Francis Joyon (Idec Sport) file à toute vitesse vers le record du tour du monde à la voile en équipage et sans escale. Dans la nuit de mercredi à jeudi, il a franchi le Cap Horn avec 4 jours d'avance aux trois-quarts du parcours.
Le maxi-trimaran du navigateur français est entré dans l'océan Atlantique jeudi à 00h04 GMT après 26 jours 15 heures et 45 minutes, soit 4 jours 6 heures et 35 minutes de mieux que le temps de référence de Loïck Peyron, le détenteur du Trophée Jules Verne. Une avance qui rassure Joyon, lui qui avait doublé le cap de Bonne Espérance, au sud de l'Afrique, le 29 décembre avec 21 heures de retard sur Peyron.
Nouveau record au Cap Horn pour @IdecSport avec 4 j, 6 h et 35 min d'avance sur @loickpeyron (26j, 15h et 45 min) https://t.co/VpUD1UqYAb pic.twitter.com/ZgZKYjSbmb
— Francis Joyon (@FrancisJoyon) 12 janvier 2017
Une tentative de record mal engagée au début
"On n'était même pas sûr de réussir à partir", a rappelé Joyon à l'AFP, joint par téléphone quelques heures avant le passage au Cap Horn. "Le vent n'était pas sur la ligne de départ mais un peu au large, on n'était même pas sûr de réussir à rejoindre le vent de nord qui permettait de descendre. Mais on a réussi ces premières difficultés", a-t-il raconté. "Après, on a eu un pot au noir très compliqué où on a perdu pratiquement une journée. On commençait à s'inquiéter beaucoup sur nos chances d'être vraiment dans le jeu. Et les choses se sont mieux enchaînées, surtout après le cap de Bonne Espérance et dans l'océan Indien où on a eu des conditions de vitesse extraordinaires".Idec Sport (32 m), qui compte à bord Joyon et cinq hommes d'équipages (Clément Surtel, Sébastien Audigane, Bernard Stamm, Gwénolé Gahinet et Alex Pella) a parcouru 18 332 milles depuis le départ au large d'Ouessant (France) le 16 décembre, à une vitesse moyenne de 28,7 noeuds (53 km/h).
"Poursuivis par le diable!"
Joyon a dans le viseur le record de Loïck Peyron, détenteur du Trophée Jules Verne depuis janvier 2012 et sa circumnavigation à bord de Banque Populaire V (40 m) avec 12 équipiers, en 45 jours 13 heures 42 minutes."C'est un véritable challenge. Le Trophée Jules Verne, j'ai lu le roman, c'est une référence amusante mais c'est surtout, pour nous, faire un tour du monde dans des conditions particulières, c'est-à-dire sans assistance, sans escale et le plus rapidement possible", a souligné le skipper, qui ne nage "pas vraiment dans le bonheur pour l'instant".
"Il y a l'espoir de réussir quelque chose de difficile", se satisfait-il, en plus de voir "les albatros qui volent au dessus du bateau" dans un environnement avec bien peu de lumière dans les mers du sud.
Dans ce contexte, les hommes se serrent les coudes et chacun y va de sa petite histoire. "Sébastien (Audigane) nous a raconté qu'il avait passé le Cap Horn avec un vent de 80 noeuds et qu'ils étaient vraiment poursuivis par le diable!", rapporte Joyon, qui a doublé jeudi le Cap Horn pour la 3e fois de sa carrière de marin.
Le petit équipage a établi son mode de fonctionnement: deux sont au repos, deux sont sur le pont, un est prêt à aider. Quant à Joyon, il participe à toutes les manoeuvres. Désormais, ils s'attaquent à la remontée de l'Atlantique. Pour battre le record de Peyron, Idec Sport devra couper la ligne au large d'Ouessant avant le 30 janvier à 23 heures et 53 secondes. Un tour du monde en moins de 45 jours se profile.