Ils sont chef d'entreprise, chef étoilé ou bien encore responsable d'association. Des Bretons connus qui ont choisi de mettre leur nom au service de la politique. Ils espèrent devenir, en juin prochain, conseiller régional. Avec un objectif commun : partager leurs compétence et servir la Bretagne. 

"C’est une formidable aventure. C’est très enrichissant. Je découvre une autre Bretagne et surtout une jeunesse incroyable". Olivier Roellinger, le célèbre chef étoilé breton, désormais très impliqué auprès de l’UNESCO pour défendre la biodiversité dans l’alimentation, ne cache pas son enthousiasme. A 65 ans, il découvre les joies d’une première campagne électorale auprès de Daniel Cueff, l’ancien maire de Langouët et chef de file de la liste « Bretagne ma vie ».
 

"C’est une véritable essoreuse", renchérit Stéphanie Stoll, colistière de Thierry Burlot sur la liste « Nous la Bretagne ». Cette mère de famille, journaliste, vient tout juste de terminer son mandat de présidente de l’association Diwan pour s’engager dans le combat politique des élections régionales. Le débat sur les langues régionales ne lui a laissé aucun répit.

Comme eux, à l’occasion des élections régionales, certaines personnalités ont décidé de mettre leur notoriété ou leur engagement professionnel au service d’un candidat et d’un combat.

Ces dernières semaines, lors de la présentation des colistiers, de nombreuses listes ont eu à cœur d’afficher leurs recrues estampillées « société civile ».

Coup marketing pour certains, prise de guerre pour d’autres, les candidats ont à cœur de montrer aux électeurs qu’ils ne seront pas uniquement entourés de « professionnels de la politique » et qu’ils pourront compter sur des hommes et des femmes ancrés dans le quotidien.
 

Le prolongement d’un combat
 

Pour les principaux intéressés, ce nouvel engagement répond à de multiples aspirations. Pour Alain Coudray, président du comité départemental des pêches des Côtes d’Armor et Stéphanie Stoll, ancienne présidente de Diwan, c’est la volonté de connaître une nouvelle expérience tout en continuant un combat qui leur tient à cœur. "Après trois mandats à la présidence de Diwan, j’étais un peu fatiguée. En pensant à l’après, et à partir du moment où je voulais aussi poursuivre le combat pour les langues régionales, je me suis dit pourquoi pas la politique ?", explique la colistière de Thierry Burlot, qui avait été déjà très investie dans l’aide aux réfugiés de la jungle de Calais.
 

"Cela fait des années que l’on s’exprime beaucoup sur la pêche mais que l’on n'agit pas. A un moment donné, c’est bien beau de râler mais si on ne fait rien... Et puis je me suis rendu compte qu’aucun élu du Conseil régional sortant n’était marin pêcheur de profession. J’ai donc accepté tout naturellement la proposition d’Isabelle Le Callennec. D’autant plus qu’elle est une des seules à prendre clairement position pour les pêcheurs dans le dossier des éoliennes en mer en Baie de Saint-Brieuc et qu’elle défend, comme moi, les valeurs d’une droite régionaliste", reconnait Alain Coudray, onzième sur la liste "Hissons haut la Bretagne", dans les Côtes d’Armor.

                                                                     

Pour d’autres, c’est l’attachement à un territoire qui a compté

"J’ai quitté Grenoble pour retrouver ma terre natale. Je me suis installé à Batz où je suis conseiller municipal et où mon épouse et mes enfants ont lancé leur activité professionnelle. A deux ans de la retraite, j’ai envie d’œuvrer pour la Bretagne et l’emploi dans la région", avoue Eric Grall, actuel vice-président d’ATOS, l’une des plus grosses entreprises de services du numérique au monde, engagé désormais sur la liste "Nous la Bretagne" de Thierry Burlot.

                                                          



De son côté, en s’engageant dans ces élections régionales, Olivier Roellinger estime être beaucoup plus cohérent : "Mes proches m’ont fait remarquer que jusqu’ici je m’étais beaucoup investi sur le plan international, notamment avec mon réseau de petits producteurs, et pas forcément sur le plan régional. Comme une pierre à l’édifice, je souhaite désormais apporter à la Bretagne un petit galet cancalais".

La rencontre avec une personnalité
 

Une société civile toujours très méfiante des appareils politiques et des décisions prises de Paris. C’est donc souvent le caractère, la personnalité et la volonté de rassemblement du candidat chef de file qui a réussi à les convaincre. 


Loïc Hénaff, un des ambassadeurs les plus connus de l’agro-alimentaire breton et de la marque « Produit en Bretagne » a franchi le pas en acceptant d’être troisième sur la liste du président sortant Loïg Chesnais-Girard dans le Finistère. Il l’avoue sans détour : "C’est d’abord un homme que j’ai choisi de rejoindre. J’apprécie beaucoup Loïg Chesnais-Girard. Au cours de son mandat, à l’occasion de nombreux échanges, je me suis rendu compte que nous avions les mêmes idées. Notamment quand il s’agit de faire passer en priorité les intérêts de la Bretagne . Il est jeune, il est rassembleur et sait aussi taper du poing sur la table. Et pour une fois je ne serai pas leader. J’aime l’idée de rejoindre une équipe. L’équipe de Bretagne", explique le chef d’entreprise.

                                                             

La personnalité et la candidature hors système de Daniel Cueff ont aussi beaucoup séduit. "Je ne le connais que depuis trois ans mais j’apprécie cet homme réaliste et surtout humaniste", reconnaît Olivier Roellinger. Lucie Lucas, comédienne installée dans la région et star du petit écran avec la série « Clem » a, elle aussi, accepté de rejoindre la liste menée par l’ancien maire de Langouët. Elle n’a d'ailleurs pas hésité à déclarer son coup de cœur "politique" sur sa page Facebook, saluant au passage le courage du candidat : "Je suis bluffée par le courage et la détermination dont Daniel a fait preuve année après année malgré les volontés d’intimidations…C’est quelqu’un qui ne renonce pas dès lors que le combat lui parait juste".

Stéphanie Stoll n' a pas oublié non plus la disponibilité de sa tête de liste il y a quelques années : "J'ai pu apprécié l'engagement de Thierry Burlot quand il a fallu se mobiliser pour sauver l'école Diwan de Louannec dans les Côtes d'Armor. Il a pris des risques à ce moment là. Quand il m'a sollicité pour que je le rejoigne je n'ai pas oublié son investissement".

Pour Florent de Kersauson, désigné chef de file du Rassemblement National dans le Morbihan, ce sont ses relations intimes avec la famille Le Pen qui ont beaucoup pesé. "J’ai appris à naviguer sur le bateau de Jean-Marie Le Pen. J’ai appris à nager à la sœur de Marine, Marie-Caroline. C’est d’ailleurs elle et son époux qui m’ont finalement convaincu de m’engager pour ces élections", reconnait le frère du célèbre navigateur.
 

Des experts, oui... des figurants, non
 

Néanmoins, pas question pour ces personnalités de la société civile de se cantonner à jouer les rôles de figurants. Elles ont négocié leur engagement : ce sera pour agir.

En cas de victoire de Thierry Burlot, Stéphanie Stoll se porte d’ores et déjà candidate au poste de vice-présidente chargée des langues régionales. "Avec un budget multiplié par deux dans ce domaine, je viens avec des ambitions et une réelle expertise. C’était dans le deal."

Olivier Roellinger se voit comme une sorte de ministre de l’Alimentation et du tourisme durable : "Je fais une promesse tout à fait réalisable. Faire de la Bretagne un magnifique potager au-dessus de la mer. Faire entrer aussi le bien manger dans les lycées bretons avec des produits à 100 % faits maison, à 80 % issus d’une production locale et à 80 % bio. Un département comme la Dordogne le fait déjà. Pourquoi pas nous ?".

Loïc Henaff, toujours chef d’entreprise, a quant à lui annoncé qu’il ne rentrerait pas dans l’exécutif régional : "Question de temps. Si je suis élu, j’apprécierai le mandat de conseiller régional qui a le mérite de durer 6 ans. Durant ces années-là, je compte bien faire entendre la voix du monde des entreprises et de la pointe Finistère."

Avec des représentants souvent placés en position éligible sur différentes listes, la société civile sera à coup sûr visible en juin prochain dans le nouveau conseil régional. Reste à savoir si elle sera écoutée ces six années à venir.
 

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