Les Trans, c’est un petit nom, c’est le plus souvent comme ça que nous appelons les transmusicales. Il faut dire que ça fait quatre décennies que le festival met Rennes en transe et provoque les rencontres et les découvertes de ce qui fera le paysage musical de demain.
Les Trans Musicales, un rendez-vous devenu incontournable dans la capitale bretonne. La 40ème édition est prête à décoller, l’occasion de feuilleter l'album de souvenirs, mais aussi de s'intéresser à ce qui se passe aujourd'hui. Parce que comme l'indique l'avant-propos du programme « l'inconnu vaut toujours la peine d'être vécu et le futur se décide au présent ».Aucune nostalgie donc !
Ça n’est pas vraiment le genre de la maison. D'ailleurs, nous avons profité de la tournée des Trans 2018, pour rencontrer quatre jeunes groupes bretons, programmés au festival cette année. Cette fameuse tournée, qui existe depuis 2002, est un peu comme un avant-goût, avec les groupes locaux en concert dans le grand ouest, quelques semaines avant les Trans.
La tournée des Trans : une préparation au concert
Ces formations naissantes participant à la tournée, bénéficient ainsi d’un accompagnement de la part de l’ATM (Association Transmusicales), avec des résidences, des formations sur le système musical français, et donc bien entendu une série de quelques concerts, en amont du jour J.
Une répétition, une préparation en quelque sorte, pour ne pas être lâché seul dans le grand bain de la scène. Régler, peaufiner le son, les lumières, ça fait aussi partie du programme, avec de vrais professionnels pour les encadrer.
"Ça nous conditionne pour être vraiment ultra-pro, pour essayer de faire mûrir le projet", explique ainsi Régis Thomas, alias RexRegis, qui ajoute « Les Trans Musicales c’est un peu comme le marché du film à Cannes, il y a tous les programmateurs, tous les pros, tous les médias, donc là on va aller leur présenter ce projet qui n’est pas vieux du tout, et essayer de les convaincre qu’on peut avoir une place dans leur programmation ».
RexRegis, sur le devant de la scène
RexRegis, c’est la nouvelle aventure solo de l'ancien chanteur des Wankin' Noodles. Après plusieurs aventures collectives, le trentenaire a décidé de prendre seul son destin en main. Un peu souverain, à l'image du patronyme qu'il s'est choisi. Mais le chanteur rennais, d'origine briochine est bien entouré, ils sont quatre musiciens avec lui pour une pop un peu baroque en français et des univers sombres et étranges. Avant la sortie d'un six titres, annoncé pour le printemps 2019, il sera ce 7 décembre, sur la scène de l'Etage du Liberté.
Praa, s'entourer pour se libérer
Le même jour et au même endroit, on pourra découvrir Praa, pour qui les Trans, "c’est un petit Graal dans la ville".
"C’est un festival auquel je participe depuis plusieurs années comme festivalière, alors là c’est très gratifiant", confit-elle, "d’autant que le projet est jeune".
Praa, s’appelle Marion Lagassat dans la vie, plus connue sur scène sous le nom de Marion Mayer auparavant. Et si elle demeure clairement aux commandes, la Rennaise, qui a grandi à Lorient, a choisi, elle, d’étoffer son accompagnement, avec guitare, basse et batterie, ce qui lui laisse une nouvelle liberté pour occuper la scène et ça lui va plutôt bien.
Une voix limpide, quelque chose de léger, d'élégant et de sensuel tout à la fois, la chanteuse de 26 ans, prend manifestement beaucoup de plaisir à offrir ses nouvelles compositions pop, matinées d’électro et de soul, pour parler, dit-elle, "de la vie, des relations, des rencontres, des gens, des discussions, des questionnements, que je n’arrive pas à poser à haute voix et que je fais passer dans mes textes".
Initials Bouvier Bernois, des rythmes bleus métissés de jazz exotique
Toujours côté Bretons, Initials Bouvier Bernois, ce sont quatre Rennais, passés déjà par quelques autres formations et qui vont puiser aux racines du Rythm'n Blues et du jazz sixties. Un swing et des rythmes pleins de couleurs… Un nom improbable, clin d'œil à Gainsbourg et son Initials BB. Ces quatre-là, se jouent des codes et s’amusent. Et côté musique ça tient sacrément la route, Pierre à l'orgue, Thibaud au sax ou à la flûte, Valentin tient la basse et Léo, la batterie.
Des saveurs originales et assez inattendues, quelque chose de pétillant, "des rythmes bleus métissés de jazz exotique", décrit Pierre, qui avec ses acolytes attendent avec impatience de monter sur scène: "ça va être un grand moment, c’est un véritable accélérateur la tournée, parce que les Trans, c’est un peu comme un tremplin et le début de tous les possibles".
Atoem : fusion détonante entre électro et instrumental
Enfin Atoem, tandem électro rennais est également à l'affiche du festival cette année. Un événement, dont ils n’ont pas loupé une édition depuis dix ans, racontent-ils, "c’est un peu notre Noël à nous ! La programmation y est très riche avec des artistes dont on entend souvent parler ensuite, ça donne envie !" Sur la scène du Vip à Saint-Nazaire, lors de la tournée, c’est plantés au milieu de grosses machines qu’ils entrainent le public dans leur univers.
Ces deux Rennais, de 23 et 26 ans, possèdent en outre une solide base instrumentale, l'un à la batterie et percussions, l'autre, à la guitare. "On vient du rock explique Antoine, Gabriel est batteur et percussionniste de formation et moi guitariste autodidacte. On a une grosse basse instrumentale derrière et petit à petit les synthés sont apparus, on en a fabriqué de plus en plus, car je suis ingénieur en électronique".
Une fusion musicale détonante entre électro et instrumental, qu'ils ont hâte de produire lors du festival rennais pour ces explorateurs sonores, qui décrivent leur musique, comme "un océan de symphonies spatiales".
Souvenirs de Trans
Depuis 40 ans une multitude des groupes, d’artistes sont passés par le festival rennais. Le saxophoniste Daniel Paboeuf, qui a par ailleurs accompagné Dominique A, Alain Chamfort ou Etienne Daho, est ce qu’on peut appeler un des musiciens « historiques » des Transmusicales.
Présent dès les premières éditions, il y a joué avec Marquis de Sade, mais aussi Anche Doo Too Cool, les Sax Pulstuls, Tohu Bohu ou Ubik... Il raconte qu’à l’époque, « les Trans, c’était à l’image du bouillonnement à Rennes. On montait un groupe en quinze jours, une semaine après on jouait, c’était éphémère. Et puis les Trans ont vite pris de l’importance pour les groupe rennais, c’était une vitrine, sur le plan national d’abord et à l’international ensuite». Une effervescence qui facilitait les rencontres aussi : "Quand tout se passait entre la salle de la Cité et l’Ubu, c’était difficile de ne pas se croiser et de faire des rencontres, vu l’étroitesse des lieux", ajoute t-il.
Olivier Mellano, se souvient lui aussi de la salle de la Cité comme d’"un endroit assez magique pour les concerts, où il y avait quelque chose d’organique, avec beaucoup de croisements". Le compositeur guitariste rennais, lui aussi bien connu, a notamment joué pour Miossec, Dominique A, Laetitia Sheriff. ».
Il a participé aux Trans, dès le début des années 90, avec Roâde, Vénus de Rides… puis à de multiples reprises et toujours pour des projets différents, comme « La Chair des Anges », « How We Tried » ou « MellaNoisEscape » par exemple. Le festival, raconte t-il "m’a souvent permis de tester mes différents projets, de les faire résonner dans ma ville. Un peu comme un laboratoire".
Pour les plus jeunes, tels Kaviar Special, groupe rennais de rock garage, programmé en 2015, ou Colorado, duo électro-pop de Saint-Brieuc, propulsé sur scène en 2016, ces concerts, malgré le stress et l’appréhension des débuts, ont été un formidable tremplin vers la professionnalisation.
"Les Trans, c’est un truc énorme, résume Léo des Kaviar Spécial, mais ça n’est pas une fin en soi, c’est un moyen. Comme un grand push qui te projette au loin, et c’est à toi de t’envoler derrière".
Les transmusicales de Rennes ont accompagné les jeunes talents de la tournée des Trans, sur scène, en résidence, mais également en session live.
Voici le quatrième et dernier live des sessions Trans Musicales avec Atoem.