L'association L214 était présente ce mardi 2 mars dès 5 heures devant l'abattoir de Blancafort. Accompagnée de deux eurodéputés et d'un huissier, elle espère contribuer au respect de la réglementation européenne sur le transport des animaux.
Nouveau rebondissement dans le combat de L214 contre l'abattoir de Blancafort. L'association révélait déjà en décembre dernier des pratiques de "maltraitance animale" concernant le transport des animaux jusqu'à l'établissement. Pour rappel, ce dernier appartient au géant européen LDC, propriétaire des marques Maître Coq, Marie ou encore Le Gaulois. Egalement épinglé par la préfecture, la direction avait 48 heures pour redresser le tir.
Contrairement à ce qu'avait annoncé la Préfecture du Cher, ces non-conformités en matière de bien-être animal n'ont pas été rectifiées. L214 est donc venue ce mardi 2 mars dès 5h pour constater les faits. L'association était accompagnée de deux eurodéputés et membres de la commisssion d'enquête sur le transport des animaux, Caroline Roose (EELV) et Manuel Bompard (LFI), ainsi que d'un huissier de justice.
Depuis 5h ce matin, nous sommes avec @CarolineRooseEU et @L214 devant l'abattoir de #Blancafort dans le #Cher. En décembre, une enquête de @L214 avait révélé d’importantes infractions à la législation européenne. Nous avons voulu constater par nous mêmes. pic.twitter.com/tNVFsnDaHC
— Manuel Bompard (@mbompard) March 2, 2021
5 camions bloqués par la direction pour qu'ils ne soient pas vus
Ce matin, à l'aube, une quizaine de personnes ont eu la surprise de constater que sur les 6 camions de transport prévus, un seul est arrivé avant 9h, contrairement aux jours précédents. Selon nos équipes sur place, les 5 autres auraient été bloqués par la direction de l'abattoir afin de ne pas être vus. Or, le règlement européen de 2005 relatif à la protection des animaux pendant le transport décrète que : "L'acheminement des animaux ne doit être interrompu que si une telle mesure est indispensable au bien-être des animaux transportés ou pour des raisons de sécurité publique". Ils avaient jusqu'à 10 heures pour être là : ils sont arrivés à 9h30, "en moins d'une minute" selon l'eurodéputé Europe Ecologie les Verts Caroline Roose.
Une fois les véhicules sur place, les personnes présentes ont pu se rendre compte que la taille des cages n'avait pas été modifiée depuis la mise en demeure de l'entreprise. Dans le directive du conseil du 19 novembre 1991 relative à la protection des animaux en cours de transport, il est stipulé que "les animaux doivent disposer de suffisamment d'espace pour rester debout dans leur position naturelle et, le cas échéant, de barrières les protégeant contre les mouvements du moyen de transport". De toute évidence, cette loi n'était pas effective ce matin à Blancafort.
Afin de prouver le manque d'application de ces textes, un huissier de justice était présent sur les lieux pour filmer la scène. Il en découlera un constat, qui viendra compléter la plainte déposée en décembre dernier contre l'abattoir et le transporteur.
"Circulez, il n'y a rien à voir"
Les deux eurodéputés étaient présents ce matin dans le cadre de la commission d'enquête sur le transport des animaux. Créée le 19 juin 2020, elle a pour but de veiller à ce que les textes européens relatifs à cette thématique soient respectés. Pour cela, ils ont besoin de se confronter au terrain. C'est donc dans ce cadre qu'ils ont pu s'entretenir avec le responsable de l'abattoir, qui aurait rétorqué : "Tout est aux normes. Mais impossible d'aller observer à l'intérieur. Circulez, il n'y a rien à voir".
Nous avons pu nous entretenir quelques minutes avec le responsable de l’abattoir. « Tout est aux normes à l’intérieur »
— Caroline Roose ? ? ?? (@CarolineRooseEU) March 2, 2021
Mais impossible d’aller observer à l’intérieur.
Circulez, il n’y a rien à voir!
Les souffrances documentées par @L214 en décembre étaient, elles, bien réelles. pic.twitter.com/p8L3CPrZni
Pour Sébastien Arsac, le directeur des enquêtes et porte-parole de L214, "l'écart colossal entre la règlementation et son application est consternant. Après chacune de nos enquêtes, les autorités se veulent rassurantes en parlant de réglementation et de services de contrôle. Il n’en est rien : ici, une loi applicable depuis près de 30 ans est bafouée par le numéro 1 de la viande de volaille en Europe, en toute impunité".
Suite à ces événements, les deux eurodéputés ont donc pu dresser un premier compte-rendu de la situation, ce qui devrait permettre l'amélioration du texte de 2005 évoqué plus haut. De plus, Manuel Bompard assure sur son compte Twitter qu'ils allaient "interpeller le ministre de l'agriculture sur ces violations de la loi".