Dans une lettre adressée à la ministre du Travail, 100 députés LREM proposent que les salariés du public et du privé puissent faire don de jours de congés payés aux soignants. 5 des députés signataires sont des élus du Centre-Val de Loire.
Et si nous allions plus loin que des applaudissements à 20h ? C’est le sens de la demande formulée par des députés LREM qui souhaitent que les salariés puissent faire don de congés payés aux soignants.
Dans un courrier cosigné par 100 députés LREM et adressé à la ministre du Travail Muriel Pénicaud, le député du Calvados Christophe Blanchet évoque "la frustration" exprimée par certains Français "qui ne peuvent ou ne savent aider d’avantage" et propose donc "que l’on puisse permettre aux salariés qui le désirent et qui le peuvent, dans le public comme dans le privé, de faire don d’une partie de leurs congés payés (…) au bénéfice de ceux qui luttent directement contre le coronavirus".
Cette proposition vise à permettre aux 23 millions de salariées d’offrir des RTT aux soignants, j’interpellerai la Ministre du Travail @murielpenicaud à ce sujet dans quelques minutes dans l’hémicycle. #DirectAN #JeDonneMesRTT https://t.co/Fv13KNbVDY
— Christophe Blanchet (@christoblanchet) May 12, 2020
Parmi les signataires de cette lettre, cinq sont des députés LREM du Centre-Val de Loire : François Cormier-Bouligeon (Cher), François Jolivet (Indre), Fabienne Colboc (Indre-et-Loire), Loïc Kervran (Cher) et Stéphanie Rist (Loiret).
"Les soignants ont beaucoup donné surtout dans certains services, et sont fatigués", constate la députée du Loiret Stéphanie Rist, "donc les vacances seront, bien sûr, les bienvenues". Même constat pour le député du Cher Loïc Kervran qui espère ainsi offrir "un peu de répit" aux soignants.
Des congés transformés en chèques vacances
Mais l’élu du Cher fait également le constat qu’avec le nombre exponentiel d’heures effectuées par le personnel médical durant la crise sanitaire, "ils ne manquent pas de congés". La proposition prévoit donc de monétiser ces dons et de les redistribuer sous forme de chèques vacances afin de leur offrir "des vacances un peu mieux que ce qu’ils auraient eu sans ça", explique Loïc Kervran. Pour Stéphanie Rist, c’est la réponse appropriée aux demandes des Français : "J’ai eu beaucoup d’échanges avec des gens qui m’ont dit : « Est-ce que vous pensez que ce serait intéressant qu’on puisse prêter notre maison pour une semaine de vacances ? », ou des choses comme ça… donc, je pense que ça répond à une demande de nos concitoyens que j’ai entendus pendant la crise ".Selon Loïc Kervran, l’idée fait écho à une initiative qui avait eu lieu dans le Cher, lorsque des agents de l’URSSAF de Bourges avaient souhaité donner des congés aux personnels soignants. La Loi ne permettant actuellement d'en faire le don qu’à un parent d’enfant malade ou à un collègue "proche aidant" au sein de sa propre entreprise, les salariés de l’URSSAF avaient eu l’idée de les monétiser sous forme d’actions "pour le bien-être des soignants". "C’est quelque chose qu’avec les collègues du Cher nous avons partagé avec le député qui est à l’initiative de cette proposition. Ce n’est pas le Cher qui a fait des émules mais c’est venu contribuer à la réflexion."
Le choix a également été fait de transformer ces congés en chèques vacances afin d’aider, par la même occasion, le secteur du tourisme "qui a beaucoup souffert et qui va continuer à souffrir dans les semaines qui viennent", explique Loïc Kervran, même s’il sait que ces chèques ne pourront pas forcément être utilisés tout de suite : "Cela peut être dépensé à proximité et si ça ne peut l’être qu’en septembre, ce sera en septembre …"
La ministre "soutient pleinement" la proposition
Le projet a été accueilli très favorablement par la ministre du Travail lors des questions au Gouvernement ce mardi 12 mai. Muriel Pénicaud a jugé la proposition "très intéressante" et affirmé la soutenir "pleinement". "Nous allons travailler ensemble sur les modalités de son exécution", a-t-elle ajouté.L’enthousiasme de la ministre n’a pas surpris Stéphanie Rist : "On a commencé déjà depuis plusieurs jours à travailler dessus avec les ministères pour proposer quelque chose qui soit réalisable, qui ne soit pas qu’une tribune qui ne soit pas applicable derrière, donc on savait qu’il y avait une possibilité de travailler le sujet".
La Ministre @murielpenicaud apporte le soutien du Gouvernement à ma proposition " Quand on a la volonté, on y arrive et je pense que l'on est dans une crise exceptionnelle. Toutes les innovations doivent être encouragées. pic.twitter.com/7cWB1udacQ
— Christophe Blanchet (@christoblanchet) May 12, 2020
Les députés LR crient au plagiat
Mais si l’initiative a été applaudie par l’Assemblée, elle a également été quelque peu chahutée par Les Républicains, en réaction à un tweet publié ce mardi matin par le député LR de l’Oise Maxime Minot. Ce dernier y accuse les députés LREM de "plagiat", alors qu’il avait déposé dès le 22 mars dernier une proposition de loi "instaurant un don de jours de repos pour les personnels soignants". Un projet qu’il affirme également avoir proposé aux députés de la majorité "en cosignature".Beau plagiat des députés de la République en Marche @LaREM_AN d’une PPL déposée le 22 mars que je leur ai pourtant proposée à cosignature. Nouvel exemple des méthodes du nouveau monde... Révolté et choqué devant tant de sectarisme ! https://t.co/qYtcX6IYez
— Maxime Minot (@MaximeMinot) May 12, 2020
Tout comme dans la lettre des députés LREM, Maxime Minot proposait de rendre ces jours de congés monétisables, non sous forme de chèques vacances, mais "contre l’équivalent de rémunération du donneur versée par l’entreprise de ces derniers sous forme de prime."
"C’est une initiative qui est portée au départ par le député Christophe Blanchet qui est quelqu’un de ma commission que je connais très bien et en qui j’ai toute confiance", réagit Loïc Kervran. " .. Peut-être que d’autres personnes ont eu la même idée mais j’exclue totalement qu’il y ait un plagiat derrière ça".
Stéphanie Rist elle, juge "très bien" que le projet soit "transpartisan". "Mais les questions de personnes et d’égo n’ont pas lieu d'être pendant une crise comme on la vit actuellement, avec des gens qui sont dans la difficulté. Ce qui compte c’est le résultat, ce n’est pas qui porte le projet".