Vaccination, tests antigéniques, vente d'autotests... La cinquième vague de Covid-19 provoque une ruée vers les pharmacies avant le Nouvel an.

"Je n'ai que cinq minutes à vous consacrer avant le prochain test de diagnostic", prévient Marie-Françoise Prudhomme.

La voix fatiguée, la pharmacienne, basée à Plerguer (Ille-et-Vilaine), s'avoue inquiète en cette fin d'année. "Depuis 15 jours, c'est très compliqué. La pharmacie ne désemplit pas et on n'en voit pas le bout. Notre équipe est épuisée. J'appréhende beaucoup le mois de janvier..."

 

Un Français sur 10 déclaré "cas contact"

 

Cette dernière semaine 2021 voit des records de contamination battus. A 48 heures du réveillon du Nouvel an, selon le site Covidtracker, qui reprend des données de Santé Publique France, le taux d'incidence s'élève à 396 pour 100 000 habitants en Bretagne (549 / 100 000 en Ille-et-Vilaine). D'après le Ministre de la santé, une personne sur dix est cas contact en France.

C'est justement le cas de Françoise et Dimitri, tous deux venus se faire tester en urgence dans une pharmacie de l'agglomération rennaise. "Nous avons fêté Noël en famille en comité restreint. Chacun s'était testé au préalable. Tous négatifs. Malgré cela, l'un de nos frères a déclaré quelques symptômes deux jours après et s'est révélé positif au Covid. Du coup, on vient vérifier ce qu'il en est pour nous avant de rencontrer de nouveau du monde. Sachant que les centres Covid, qui réalisent les tests PCR, ne proposent pas de rendez-vous à Rennes avant le 4 janvier." 

 

+ de 20% de tests positifs

 

Depuis le début des vacances scolaires, les pharmaciens testent à tour de bras. "Depuis le week-end de Noël, on tourne à plus de 300 tests antigéniques par jour avec une explosion des résultats positifs ces derniers jours : plus de 20% lundi dernier, rapporte Marie Schuberre, pharmacienne à Rennes. Chez nous, cela mobilise quatre voire cinq personnes chaque jour."

 

Expliquer les auto tests

 

A ces tests diagnostics réalisés directement dans les officines, s'ajoutent les vaccinations contre le Covid-19 et contre la grippe saisonnière ainsi que la vente d'auto tests.

"On s'attendait à une ruée sur les autotests donc nous avions prévu du stock. Mais cela prend parfois du temps d'en expliquer le fonctionnement", note Marie Schuberre. "Il y a eu un effet d'annonce et beaucoup de patients ont voulu se tester suivant les conseils du gouvernement. Sauf que certains ne savent pas du tout comment s'y prendre, s'il faut faire le prélèvement dans le nez, la bouche ou avec une goutte de sang. En pharmacie, on a l'expérience de testeurs et on n'hésite pas à ouvrir la boîte pour expliquer comment cela fonctionne." Et la pharmacienne de faire remarquer que ce conseil là ne sera pas dispensé dans les grandes surfaces, désormais autorisées à vendre des autotests deux fois moins cher qu'en officine.

Sur le front des vaccinations, les pharmacies s'impliquent toujours dans la campagne. "A Plerguer, nous faisons la dose de rappel et quelques primo-vaccinations pour les personnes qui ont fini par se laisser convaincre", explique Marie-Françoise Prudhomme. "Sans parler du temps que l'on passe à renseigner les gens au téléphone. Et puis, il ne faut pas oublier nos patients chroniques, qui ont toujours besoin qu'on leur consacre du temps ! Si on ne veut pas se laisser déborder par tout cela, nous sommes malheureusement obligés de refuser des clients qui veulent se faire tester."

 

Des clients impatients voire agressifs

 

"C'est vrai que c'est tout le temps le rush depuis le début de l'épidémie, complète Marie Schuberre. Il y a d'abord eu la ruée sur les masques et le gel hydro-alcoolique puis les tests, maintenant les autotests... Les patients en ont marre. On doit faire face à de plus en plus d'impatience, d'agressivité parfois. Nos équipes souffrent, elles sont fatiguées."

Traditionnellement, la période des fêtes de fin d'année bat son plein dans les pharmacies, où le personnel évite de prendre des congés. "Cette année, c'est de la folie et on est dans le jus complet", résume une pharmacienne de Larmor-Plage (Morbihan). 

 

Pénurie de personnel

 

"Comme partout ailleurs, nous avons des salariés en arrêt maladie et nous devons faire face à une pénurie de personnel. Impossible de recruter actuellement !", se désole Marie-Françoise Prudhomme. Même constat dans l'officine de Marie Schuberre, en quête de préparateurs en pharmacie. "Nous avons lancé des annonces, mis des affiches sur notre devanture... sans succès. Heureusement, nous sommes installés dans une ville qui forme. Du coup, nous employons des étudiants pendant ces vacances." Des étudiants qui reprendront les cours dès lundi prochain...

Pas plus à Plerguer qu'à Rennes, les pharmaciennes, avec lesquelles nous avons échangé, ne savent de quoi demain sera fait. "Demain? On sera à quelques heures du réveillon du Nouvel an. ça va être le défilé pour les tests. Ensuite, on verra bien. On avise au jour le jour", commente Marie Schuberre.

 

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