Parmi les révoltés, de "très jeunes" qui en ont "marre des bavures". Ils sont mobiles, connectés et, selon les autorités, souvent "très jeunes". Selon des sociologues, tel est le profil d'une partie de ceux qui crient "leur colère" lors des émeutes déclenchées par la mort de Nahel, 17 ans, tué par un tir policier lors d'un contrôle routier.
Pour Sami Zegnani, maître de conférences en sociologie à l'université de Rennes, les violences de cette semaine sont à lire comme des révoltes et non des émeutes. "Le terme "émeutes" réduisant ces violences à une simple délinquance urbaine alors qu'elles revêtent une dimension politique indéniable" dans un contexte d'inégalités croissantes, estime le chercheur.
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Quand des écoles, des centres sociaux ou des bibliothèques sont pris pour cible, il s'agit "d'actes de destruction de proximité", qui "peuvent refléter le sentiment profond que ces quartiers n'ont pas de valeur aux yeux de la société plus large, ce qui alimente une forme de révolte autodestructrice", selon M. Zegnani.
Une portée politique
"Se dire qu'ils pourraient aller taper ailleurs, c'est croire qu'ils pourraient se balader comme ils veulent", souligne pour sa part Stéphanie Vermeersch, sociologue, directrice de recherche au CNRS.
Quand certains s'en prennent aux écoles, c'est selon elle le signe que cette institution "ne remplit pas sa mission" et qu'il y a "pas mal de problématiques qui n'ont pas avancé" depuis 2005. Les violences urbaines touchent aussi des villes petites et moyennes, ce "qui ne fait que confirmer que ce qui se joue ici a une portée politique", renchérit Sami Zegnani.
Des enfants et des adolescents
En 2005 déjà, la colère avait embrasé les banlieues des grandes villes après la mort de deux adolescents qui s'étaient électrocutés à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) après une course-poursuite avec la police. Sur les 875 personnes interpellées dans la nuit de jeudi à vendredi, "un tiers
sont des jeunes, parfois des très jeunes", a détaillé vendredi Emmanuel Macron. "La moyenne d'âge, c'est 17 ans", a précisé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Certains ont commencé à comparaître devant les tribunaux d'Ile-de-France. Ils sont lycéen, aspirant CAP, barman, des jeunes à peine majeurs et présentant pour beaucoup un casier judiciaire vierge.
Des groupes organisés en colère
Parmi les émeutiers, beaucoup se déplacent par petits groupes, mobiles et dispersés. À l'intérieur des quartiers, ils affrontent la police à coups de pétards et de feux d'artifices. Ils sont connectés en permanence via leur téléphone, répartis en différents endroits et relayés à la tombée de la nuit par d'autres jeunes, visages dissimulés par des écharpes ou des cache-cous. Leurs actions s'étalent sur les réseaux sociaux. "Certains d'entre eux vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués", a commenté vendredi le chef de l'Etat.
Les jeunes rencontrés évoquent, eux, une "colère" et un sentiment d'"injustice" bien concrets. "Casser des trucs, montrer notre colère, ça va montrer qu'on en a marre des bavures policières, on en a marre de toutes ces personnes qui se font tuer pour un oui ou pour un non, ça va changer un peu des choses qui n'avaient jamais bougé", veut croire l'adolescent de Montrouge (sud de Paris). "Quand on parle, quand on fait des manifestations, quand on fait des marches, ça ne sert à rien presque", déplore-t-il.
Avec AFP