Visiblement, oui ! La grande majorité des habitants interrogés par téléphone ont expliqué n’avoir aucune animosité envers ces « machines électroniques » malgré les nombreux points négatifs répertoriés dans cet article.
Seule ville connue en région Centre à avoir adopté le vote électronique : Bourges. Depuis 2004, 68 bureaux en ont été équipés. Au début, on s’en souvient, les machines électroniques n’étaient pas les bienvenues dans les bureaux de vote de Bourges. « Elles n’inspirent pas », « c'est trop compliqué ». Il faut dire, il y a dix ans, Internet n’était qu’à ses premiers clics de souris. Peu de personne possédait un ordinateur chez soi. Alors la « machine électronique » apparaissait comme le "alien" des scrutins. Une association avait même vu le jour, à Bourges, pour s’élever contre son arrivée sur le sol berruyer. En vain, il s'est fait envahir.
Mais depuis, l’eau a coulé sous les ponts et le vote électronique est entré dans les mœurs et les croyances. « C’est devenu une routine » pour Christian, électeur de Bourges. Et quand on parle de fiabilité à Christian « Je pense que c’est possible de frauder, rien n’est fiable à 100% mais je reste confiant dans la ville de Bourges. Il existe des fraudes dans les grandes villes où les enjeux politiques sont réels, importants mais pas pour une ville comme la nôtre ». Marylise aussi brandit le drapeau de la fiabilité et de la franchise « Je fais confiance à mon pays ».
Pour Patrick Mercier, lui aussi habitant de Bourges, le vote électronique « c’est bien ». « Il y a toujours des personnes qui sont contre mais une fois qu’on vote de cette façon là, ça va. Il y a en plus une économie de papiers, d’enveloppes et pas de possibilité d’erreur. Et puis, c’est simple, c’est rapide. Je ne vois aucun inconvénient ».
Les inconvénients, il y en a pourtant
Ils ont été pointés du doigt par l’observatoire du vote. Parmi les griefs :
La fiabilité. La puce électronique peut être commutée avec une autre puce programmée délibérément pour faire gagner un candidat. On n’y voit que du feu. Mais les résultats sont faux, comme le montre cette vidéo où la machine prise en exemple est de marque Nedap, celles-là mêmes qui sont utilisées en France et à Bourges.
A l’acte délibéré, s’ajoute le problème technique : imaginez une grosse panne d’électricité le premier jour du scrutin, dès la première heure, qui du coup entraîne un bourrage de papier, et fait bugger la machine… Eh bien malheureusement, ces cas peuvent arriver.
Enfin, pour ses détracteurs, ce sytème de vote a l’inconvénient de ne pas pouvoir être contrôlé par le public, un droit démocratique qu'ils jugent bafoué.- Deuxième grief. La possibilité d’orienter le vote des indécis. En montrant le mode de fonctionnement, les plus vulnérables peuvent être TROP aidés… Si vous voyiez ce que je veux dire ?
- Les candidats malheureux, s’ils veulent contester, comment font-ils ? Eh bien ils ne peuvent pas. En l’absence de bulletins de vote, il est donc impossible de les recompter !
- Plus rapide, plus écologique ? Euh pour ça, on revotera. Plus rapide pour les résultats, certes, encore faut-il que la machine ne tombe pas en panne (voir plus haut). Mais pas moins rapide au moment du vote. Car en général les bureaux ne sont dotés que d’une seule machine électronique contre 3 ou 4 isoloirs. Les files d'attentes s’allongent. Il faut en outre expliquer le mode de fonctionnement. Concernant le papier, effectivement, on économise un peu de papier, mais cela ne représente que 10 % du papier consommé pour une élection (la plus grosse part étant formée de la propagande électorale, enveloppe, programme). Ensuite, quand il faut penser au recyclage de la grosse machine, là encore, le coût écologique est plus lourd que celui de la fabrication des rames de papier nécessaires à une dizaine de scrutins.
- Enième grief, le vote blanc. Des statistiques prouvent que le vote éléctronique favorise le vote blanc.
Une association de Bourges contre le vote électronique
Après l’arrivée des "soucoupes votantes" sur la ville de Bourges, une poignée d’habitants a fait barrage... Aujourd’hui, il semblerait qu’elle ait disparue (l'association, pas les soucoupes votantes). Mais une ancienne membre (et peut-être tous les autres?) reste toujours opposée. « Je suis complètement contre. On arrive au bureau de vote et on est devant le fait accompli. On vous impose ce mode de vote. Et si on est contre, alors c'est de notre intérêt de le dire quand on va voter. On n’a pas moyen de contrôler les résultats, ce n’est pas légitime. Il y a bien des experts, des spécialistes qui sont présents pour contrôler mais ils ne sont pas assez nombreux ".
Avant d'ajouter. "L’actualité de la sphère politique nationale ne rassure pas sur le vote électronique. Quand on voit toutes ces bagarres politiques, les fraudes actuelles, le placement d’argent sur des iles etc, quand on voit tout ce que peut être capable un politique pour gagner, alors on se dit qu’à notre niveau la fraude aussi est possible ».
Points positifs
Il en existe aussi !- Remède contre le casse-tête chinois. Quand, à la dernière minute, il faut trouver des bénévoles aux mains innocentes pour le dépouillement. Idem pour les bureaux de vote. Alors là, les politiques, élus sont heureux, contents, joyeux, ravis, réjouis, de trouver la machine électronique. Il faut savoir que le vote papier nécessite 4 scrutateurs volontaires par table de vote. Si on peine à les trouver, le dépouillement tarde. Certains bureaux de vote peuvent rester ouverts jusqu’à 23 h !
- Plus rapide pour le dépouillement et pour les résultats. Ca, c’est bien pour nous, les journalistes : plus vite on sait, plus vite on transmet !
- Enfin, fini les insultes inscrites sur les bulletins, et l'ajout de noms improbables comme Rex, Némo, ou E.T !