Le témoignage de Wilfried D. a été émaillé d'incidents hier devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine. Ce complice supposé était appelé à la barre, il a nié toute implication dans le meurtre et le démembrement de Laëtitia Perrais. Ce vendredi matin, Tony Meilhon refuse de sortir de sa cellule.
"Je vis un véritable cauchemar depuis une semaine", confie Wilfried Delanöé. "Mon nom a été sali par Tony Meilhon". "Menteur", lui hurle subitement l'accusé, debout et en colère dans le box, ce qui lui vaut d'être immédiatement encadré par les gendarmes présents à ses côtés et un solide recadrage de la part du président de la cour, Philippe Dary. "Je ne tolérerai pas que vous fassiez une nouvelle interruption de séance, sans mon autorisation", lui lance d'une voix ferme ce dernier. "Si vous tentez d'intimider le témoin, si vous ne voulez pas que la vérité sorte de cette salle, on se passera de vous ici".
Le témoin nie
L'homme, âgé de 35 ans, est poissonnier. Il nie avoir aidé à découper le cadavre, rejette l'accusation de Tony Meilhon selon laquelle il aurait eu la charge d'immerger le tronc de la jeune fille. "Il (Tony Meilhon), dit que vous vous étiez vanté auparavant d'avoir découpé un corps et comme il n'arrivait pas à démembrer le cadavre de Laëtitia Perrais, il vous a fait appel", dit le président. "C'est de la barbarie, je ne suis pas comme ça", se défend le témoin.La confrontation du voisin de Tony Meilhon
Le témoin avait été placé en garde à vue, puis relâché au tout début de l'enquête. Car celle-ci n'a mis au jour aucun élément laissant penser qu'il y eut intervention d'une tierce personne dans cette affaire, avait rappelé devant la cour, il y a une semaine, le gendarme qui en avait la charge. Dans la salle d'audience, le silence est total, d'autant que le public sait qu'une deuxième confrontation se prépare.Un témoin, voisin de l'endroit où vivait Tony Meilhon, a vu le 19 janvier 2011 l'accusé revenir au lieu-dit Cassepot, à Arthon-en-Retz (Loire-Atlantique), suivi d'une camionnette blanche. Il a donné jeudi à la barre une description du chauffeur: petit, teint mat, portant une casquette. Le président a l'intention de le confronter à M. Delanoë, qui mesure 1,90m.
Quand ce voisin revient dans la salle d'audience, la tension est à son comble. Le président place les deux hommes côte à côte. On sait que M. Delanoë, qui était
chez Tony Meilhon le 18 janvier, a une camionnette blanche. S'il est reconnu, c'est un coup de théâtre.
Le voisin ne reconnaît pas le complice supposé. Murmures dans la salle. Mais l'audience n'en est pas finie pour autant. Tony Meilhon est convié à poser des questions à M. Delanoë. "A-t-il conscience que c'est moi qui vais tout prendre et que lui ne va pas être inquiété"? demande-t-il. "Est-ce que l'accusé est conscient du préjudice qu'il me cause ?", répond M. Delanoë, que Tony Meilhon enjoint de "fermer sa bouche". Nouvelle intervention du président.Non, je le reconnais pas
Mais Tony Meilhon ne lâche rien: "Je dis la vérité. Je vous garantis que je vais pas être le seul à payer". "C'est une menace" ? demande le président. "Pas une menace, c'est une promesse", rétorque Tony Meilhon.
La demande de pardon de Tony Meilhon
Auparavant, Tony Meilhon avait demandé "pardon" pour des "horreurs qui ne s'effaceront pas", assurant qu'il pensait aux faits "tous les jours". "Je sais que je suis un assassin, j'ai du sang sur les mains et les horreurs ne s'effaceront pas", a dit M. Meilhon.En première instance, Tony Meilhon a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans et d'une possible rétention de sûreté.