Tabagisme chez les femmes enceintes : la Bretagne particulièrement touchée

Les femmes bretonnes fument plus que les autres, notamment sur la fin de leur grossesse, c'est ce que démontrent les baromètres de l'Agence régionale de santé (ARS). Ce 28 janvier voit une journée régionale de réflexion autour du tabagisme féminin pour tenter de comprendre ce phénomène.


La région est particulièrement concernée par le tabagisme des femmes. La Bretagne présente même le taux le plus élevé de France, lorsqu'il s'agit de tabagisme chez les femmes enceintes, avec 28 % de femmes fumeuses au troisième trimestre de leur grossesse (contre 16 % sur le plan national). À 17 ans, 28 % des jeunes filles fument, contre 22 % chez les garçons.

Ce 28 janvier, plusieurs professionnels de santé organisent une journée de réflexion autour de cette problématique, alors que le tabac tue de plus en plus les femmes. 

À consommation égale, la femme a plus de risques qu'un homme de développer des pathologies

Un problème de santé publique


"Ce phénomène est d'abord préoccupant, à cause des conséquences du tabagisme. Il peut y avoir des effets pendant la grossesse, sur son déroulement avec des risques sur le bébé, un risque d'accouchement prématuré. Il fait aussi partie des facteurs favorisants, parmi les causes toxiques pouvant provoquer la mort subite du nourrisson," souligne le Docteur Catherine de Bournonville, pneumologue et tabacologue au CHU de Rennes.

Comment expliquer que le phénomène soit aussi marqué dans la région ? "Peut-être qu'en Bretagne il est trop acceptable socialement de fumer pendant la grossesse. Peut-être qu'il y a un travail à faire, d'information notamment auprès d'un certain public, défavorisé. Il faut aussi réaliser un gros travail sur la formation des professionnels, pour les aider à mieux accompagner les femmes, à sortir du tabac." 

D'autres questions se posent. Pourquoi l'annonce d'une grossesse n'est-elle pas suffisante pour entraîner l'arrêt du tabac, alors que les gens sont de plus en plus informés ? Pourquoi les adolescentes se mettent-elles à fumer ? Faudrait-il une approche spécifique concernant la prévention à destination des filles ? "On a remarqué que les consultations de consommation attiraient beaucoup plus les garçons et plus rarement les filles." 


Plus difficile pour les femmes d'arrêter


Le docteur Catherine de Bournonville constate : "C'est plus difficile pour une femme d'arrêter de fumer, que pour un homme. Elles demandent davantage d'aide, elles vont s'y reprendre à plusieurs fois." Différents facteurs expliqueraient cette situation. Une première piste pourrait être hormonale et ferait que les femmes seraient physiquement plus vulnérables au tabac. "Les oestrogènes pourraient augmenter la valeur 'récompense' lors de l'absorption du produit." 

Les raisons peuvent être sociétales. Le culte du corps et de la minceur prévaut chez les femmes. "C'est une crainte pour les femmes de prendre du poids lorsqu'elles arrêtent de fumer, c'est incontestable. Et dans les faits, elles prennent plus de poids que les hommes." 


Un marketing qui a adapté son discours aux femmes


"Ça fait 100 ans que l'industrie cible les femmes qui étaient à la base moins consommatrices que les hommes. Dans les années 70, l'industrie leur a proposé des cigarettes spécifiques, des marques féminines, des cigarettes légères ou arômatisées, avec des discours forts, comme sur le fait que le tabac rime avec émancipation," rappelle Karine Gallopel-Morvan, professeure des universités en marketing social à l'EHESP.  

 
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