Route du Rhum 2022. Le skipper François Jambou fait naviguer les malvoyants avant son départ

Avant de s'élancer pour traverser l'Atlantique sur son class 40, le skipper François Jambou propose aux personnes non-voyantes et malvoyantes de naviguer avec lui. Son projet baptisé "A l'Aveugle" permet de tester de nouveaux matériels d'aide à la navigation pour les personnes porteuses de handicap.

Ce matin là, sur le plan d'eau Concarnois le soleil irise une mer platissime. Grosse pétole pour la sortie de Nicolas Roudouin et de ses co-équipiers du jour. Mais peu importe, pour Nicolas, passionné de voile et pratiquant depuis une dizaine d'années. Seul le plaisir d'être sur l'eau et de sentir les éléments sur son visage, comptent. 

"Le bateau est le seul véhicule qu'on peut conduire, ça nous donne toutes ces sensations du vent, de l'ouïe, du toucher pour repérer les bouts, les winches. Et puis l'assiette du bateau, la gîte nous permet de nous orienter au près" détaille Nicolas Roudouin.

Rendre la voile plus accessible

Car Nicolas est non-voyant et ses partenaires de jeu du jour ne sont autres que les skippers François Jambou et Michel Desjoyeaux. Une équipe de haut vol pour un projet altruiste : faire naviguer les personnes mal-voyantes ou nonvoyantes. 

François Jambou partenaire de l'association "A l'Aveugle" détaille : "Les régates sont d'autant plus intéressantes, parce qu'on parle le même langage, il y a une motivation commune et ça nous rassemble. Ca rend le projet et les navigations encore plus passionnantes. Il y a le côté sportif en plus du côté inclusif et ce mariage là est plus riche." 

Un matériel initialement développé pour la course au large

En attendant de traverser l'Atlantique pour la route du Rhum, le monocoque de 12 mètres baptisé "A l'Aveugle" expérimente un matériel un peu particulier pour aider à l'orientation du bateau, mais sans la vue. 

"Nous, la nuit, tout voyant que nous sommes, nous sommes ramenés au même niveau que Nicolas car nous ne voyons pas ce qui se passe. Nous allons nous servir de nos sensations et de tout ce qui peut nous être transmis" explique Michel Desjoyeaux.

Le skipper vainqueur de nombreuses courses au large a développé des penons connectés. Les penons, ces petits morceaux de laine sur les voiles qui donnent des indications sur le vent et aident le skipper à régler ses voiles et donc à barrer. 

"Dans la course au large, les bateaux sont de plus en plus gros et donc les voiles de plus en plus grandes, donc plutôt que d'aller chercher l'info, c'est l'info qui vient à nous" 

Sur le "A l'Aveugle", les penons ne sont plus en laine mais en composants électroniques. 

"Les penons sont des indications visuelles, il n'y a pas un seul bateau de course qui n'en ait pas. Avec les penons électroniques on peut envoyer l'information dans le cockpit jusqu'au barreur qu'il fasse jour ou nuit, quel que soit le temps" développe celui qu'on  surnomme "le Professeur" dans le milieu de la voile. 

La course au large comme objectif

Sur le "A l'aveugle" ce matin là, l'ambiance est au partage. D'autres membres de l'association sont à bord pour profiter de la nav' évidemment, mais aussi du savoir des deux skippers professionnels. 

Pour Nicolas Roudouin, c'est une sortie plaisir (le vent n'aura pas permis que ce soit plus sportif), mais l'ambition de l'association est de faire concourir des personnes malvoyantes ou non voyantes lors de régates internationales en équipage. 

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