Un arbre de la laïcité sera planté mardi après-midi à Champhol en Eure-et-Loir. Cent neuf ans après la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, le principe de laïcité a-t-il encore besoin d’être réaffirmé ? Eléments de réponses avec Charles Conte de la Ligue de l’enseignement
Le mouvement laïque se mobilise autour du jour anniversaire de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, le 9 décembre. Pour Charles Conte, administrateur à la Ligue de l’Enseignement, » il s’agit avant tout "d’illustrer ses principes et ses valeurs, et en particulier la liberté de conscience." Car si la laïcité n’est pas menacée en France, il est toujours utile de la défendre. "Il y a bien eu une tentative de révision de la loi quand N.Sarkozy était au pouvoir qui consistait à établir un lien entre l’appartenance politique et la croyance religieuse mais globalement, nous sommes confiants. Quand des demandes de dérogations nous parviennent – concernant la nourriture ou des activités sportives – nous nous engageons dans une concertation avec l’ensemble des acteurs (enseignants, parents d’élèves) pour trouver une solution équilibrée et libérale."
A Béziers, le maire FN Robert Ménard a installé une crèche dans l’enceinte de l’hôtel de ville. A Nice, le président du conseil général l'UMP Eric Ciotti vient de faire de même. Ces actions portent-t-elles atteintes à la laïcité ? "C’est avant-tout un geste politique. Les crèches ne concernent que les catholiques, en les installant dans un lieu public, ces élus enfreignent la loi de 1905» commente Charles Conte avant de préciser que certaines traditions locales, comme les crèches provençales par exemple, peuvent être tolérées dans l'espace public.
►video: interview à Champhol de Martine Trofleau du Collectif laïque 28
Que dit la loi de 1905 ?
Laïcité et neutralité:
le principe de laïcité impose des obligations au service public, la neutralité à l'égard de toutes les opinions et croyances.
Laïcité et liberté religieuse: la laïcité ne peut ignorer le fait religieux et implique l'égalité entre les cultes. Dans la ligne de sa jurisprudence classique sur les libertés publiques, le juge administratif s'efforce de concilier liberté religieuse et respect de l'ordre public.
Laïcité et pluralisme: si le législateur, en 1905, a fait disparaître la catégorie des cultes reconnus, et si l'Etat ne doit donc désormais "reconnaître" aucune religion, il ne doit en méconnaître aucune. Parmi les acquis de la laïcité, figurent l'affirmation que toutes les religions ont droit à l'expression et, contrepartie de la précédente, celle qu'il ne doit pas y avoir, par une ou plusieurs d'entre elles, accaparement de l'Etat ou négation des principes fondamentaux sur lesquels il repose.»