Sous-marins : réactions en Bretagne suite à la perte du contrat de 56 milliards d'euros avec l'Australie

La France vient de perdre un contrat de 56 milliards d’euros avec l’Australie pour la livraison de sous-marins conventionnels. Des ingénieurs des sites lorientais et brestois de Naval Group auraient dû contribuer à ce programme au long cours. Syndicats, élus et entreprise réagissent.

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Les mots du Ministre français des Affaires étrangères sont clairs : cette rupture de contrat entre la France et l'Australie, c'est un "coup dans le dos", a estimé jeudi matin le Breton Jean-Yves Le Drian.

La fin soudaine du "contrat du siècle"

La veille, l'Australie a rompu le "contrat du siècle" passé avec la France pour la livraison de douze sous-marins conventionnels (non-nucléaires) : un programme de sous-marins de classe océanique intitulé « Future Submarine Program » (FSP). Le gouvernement australien préférant soudainement se lancer dans une coopération avec les Etats-Unis portant sur des sous-marins à propulsion nucléaire.


"La France prend acte, notent Jean-Yves Le Drian et Florence Parly, la ministre des Armées, dans un communiqué de presse conjoint, n'hésitant pas à parler d'une "décision regrettable". "Le choix américain qui conduit à écarter un allié et un partenaire européen comme la France d’un partenariat structurant avec l’Australie, au moment où nous faisons face à des défis sans précédent dans la région Indopacifique, que ce soit sur nos valeurs ou sur le respect d’un multilatéralisme fondé sur la règle de droit, marque une absence de cohérence que la France ne peut que constater et regretter."

Un coup dur aussi sur le plan économique pour les sites de Naval Group impliqués dans ce contrat avec l'Australie.
 

"1.000 personnes impactées par l'arrêt du contrat"

Le contrat australien mobilisait 650 personnes en France et 350 en Australie, selon la CFE-CGC. Dans un communiqué, le syndicat insiste : "Il est important de rappeler que toutes les demandes du client ont été satisfaites par l'entreprise et ses personnels. Le produit n'est aucunement mis en cause."

Cette décision "ne remet en aucun cas en cause la qualité du produit proposé ou les compétences des personnels de Naval Group qui ont œuvré sans relâche sur ce programme depuis 2016." complète l'UNSA. "L’annonce de l’abandon du programme de sous-marins conventionnels Australian Future Submari ne (AFS) est un choc pour l’entreprise et l’ensemble de ses personnels".

Selon les représentants syndicaux, l’arrêt brutal de ce programme aura des conséquences économiques, industrielles et probablement sociales notamment sur la croissance annoncée des effectifs. D'après le CFE-CGC, les établissements de Cherbourg et de Lorient sont les plus impactés en termes de charge. "L’ensemble des équipes accuse le coup. La première préoccupation c'est évidemment l'avenir des 1.000 personnes impactées par l'arrêt du contrat."

Pour la CGT, l'annonce n'est pas une surprise : "Cela fait des mois qu'on entent parler de ça..." souffle Roland Guilcher qui s'étonne de l'étonnement de certains politiques. "C'est une décision hautement politique !" poursuit le délégué CGT de Naval Group Brest. "La question c'est maintenant de savoir que vont devenir les 1.000 personnes qui ont été embauchées pour ce contrat australien.  Naval Group comptant entre 15.000 et 16.000 salariés.
 

L'Australie va payer

Une rupture de contrat, pour laquelle l'Australie encourt des pénalités financières. Il est encore trop tôt pour en connaître le montant exact (ces indemnités étant déterminées par un contrat soumis à des clauses de confidentialité) mais Naval Group entend demander une "somme importante", d'après son directeur du Pôle Média Emmanuel Gaudez : "On va demander une indemnisation au titre de la rupture prématurée de l’engagement qu’ils avaient pris pour la réalisation des sous-marins", ajoute-t-il. 

 

La "trahison australienne"

Dans un communiqué de presse commun, plusieurs élus morbihannais parlent eux de "trahison australienne". "L’annulation du contrat passé par l’Australie avec la France et Naval Group pour un montant de 50 milliards d’euros est indiscutablement un choc pour la France, une trahison douloureuse et inacceptable entre alliés" soulignent Fabrice Loher, président de Lorient Agglomération et maire de Lorient, les députés du Morbihan Gwendal Rouillard et Jean-Michel Jacques et le sénateur du Morbihan Jacques Le Nay.

Selon eux, le site lorientais "sera impacté de manière limitée par cette décision unilatérale de l’Australie" mais "il n’en va pas de même du site de Cherbourg et nous assurons les personnels, les élus et la population de notre solidarité." 

Même son de cloche dans le Finistère où le site brestois de Naval Group pourrait être indirectement concerné. A l'image de Philippe Paul, sénateur LR de Douarnenez, le député LREM de la deuxième circonscription du Finistère Jean-Charles Larsonneur fait part sur les réseaux sociaux des inquiétudes et interrogations.  

 

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