Dominique Huez, médecin du travail à la centrale nucléaire de Chinon, comparait mercredi devant la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins du Centre. Il est poursuivi pour avoir délivré à un salarié un certificat faisant le lien entre son état de santé psychique et ses conditions de travail.
La plainte a été déposée en février 2013 par la société Orys, sous-traitante de la centrale de Chinon (Indre-et-Loire). L’entreprise reproche à Dominique Huez d’avoir "manqué à ses obligations professionnelles et déontologiques". En reconnaissant que "la pathologie anxio-dépressive" d'un de ses salariés était liée à ses conditions de travail, le médecin du travail n'aurait pas respecté les notions de "prudence" et de "circonspection".
Le certificat de Dominique Huez était venu s'ajouter au dossier pour harcèlement moral que le patient était en train de constituer. Or, depuis, 2002, l'employeur peut lui-même être poursuivi s'il n'a pas pris les mesures nécessaires pour protéger la santé physique et mentale des salariés. Avec, à la clé, des indemnités à verser au salarié qui peuvent s'avérer lourdes de conséquence pour l'entreprise.
En mai 2013, Dominique Huez avait refusé de se rendre à une commission de conciliation organisée par le conseil de l'ordre des médecins avec la société Orys. "La loi m'interdit de donner à l'entreprise la moindre information sur la santé d'un de ses salariés." avait-il expliqué dans un entretien accordé au Monde. Ce matin, le médecin du travail a cette fois-ci répondu à la convocation de la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins à Orléans. Un comité de soutien composé de médecins, de militants écologistes et de représentants de la CGT, soit près de cinquante personnes, était présent pour l'accueillir à son arrivée.
►vidéo Le Dr D.Huez entendu par le conseil de l'ordre des médecins du Centre
avec la participation: Michel Lallier, représentant CGT au haut comité à la transparence et à la sécurité nucléaire et Maître Sylvie Topaloff, Avocate du Docteur Huez et le Docteur Dominique Huez
Reportage P.Bouchenot, S.Hadelin
►lire aussi l'article de rue89.fr : Qui veut la peau du médecin de la centrale nucléaire ?