Le collectif des festivals en Bretagne a mené pendant 3 ans une étude sur les bénévoles. Un chantier inédit pour mieux comprendre les pratiques, les motivations, et les freins des bénévoles.
Ils sont 14 000. 14 000 bénévoles à donner du temps et de l’énergie à 32 festivals bretons. Ces personnes, sans qui aucun gros évènement culturel ne pourrait se tenir, sont enfin au cœur d’une étude sérieuse.
« Very Important bénévoles ! » est le titre de cette étude initiée par le collectif des festivals qui s’est donné pour mission d’en savoir plus sur la place des bénévoles. Quelles sont les motivations des bénévoles ? Qu’attendent ils du festival ? qu’attendent les organisateurs ? quelle place leur est-elle faite ?
Voilà quelques une des questions auxquelles répond cette enquête, en essayant de ne pas perdre de vue la problématique centrale des droits culturels des bénévoles.
« Les bénévoles sont une richesse importante. On a donc décidé de s’arrêter un peu sur eux pour savoir pourquoi ils viennent, et est ce qu’ils sont contents » explique Maryline Lair, directrice du collectif des festivals.
56 salariés et bénévoles interrogés
Ce chantier expérimental et participatif a été mené par un groupe de travail constitué par les équipes de 6 festivals ( les Bordées de Cancale, Mythos, Panoramas, Festival Photo de La Gacilly, Quartiers d’été, les Transmusicales) accompagnées de 2 consultantes : Anne Burlot-Thomas et Hélène Cancel.
Ensemble elles ont fait le choix de réaliser une enquête qualitative sous forme d’ateliers d’échanges auxquels ont participé 56 personnes dont 37 bénévoles. Toutes ont été interrogées de la même façon sur leurs motivations, les difficultés, les améliorations à apporter et les moyens de valoriser le bénévolat au sein des festivals.
Le partage, moteur du bénévolat
L’étude menée a donné lieu à un rapport de 60 pages, rassemblant les informations sur les acteurs de cette étude, la méthodologie et les réponses des sondés.
On y découvre, sans grande surprise, les motivations à s’engager dans le bénévolat. Il s’agit notamment :
- de s’engager pour une cause,
- de partager des expériences et des compétences
- de créer du lien social
- de s’ouvrir aux autres
Pour Patrice, 66 ans, bénévole au Festival Photo La Gacilly « Le fait de se sentir utile pour sa commune, le lien au territoire, ça me permet de m’évader, de me sentir utile et de rester actif (…). Cela permet aussi d’apporter ses idées, de les partager avec d’autres pour toujours donner du plaisir à la population. »
Les barrières et les difficultés
Moins évident ou plus tabous, les ateliers participatifs ont permis d’aborder aussi les sujets qui fâchent. Ainsi les personnes entendues ont évoqué le manque de considération, l’impression de faire un vrai travail camouflé en bénévolat, la difficulté de s’engager dans le temps ou encore la difficulté de trouver des bénévoles pour les tâches plus ingrates, telles que le nettoyage des toilettes, de la vaisselle ou la surveillance des parkings.
Du donnant donnant
Enfin, l’étude met aussi clairement en avant les attentes des bénévoles et leur besoin de reconnaissance, parfois sous-estimés.
« La parole des bénévoles du chantier restitue bien le sentiment d’utilité et de fierté qu’ils et elles éprouvent vis-à-vis de l’événement qui les réunit et plus largement, à l’égard de leur territoire de vie. » résume Cécile Offroy, maîtresse de conférence associée à l’université Sorbonne Paris Nord, rattachée à l’IRIS-EHESS.
« Ils et elles soulignent aussi leur extrême sensibilité aux marques d’attention, de considération, de valorisation de leur travail. Car hors de toute contrepartie monétaire, la rétribution du travail bénévole s’exprime essentiellement sous sa forme symbolique, c’est-à-dire par la gratitude que lui manifestent publics, artistes et partenaires et par la reconnaissance que lui témoignent pairs et organisateurs » ajoute la responsable d’études à Opale.
Des outils pour améliorer la collaboration
Dernière partie du rapport "Very important Bénévoles" les axes d'améliorations de l'expérience du bénévole. De très nombreuses propositions y sont formulées, qui doivent permettre d'attirer de nouveaux bénévoles et de garder les bénévoles déjà impliqués. On y trouve notamment les idées suivantes:
- proposer des rencontres tout au long de l'année
- favoriser le partage d'expérience, la cooptation, la rencontre physique entre bénévoles et salariés
- prendre en compte les envies et les besoins des bénévoles en proposant des services dédiés comme des salles de repos, un parking ou un service de garderie
- valoriser le travail des bénévoles sur les réseaux sociaux et dans les médias
Maryline Lair, directrice du collectif des festivals était l'invitée de notre journal du 30 avril.