Procès du "faux Le Drian" : "je n'ai jamais fait le Cours Florent", se défend le principal accusé

"Je n'ai jamais fait le Cours Florent", la réputée école d'acteur. Soupçonné d'avoir extorqué plus de 50 millions d'euros à de riches personnalités en usurpant l'identité du ministre Jean-Yves Le Drian, Gilbert Chikli a dénoncé mardi un "amalgame", clamant son innocence au premier jour de son procès

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Gilbert Chikli, Franco-Israélien de 54 ans est jugé à Paris aux côtés de six autres prévenus pour s'être fait passer pour le ministre de la Défense entre 2015 et 2017, demandant lors de coups de téléphone "confidentiels" une aide financière pour des "opérations secrètes". Plus de 150 cibles ont été approchées, parmi lesquelles le président du Gabon Ali Bongo, le Sidaction, le PDG du groupe Lafarge ou encore l'archevêque de Paris. Trois victimes sont tombées dans le piège et des dizaines de millions ont disparu.  

A l'origine de l'arnaque au "faux président"


Présenté par l'accusation comme le cerveau de cette audacieuse escroquerie, Gilbert Chikli est considéré comme l'inventeur de l'arnaque dite au "faux président", selon laquelle des malfaiteurs se font passer pour des chefs d'entreprises afin de se faire transférer de l'argent par des collaborateurs. 
Son histoire a même inspiré un film, "Je compte sur vous", sorti en 2015.

La même année, il a été condamné, en son absence, à sept ans de prison et un million d'euros d'amende pour avoir escroqué plusieurs grandes entreprises. À l'été 2017, il a été interpellé en Ukraine au côté d'Anthony Lasarevitsch, autre principal prévenu dans l'affaire du "faux Le Drian".
 

"Spectaculaire"


Au premier jour du procès, le tribunal s'est longuement penché sur le mode opératoire "sophistiqué" des escrocs: argumentaire rodé, courriers à en-tête du ministère de la Défense et organisation de vidéoconférences avec, derrière un faux bureau, un homme portant un masque de Jean-Yves Le Drian.
Pull noir, barbe de quelques jours, Gilbert Chikli a suivi attentivement les débats, chaussant puis enlevant ses lunettes à monture noire. Il s'est exprimé d'une voix forte devant le tribunal et les bancs remplis de la salle d'audience.

"Vous savez, on m'a souvent reproché d'avoir fait le Cours Florent. Pour ceux qui ne savent pas ce que c'est, c'est du théâtre", a-t-il précisé. "Mais je n'ai jamais fait le Cours Florent, voyez-vous", a-t-il poursuivi. "Il y a très longtemps, j'étais un publiciste, puis j'ai fait de l'immobilier, et il faut être convaincant. Mais on ne peut pas être condamné parce qu'on est convaincant !"

"Je prouverai durant le déroulement de cette audience comment ça n'est pas possible que ça soit moi", a-t-il insisté peu après.

Il a tendu le bras vers l'ordinateur de son avocat, sur lequel s'affichait la photo d'un homme portant le masque de Jean-Yves Le Drian: "Il faut être aveugle pour ne pas se rendre compte que ce n'est pas possible que ce soit Gilbert Chikli !"

Au fil des questions, il s'est indigné d'un "ça va pas être possible, Madame la présidente", puis il a évoqué le leader de La France Insoumise. "J'ai une façon de m'exprimer qui est un peu comme Mélenchon, j'ai le sang chaud. Je dis ça parce qu'on me l'a souvent reproché".

"Que pensez vous de cette méthode ? Vous l'avez déjà éprouvée ?", a demandé la présidente. "Non non non", a balayé, debout dans le box, Gilbert Chikli. "C'est ce qu'il s'est passé 15 ans en arrière et ils l'ont reproduit de manière plus perfectionnée. C'est un duplicata de ce qui a été mis sur les réseaux sociaux", a-t-il assuré.

En face de lui étaient assis les avocats des trois victimes qui ont cru à la supercherie, notamment le chef spirituel des musulmans chiites ismaéliens, Karim Aga Khan IV, qui a perdu 7,7 millions d'euros, et l'une des plus grandes fortunes turques, Inan Kirac, qui a vu s'évaporer 47,4 millions de dollars (45 millions d'euros au cours de l'époque).

"Cette escroquerie est spectaculaire, on peut le dire", a finalement lâché Gilbert Chikli.

Avant d'assurer que "certaines personnes, dont Madame la procureure et les enquêteurs qui sont là, savent pertinemment qui [en] sont les auteurs".

Le procès doit s'étendre sur quatre autres demi-journées, jusqu'au 12 février.
 
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