Les pêcheurs bretons se sont dits opposés, ce vendredi, à une fermeture pour quinze jours de la pêche dans le Golfe de Gascogne au premier trimestre 2021. Une fermeture envisagée selon eux par l'Union européenne pour limiter les prises accidentelles de dauphins.
Depuis le début de l'année, les échouages de dauphins sur nos côtes ont considérablement augmenté : 137 depuis janvier, contre 90 pour toute l'année dernière. Des échouages résultant dans la grande majorité des cas de captures accidentelles par les pêcheurs professionnels.
Des captures accidentelles évaluées entre 6000 et 10000 chaque année, difficile d'en avoir un chiffre précis, la plupart des carcasses n'atteignant jamais le rivage.
Du côté des pêcheurs, on reconnaît une recrudescence des prises, sans pour autant l'expliquer. "L'effort de pêche n'a pas augmenté, alors on essaye de comprendre pourquoi il y a ces pics de captures accidentelles" indiquait cette semaine Virginie Lagarde, du Comité départemental des pêches du Finistère.
L'enjeu c'est de comprendre pourquoi un pêcheur va avoir, tout d'un coup, des captures accidentelles de dauphins, alors que 15 jours auparavant, sur la même zone, il n'en avait pas.
L'éperon européen
La Commission européenne a ouvert début juillet une procédure d'infraction contre la France, l'Espagne et la Suède pour n'avoir pas pris suffisamment de mesures pour empêcher les prises accidentelles de dauphins. "Une réunion interministérielle aura lieu à Matignon dans les prochaines heures pour définir la réponse de la France", a précisé, ce vendredi à l'AFP, l'entourage de la ministre de la Mer, Annick Girardin.
Fin mai, le Conseil international pour l'Exploration de la mer (Ciem) avait recommandé de nouvelles mesures pour limiter ces prises, à savoir "une combinaison de fermetures temporaires des pêcheries problématiques" et l'utilisation de "pingers" (dispositifs acoustiques destinés à éloigner les cétacés) sur les chalutiers pélagiques.
Ce même conseil a aussi évoqué des alternatives comme une fermeture de quatre semaines (mi-janvier à mi-février) de tous les métiers ou une baisse annuelle de 40% de l'effort de pêche des pêcheries problématiques.
"Emotion médiatique" selon les pêcheurs
"Imposer une interdiction de pêche dans le Golfe de Gascogne serait injuste et arbitraire", a dénoncé Olivier Le Nézet, président du comité régional des pêches de Bretagne, cité dans un communiqué. Selon le comité des pêches du Morbihan, cette fermeture s'appliquerait "à tous les fileyeurs, chalutiers pélagiques et bolincheurs français".
Ce projet de l'UE ne repose sur aucune considération scientifique prouvant son utilité. Il s'agit d'une mesure politique visant à répondre à l'émotion médiatique créée par quelques ONG environnementalistes
Hier jeudi, une délégation de sept pêcheurs lorientais et d'un pêcheur finistérien a été reçue par le cabinet de la ministre de la Mer. Ils disent avoir demandé "l'abandon du projet de fermeture de pêche", "la définition d'un périmètre de sécurité autour des navires de pêche interdit" aux ONG et "l'adoption d'un programme de recherche scientifique permettant de comprendre pourquoi la population de cétacés augmente dans le Golfe de Gascogne, et comment ainsi la protéger efficacement".