La secrétaire générale de la Coordination rurale, Véronique Le Floc'h, productrice de lait à Elliant dans le Finistère a rencontré Emmanuel Macron ce lundi à l'Elysée. L'occasion de lui rappeler que les agriculteurs ne veulent plus vivre de primes mais de prix rémunérateurs.
Ce lundi 7 août, les représentants d'un monde agricole en crise ont présenté lundi à l'Elysée leurs doléances au président de la République. Emmanuel Macron a reçu dans le cadre des Etats généraux de l'Alimentation lancés fin juillet, les représentants des JA (Jeunes Agriculteurs) puis du Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux), de la Confédération Paysanne et enfin de la Coordination Rurale. La FNSEA avait déjà été reçue le 18 juillet dernier.
Ces rencontres se sont tenues dans un contexte tendu, quelques semaines après le lancement de ces Etats généraux qui doivent permettre notamment une répartition de la valeur plus favorable aux producteurs face à la grande distribution ou aux transformateurs.
Un entretien constructif
Parmi les syndicalistes entendus ce lundi, se trouvait Véronique Le Floc'h, productrice de lait à Elliant près de Quimper et secrétaire générale depuis décembre 2016 de la Coordination Rurale. Elle est ressortie de 45 minutes d'entretien avec le président, satisfaite d' "un échange constructif", où elle a eu le sentiment qu'Emmanuel Macron partageait de nombreux constats qu'elle a pu lui exposer en compagnie de Bernard Lannes, le président de la Coordination Rurale. Un président "à l'écoute" et qui "maîtrise son sujet" ont également jugé les autres syndicalistes à l'issue de leurs entretiens respectifs de la matinée.Des prix, pas des primes
Sur fond de valeur ajouté qui dégringole depuis des années, de revenus en berne et d'agriculteurs en détresse, la syndicaliste finistérienne a pu rappeler au chef de l'Etat le mot d'ordre de la Coordination "Des prix, pas des primes", appuyant sur le fait qu'il est "nécessaire de s'inscrire dans la durée dans une régulation européenne avec des prix rémunérateurs pour les agriculteurs indispensables pour créer un équilibre entre l'offre et la demande"."Pour l'aliment de base, qui est le pain, nous sommes à 3,4 centimes de blé dans un euro de baguette", a déclaré Bernard Lannes,
qui a réclamé la mise en place d'une meilleure traçabilité de l'origine des produits agricoles, mais également une "traçabilité de la marge pour que le consommateur devienne un consomm'acteur".
Devant le président, il a estimé que les Etats généraux de l'Alimentation ne pourraient "réorienter l'alimentation" que si on modifie la politique agricole commune européenne (PAC), portée par un commissaire européen à l'Agriculture Phil Hogan "ultra-libéral".
Selon Véronique Le Floc'h, Emmanuel Macron s'est engagé a oeuvrer auprès de l'Europe pour défendre la cause des agriculteurs. L'entourage du président a indiqué que ce dernier souhaitait "agir en amont des prochaines négociations commerciales, notamment au niveau européen avec la PAC, pour permettre un meilleur partage de la valeur ajoutée et permettre aux agriculteurs de vivre de leur métier".
Des états généraux en guise de diagnostic
Pour Véronique Le Floc'h, il ne faut "rien attendre" de ces états généraux de l'alimentation. Ils servent avant tout de diagnostic et sont "une étape préalable pour tout remettre à plat". Selon elle, "le président serait favorable à un audit de la coopération agricole et reconnaîtrait qu'il faut revoir la problématique agricole filière par filière". Il serait prêt à étudier la possibilité de faire rentrer les syndicats agricoles au sein du Haut conseil à la coopération agricole (HCCA) afin qu'ils puissent y faire entendre leurs voix.Emmanuel Macron a "réaffirmé son ambition autour des Etats généraux", qualifiés de "chantier prioritaire", et informé ses interlocuteurs qu'il "présenterait lui-même les conclusions de la phase 1 sur la création et la répartition de la valeur à la mi-octobre", a indiqué l'Elysée.
Avant cela, il s'est engagé, selon les représentants du monde paysan, à les revoir fin septembre pour procéder à une nouvelle consultation.