Assurer le bon déroulement des municipales, trouver des solutions pour les enfants sans possibilité de garde pour lundi : le week-end s'annonce chargé en mairies. Nous avons joint Agnes Le Brun et Louis Pautrel, deux élus bretons à la tête des associations de maires en France.
Coronavirus oblige, le week-end s'annonce chargé pour les élus des petites communes et des grandes villes.
Ils vont devoir avec leurs équipes assurer dimanche le bon déroulement des élections, et anticiper pour lundi des solutions pour les élèves qui n'auront pas la possibilité de rester chez eux après la fermeture des établissements scolaires.
Etat des lieux avec Agnès Le Brun, maire de Morlaix et vice-présidente de l'Association des maires de France, et Louis Pautrel, maire de Le Ferré en Ille-et-Vilaine, vice-président de l'association des maires ruraux de France.
Fallait-il reporter les municipales ?
Louis Pautrel : On ne pouvait pas reporter les élections à quasi 48 heures du vote. Trop tard. Mais dans toutes les communes, des précautions seront prises. Les gens sont invités à venir avec leur stylo, bleu ou noir. Dans les bureaux de vote, il y aura bien sûr de l’eau et du savon, et logiquement du gel hydroalcoolique si tout va bien. Mais chacun peut aussi se laver les mains avant. Et éviter de se serrer les mains, le b-a-ba.
Agnes Lebrun : Le maintien des élections, c’est acté. On n’est plus à l’heure des commentaires, on va tout faire pour que ça se passe bien. La vérification de la carte d’électeur se fera visuellement, les isoloirs seront désinfectés tous les 15 min. On conseille aux gens de venir voter aux heures creuses, milieu de matinée, début d’après midi. Avec pourquoi pas le bulletin de vote qu’ils ont déjà choisi. Le vote est un moment important, le socle de la démocratie. Et l’on voit bien dans la période que nous traversons à quel point les collectivités, les communes jouent un rôle capital dans la continuité du service public.
Craignez vous une baisse de la participation ?
Agnes Lebrun : Des sondages parlent d’une plus forte abstention. On verra. A Morlaix, on note une hausse des procurations. Les plus anciens que l’on croise et qui considèrent le droit de vote comme sacré disent qu’ils viendront voter. Le bureau de vote n’est vraiment pas l’endroit ou l’on risque le plus d’être contaminé.
Louis Pautrel : Dans ma commune, il y avait eu il y a 6 ans 409 votants pour 498 inscrits. Faites le calcul, plus de 80% de votants. Pas sûr qu’on atteigne le même pourcentage cette fois-ci. Les gens commencent à prendre conscience de la gravité de l’épidémie. Notamment depuis le discours d'Emmanuel Macron. Certains hésitent à venir voter. Mais si encore une fois on prend les précautions élementaires, il n’y a pas de danger. Ce sera un week-end forcement compliqué. D'autant qu'il y a en plus la fermeture des écoles à gérer.
Les fermetures d'écoles, compliqué à gérer sur le terrain ?
Louis Pautrel : Certains habitants n'ont pas de solutions pour garder leurs enfants. Tout le monde ne peut pas faire du télétravail. Le gars qui bosse dans le BTP, c’est pas un ordinateur qui va lui creuser sa tranchée. Il y a aussi des parents qui sont des personnels soignants. Alors on nous demande d’ouvrir le centre de loisirs pour les élèves qui resteraient sur le carreau. On a l’accord de principe de la préfecture, mais pour un petit groupe, pour ne pas reproduire ce qu’on cherche à éviter en fermant les écoles. Mais un petit groupe, c’est combien ? Une réunion au Ministère de la Cohésion des territoires devrait nous permetters d'être fixé. Et si on a les moyens, on ouvrira.
Agnes Lebrun : On a le même genre de demandes dans les plus grande villes. A Morlaix, il y aura une permanence d’accueil lundi matin dans une école pour répondre aux questions des parents par exemple. Les maires sont solidaires, mais appliquent aussi les consignes que l’Etat donne. A Morlaix comme ailleurs, les enfants des personnels soignants des hôpitaux et des Ehpad seront accueillis lundi, en petits groupes, dans leurs écoles respectives. Après, en fonction du nombre d'élèves dans chaque école, on adaptera, et on optera sans doute pour un accueil groupé dans une structure disposant de plusieurs salles.
Bref, à Morlaix, Le Ferré, et ailleurs, les élus quels que soient leurs bords ont passé une bonne partie de la journée à gérer la crise du coronavirus. La soirée va être longue. Le week-end aussi.