Dominique Huez, médecin du travail, a reçu un avertissement de l'Ordre des médecins du Centre pour avoir émis un certificat diagnostiquant une pathologie anxio-dépressive d'un salarié en raison "du vécu de maltraitance professionnelle" à la centrale nucléaire de Chinon (Indre-et-Loire).
Le Dr Huez était attaqué par un sous-traitant d'EDF, la société Orys, qui estimait qu'il avait enfreint le code de déontologie en rédigeant, en décembre 2011, un certificat "sans recul, à partir de simples déclarations" du salarié, entraînant un arrêt de travail.
Le certificat avait ensuite été produit par le salarié lors d'un procès aux prud'hommes. Selon lui, son employeur le confrontait à des situations professionnelles pour lesquelles il n'était pas formé, et le sanctionnait en le nommant loin de chez lui, puisqu'il habitait dans le sud-est de la France. Il réclamait 50.000 euros de préjudice à son employeur.
Lors de l'audience devant le Conseil de l'Ordre à Orléans le18 décembre dernier, Me Sylvie Topaloff avait défendu le droit du médecin du travail d'établir un lien entre les souffrances d'un salarié et ses conditions de travail. Me Pascale Mazel, avocate de la société Orys, avait estimé que le médecin du travail avait outrepassé ses droits en se basant sur les simples déclarations du salarié.
Le praticien a reçu froidement l'avertissement que lui a adressé l'Ordre des médecins du Centre le 17 janvier.
J'estime avoir respecté la déontologie médicale. J'avais peur que ce patient se suicide, j'ai agis dans son intérêt. L'Ordre des médecins est une institution réactionnaire qui a oublié la question sociale et qui méconnaît le droit du travail, a expliqué le Dr Huez, qui a été condamné à verser 35 euros de frais de justice.
Le médecin va faire appel de cette sanction, ainsi que le révèle une information du quotidien régional La Nouvelle République du Centre-Ouest.
►vidéo: D.Huez réagit à sa sanction (par P.Ferret et F.X Mauffrey - Chambray-les-Tours)