Ce qu’il faut retenir de la mobilisation des agriculteurs du Centre-Val de Loire montés à Paris

Des kilomètres de ralentissements autour de Paris, le périphérique à l'arrêt, les Champs-Elysées bloqués, mais quels bénéfices concrets pour les agriculteurs ? A l’issue d’une réunion au ministère de l'Agriculture, la présidente de la FNSEA appelle à "suspendre le mouvement".

Ils sont partis très tôt ce matin.
Essentiellement depuis l'Eure-et-Loir et le Loiret en ce qui concerne les tracteurs, mais aussi depuis les 6 départements, pour les représentants de la FNSEA et des JA (Jeunes Agriculteurs) du Centre-Val de Loire montés à Paris en voiture.
Ils ont particpé à des opérations escargots dès 6 heures du matin et ont lentement regagné la capitale au gré des convois organisés et de leurs accompagnateurs.


Rejoints par des centaines de collègues venus des Hauts-de-France, de Bourgogne ou de Normandie, ils ont été vus par les automobilistes du périphérique parisien et les citoyens de la capitale, jusque sur les Champs Elysées.


Est-ce un succès ?

Oui, bien sûr, pour les organisateurs, qui envisageaient la présence d'un millier de tracteurs et qui s'en sont approchés, environ 800 à 850 engins agricoles au total.
Oui, aussi, car les représentants nationaux de la FNSEA et des JA ont bien été reçu au ministère de l'agriculture en fin d'après-midi.
Néanmoins ils souhaitaient rencontrer Emmanuel Macron en personne et ont vu Didier Guillaume, le ministre de l'Agriculture et Anne de Bayser, la Secrétaire Adjointe de l'Elysée.

   

Du concret ?

Cette nouvelle journée de mobilisation, aussi spectaculaire soit-elle, n'a pas changé la donne.
Sur les objectifs de réduction d'utilisation des produits phyto-pharmaceutiques, les pesticides, ou de suppression de l'herbicide à base de glyphosate, les pouvoirs publics n'ont pas l'intention de revoir leurs ambitions.
Le ministère de l'Agriculture réitère simplement sa décision d'accompagnement technique et financier des exploitants et envisage la mise en place de quelques dérogations, pour ceux qui ne pourraient pas répondre à la demande de sortie du glyphosate sans mettre leur ferme en danger.
L'argument de la FNSEA concernant les distorsions de concurrence, issues notamment d'accords commerciaux internationaux comme le CETA (traité de libre échange entre le Canada et l'Union Européenne) ou le MERCOSUR (le marché commun de l'Amérique latine), est retoqué par les représentants de l'Etat.
Le gouvernement estime que des gardes-fous existent et que la France ne transigera pas sur les exigences de qualité et de traçabilité des produits importés.
Pour tout le reste, "l'agribashing", les arrêtés municipaux de ZNT (Zone de Non Traitement aux abords des habitations) ou les retombées de la loi Egalim (Loi Agriculture et Alimentation), le gouvernement rappelle qu'il faut poursuivre le dialogue et améliorer les dispositifs ou la communication avec les citoyens et les élus.
   

La Suite ?

La mobilisation du jour ne fera pas baisser la pression chez les agriculteurs les plus excédés.

La visite en Loir-et-Cher, ce jeudi, du premier ministre Edouard Phillipe, sera l'occasion de maintenir les troupes en ordre de marche.

FNSEA et JA donnent rendez-vous à leurs adhérents dès 9 heures, ce jeudi, devant la sous-préfecture de Vendôme, où est attendu le chef du gouvernement.
Leurs demandes seront strictement les mêmes qu'avant la manifestation parisienne :
  • Pas de distances de non traitement, ou des ZNT ramenées à zéro mètre
  • Le respect de la loi EGAlim dans les négociations entre les agriculteurs et la distribution pour assurer de meilleurs prix 
  • La condamnation des actes de stigmatisation des agriculteurs 
  • Le rejet des accords commerciaux internationaux nuisibles à l’agriculture française.


L'avis des autres syndicats agricoles

Derrière l'alliance FNSEA-JA, majoritaire en France, le second syndicat agricole, la Coordination Rurale, adopte des positions semblables sur plusieurs points.
Dans certains départements, comme le Loir-et-Cher, la C.R a même proposé de se joindre à la manifestation parisienne. La FNSEA a rejeté cette possibilité d'intersyndicale, au grand regret du président de la Coordination Rurale Centre-Val de Loire, Philippe Motheron :

Nous étions prêts à remplir un bus d'adhérents de la C.R pour monter à Paris, mais la direction nationale de la FNSEA n'a pas donné suite à notre proposition. J'ai trouvé que c'était vraiment dommage, parce qu'on a beaucoup de choses en commun sur les difficultés du moment. (..) L'agribashing c'est une réalité. On a fait peur à la population en faisant croire qu'on abuse des produits chimiques. (..) Si on nous enlève certains traitements les tonnages par hectare vont chuter et certains vont carrèment mettre la clef sous la porte.


L'analyse est radicalement différente à la Confédération Paysanne, 3ème organisation agricole et résolument tournée vers l'abandon du modèle dit "productiviste".
Son porte-parole régional, Gilles Menou, affirme que cette manifestation de la FNSEA va à l'encontre de la nécessaire mutation de l'agriculture française :

Quand ils visent les accords de libre-échange je suis plutôt d'accord, mais quand ils parlent d'agribashing ils se trompent. (..) Tout le monde n'est pas montré du doigt, il y a des agriculteurs très appréciés par les consommateurs (..) Dès lors qu'on défend les pesticides, les gens ne comprennent pas. 


 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité