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La plupart des élèves n'avaient jamais entendu parler de cet étonnant organisme avant la rentrée. "C'est quelque chose de nouveau", confie Léo, "je ne m'attendais pas à ce que soit jaune". Son camarade Sacha ajoute que "si on ne connaît pas le blob, on n'y prête pas forcément attention", alors qu'il est très présent en forêt. 

Le blob est étudié depuis la rentrée 2021 par les élèves en option biotechnologie du lycée Stéphane Hessel. L'établissement fait partie des 4 500 autres sélectionnés dans le cadre de l'opération de sciences participatives Élève ton blob, proposée par le CNES en partenariat avec le CNRS et le soutien de l'Académie de Toulouse.

L'objectif : comparer le comportement du blob. Sur Terre, mais aussi en apesanteur, à bord de la mission Alpha avec le spationaute Thomas Pesquet. 

Une expérience à grande échelle

Les données recueillies par les établissements scolaires participants seront ensuite transmises à Audrey Dussutour, chercheuse aveyronnaise, spécialiste des blobs.

Certes, ces expériences ont déjà été menées par le passé, concède le CNRS sur son site internet, mais le fait qu'elles soient réalisées des milliers de fois "leur donne une autre force de frappe". D'autant plus que "l’opération est une occasion en or de sensibiliser les plus jeunes à la démarche scientifique". 

Et chez les élèves "ça fait un carton", sourit Delphine Foca, professeure au lycée Stéphane Hessel, "ils adorent manipuler cet organisme et faire des expériences".  

Le blob a déjà été étudié dans ce lycée toulousain. Mais, grâce à l'opération Elève ton blob, cette année est particulière : c'est la première fois qu'autant d'élèves sont réunis autour de l'organisme. D'autant plus que l'opportunité de travailler avec Thomas Pesquet rajoute une saveur particulière au projet. 

Des ateliers animés par les élèves, pour les élèves

Dans l'une des salles du lycée, les Secondes option biotechnologie ont revêtu leurs blouses blanches de laborantins. Ce jeudi 14 octobre, pendant une heure, ils organisent des ateliers autour du blob. Les autres élèves intéressés peuvent venir pour en apprendre plus sur l'organisme.

Au programme : présentation de l'organisme, explication du protocole de l'expérience, et même réveil de blob. "Les élèves apprécient particulièrement le fait que ce soient leurs camarades qui animent les ateliers", note la professeure Sylvie Arnoud, "cela met la science à leur niveau"

Les lycéens sont d'ailleurs incolables sur le blob et répondent aux questions sans hésiter. Cet étrange organisme n'est ni un végétal, ni un champignon, ni un animal. Il est composé d'une seule cellule géante à plusieurs noyaux. Il est apparu sur Terre il y a entre un milliard et 700 millions d'années, longtemps avant les dinosaures.

Surtout, ils sont voraces. Bactérie et champignon, tout y passe. Péchés mignons : "avoine et jaune d'œuf", précise Sacha. Et, plus il a faim, plus il avance vite – quatre centimètres par heure en vitesse de croisière.

Mais,"si on ne lui donne plus à boire et à manger, il entre en dormance et se dessèche", explique Sylvie Arnoud. Il devient alors ce qu'on appelle une "sclérote". C'est d'ailleurs sous cette forme que le blob est arrivé au lycée, à la rentrée scolaire, dans un blob kit envoyé par le CNES. 

Pour le "réveiller", il suffit de l'hydrater et de lui donner à manger. C'est pour cela qu'on peut dire qu'il est presque immortel. 

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Le réveil du blob ©FTV

Il faut attendre quelques jours avant que le blob ne soit complètement réveillé. Il est placé à l'abri de la lumière directe (attention, il déteste les flashes de téléphone) dans une "blob box" hermétique, les mêmes que celles de Thomas Pesquet dans l'espace. 

Vient ensuite le temps des différentes expériences. Léo fait jouer les boîtes de Pétri entre ses mains. Dans l'une d'elles, aucune trace des filaments jaunes caractéristiques. "Le blob n'aime pas le roquefort", note-t-il, "sûrement à cause des moisissures". 

"Le blob n'a pas de cerveau, mais il est très intelligent", souligne Clarisse. Il a même réussi à passer sous les parois en plastique d'un petit labyrinthe pour rejoindre un flocon d'avoine. 

Quelques chaises plus loin, Alexis et Diego s'occupent de l'atelier "microscope". A travers les lunettes, les deux lycéens observent l'intérieur des filaments jaunes du blob. Ils y voient couler une espèce de liquide. Comme ferait du sang dans des veines. "C'est ce que je me suis dit aussi lorsque je l'ai observé la première fois", acquiesce Alexis. 

L'élevage du blob n'est pas de tout repos. "Il faut s'en occuper, changer la boîte tous les jours car il grandit... Cela fait de la compagnie !", plaisantent les professeures. En tout cas, les élèves sont impliqués et les ont même baptisés : Blob l'éponge, Maya, Serge, Pikachu, Jean-Blob... 

"Des élèves ont envoyé une photo de leur blob devant le match de foot France-Belgique", se souvient Sylvie Arnoud. "Ils ont mis des drapeaux de chaque côté de la boîte de Pétri pour qu'il puisse prédire l'issue du match". Après Paul le poulpe, Serge le blob ? 

Tout le lycée impliqué

Outre la démarche scientifique, l'opération Élève ton blob permet de relier toutes les disciplines. Des blobs box aux affiches, en passant par des t-shirts sérigraphiés : tout a été réalisé par des élèves des différentes filières du lycée Stéphane Hessel.

Au total, plus de 80 élèves sont impliqués dans le projet. "Cela permet de lier différentes classes, générales, technologiques et professionnelles ; mais aussi de faire connaître notre filière au sein même de notre établissement", glisse Delphine Foca. 

Quant aux parents qui auraient peur d'une possible invasion de blob (après tout, cette créature a été nommée après un film d'horreur), n'ayez crainte. Les professeurs nous ont assuré qu'il était peu probable que l'humanité soit décimée par des blobs. Après tout, ils sont assez capricieux et ont besoin de conditions spécifiques (humidité, nourriture, obscurité) pour se développer.

En cas de doute, vous pourrez toujours vous entourer de roquefort. 

 

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