L'orléanais Florian Rousseau, légende du cyclisme sur piste, a décidé de quitter son poste d'entraîneur du sprint. Il dénonce "une fracture entre les dirigeants et les entraîneurs"
Dans un entretien accordé à l'AFP Florian Rousseau dresse un constat sévère de l'état du cyclisme sur piste français, d'autant plus accablant de la part de l'ancien champion et entraîneur qui incarne l'éclatante réussite du sprint français sur piste durant les deux dernières décennies (9 titres en vitesse individuelle et 10 titres en vitesse par équipes depuis 1995).
Q: Pourquoi quittez-vous votre poste d'entraîneur ?
- R: Aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir atteint ma limite par rapport à notre organisation, au fonctionnement que propose la Fédération française de cyclisme.
Q: Quand avez-vous pris votre décision ?
- R: Je me suis posé la question avant les JO. Pendant tout l'hiver, je me suis interrogé sur ce que je peux apporter en tant qu'entraîneur national. Et il y a bien sûr des éléments extérieurs qui m'ont amené à cette décision.
Q: Quels sont ces éléments ?
- R: Le temps de latence en matière d'organisation de notre fédération. On savait que notre Directeur technique National partait, qu'il allait y avoir un nouveau DTN. Mais des choses pouvaient déjà être mises en place en s'appuyant sur les entraîneurs nationaux qui restent, le BMX, le VTT... Cela n'a pas été fait. Et puis (il y a) la fracture entre les dirigeants de la fédération et le côté sportif, les techniciens, les entraîneurs, tous les entraîneurs..."
Q: Un poste à la fédération est-il envisageable pour vous ?
- R: C'est envisageable mais pas à n'importe quelles conditions.
Q: Le président de la FFC, David Lappartient, projette de créer une équipe professionnelle mutidisciplines avec de gros moyens...
- R: Le président Lappartient m'avait soumis le projet de l'équipe. Cela va être bien mais ce n'est pas suffisant. Pour que Grégory Baugé ou d'autres soient champions olympiques à Rio, c'est dès maintenant qu'il faut agir. Pas dans un ou deux ans... On ne peut pas attendre. Pour eux, il va falloir que la Fédération trouve un entraîneur.
Q: Avez-vous alerté de votre côté la FFC ?
- R: J'ai fait part en 2011 de ce que je pensais, de la réorganisation possible, j'en ai parlé encore aux JO. Sans évoquer les moyens, il s'agissait de rationaliser les choses, de faire des choix par rapport aux compétitions, à notre organisation, aux vélodromes. (Mais) on n'est pas consulté, on ne demande pas notre avis, on ne sent pas la volonté d'impliquer les techniciens. Dans les missions de la fédération, il y a bien sûr le développement de la pratique sportive mais il y aussi le haut niveau. Ce sont les équipes de France ! On a l'impression que la fédération a oublié cette mission.
Q: Un départ à l'étranger est-il la piste la plus sérieuse pour vous ?
- R: Pour l'instant, il n'y a pas de piste plus sérieuse qu'une autre, entre la fédération ou l'étranger. L'olympiade a déjà commencé, il y a moins de propositions.
Q: Mais vous êtes sur le marché ?
- R: Oui, je suis sur le marché.
Q: Votre choix marque la fin du binôme que vous formiez avec Greg Baugé...
- R: C'est difficile... Pour chaque athlète, le rapport est différent. J'ai vécu sept années extraordinaires, j'ai eu la chance d'encadrer des athlètes de ce talent.