Yann-Fañch Kemener : grâce à lui la gwerz et le kan-ha-diskan ont parcouru le monde

Le documentaire "Yann-Fañch Kemener, passer en chantant" retrace le parcours de l'artiste qui a consacré sa vie au chant populaire en breton. Il est l'une des voix les plus connues de Bretagne. Après 45 ans de scène, il raconte son parcours pionnier et exceptionnel.


Il a fait connaître la gwerz. Yann-Fañch Kemener enregistre son premier vinyle de gwerzioù en 1977, "Chants profonds de Bretagne". C’est encore l’époque du folk, des musiques festives et militantes. Yann-Fañch interprète a capella des chants longs, aux mélodies dépouillées et envoutantes. Dans le documentaire "Yann-Fañch Kemener, passer en chantant" il relit avec tendresse, lucidité et humour sa vie d’enfant de Sainte-Tréphine devenu artiste. 


Une lignée de chanteurs


Jean-François Quémener est né à Sainte-Tréphine, en Centre Bretagne, en 1957, dans la langue bretonne et dans le chant en breton. Ses parents sont extrêmement pauvres. Sa mère chante et danse, comme toute sa famille maternelle. Jean-François entend parler des chanteurs exceptionnels qu’étaient ses arrières grands-mères ou un grand-oncle. Il chantera aussi, et par le chant il dépassera la misère des siens.


Apprendre des anciens


Il se souvient encore des premiers festoù-noz de son enfance, au tout début des années 1960, organisés pour l’école publique communale. Il y rencontre ses futurs maîtres en chant à danser : son voisin Eugène Grenelle et surtout Albert Bolloré, comme un père pour lui. Dès les années 1970, il se lance dans la collecte de chants et de contes auprès des plus anciens, détenteurs d'une culture menacée de disparition, d’oubli. Il travaille l’été dans un restaurant pour s’acheter son premier magnétophone et pouvoir les enregistrer. Une carrière professionnelle de chanteur avec ce répertoire est alors totalement illusoire. Ces chants racontent une civilisation paysanne traditionnelle que d’aucuns veulent enterrer, ne lui donnant aucune valeur. Jean-François n’en a cure. Il exerce divers métiers et parcourt villes et campagnes de Bretagne, pour y chanter tantôt en fest-noz tantôt dans une chapelle.


Chanter la gwerz


Dès 1977, Yann-Fañch Kemener réalise son premier enregistrement discographique : des gwerzioù, des récits épiques, interprétées a cappella. Certains de ces chants l’habiteront toute sa vie : Skolvan, Ar Basion vras, Iwan Gamus…Suivront, jusqu’à ce jour, une trentaine de disques et des centaines de concerts à travers le monde.


Une carrière exceptionnelle


Le documentaire revient sur cette carrière exceptionnelle avec des archives. Le groupe Barzaz est révélé au public breton en 1989, avec Jean-Michel Veillon, Gilles Le Bigot, Alain Genty, David Hopi Hopkins. En 1993, grâce à Dan ar Braz et L’Héritage des Celtes, il fait la connaissance de Didier Squiban : ils formeront un duo au succès phénoménal. Puis Yann-Fañch rencontrera le violoncelliste Aldo Ripoche, le début d’un compagnonnage de près de vingt ans.
Affaibli par la maladie, Yann-Fañch Kemener travaille encore. Après la publication d’un premier recueil de chants, "Carnets de route / kanaouennoù kalon Vreizh" (Skol Vreizh, 1996), essentiellement des gwerzioù, puis d’un recueil de contes (Yoran embanner, 2014), il travaille aujourd’hui à la publication d’un recueil de chants à danser avec quatre jeunes collaborateurs. Il veut voir cet héritage lui survivre.

Son arrêt maladie lui interdit de se produire sur scène. Il le vit comme une punition. Qu’importe, il enregistre chez lui un nouveau CD, "Roudennoù / Traces" (Buda Musique, 2019) avec notamment Erwann Tobie et Heikki Bourgault, où éclate sa joie à chanter pour faire danser. La caméra capte ce moment. Une séquence musicale particulièrement poignante vient presque clore le documentaire. Avec le violoncelliste Aldo Ripoche, il interprète "Gwerz an ene evurus", l’adieu de l’âme au corps à l’heure de la mort.


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