A l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, 1 000 tracteurs manifesteront à Paris pour exprimer le mécontentement des exploitants. Des revendications que ne partagent pas la Confédération paysanne.
Des tracts et des tracteurs à Paris. A l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, un cortège de 1 000 tracteurs défilera aux alentours de Paris et bloquera les principaux accès routiers à la capitale ce mercredi 27 novembre.
Selon un communiqué des syndicats, des agriculteurs venus du Centre-Val de Loire, mais aussi d'Île-de-France, de Normandie, du Grand-Est, de Bourgogne-Franche-Comté et des Hauts-de-France exprimeront leur mécontentement. En octobre, une série de mobilisations avait déjà rassemblé bon nombre d'agriculteurs. La Confédération paysanne manquera cependant à l'appel, faute de points d'accord avec la FNSEA.
"On a toujours l'impression d'être regardés de travers"
Au centre des revendication : l'agri-bashing. "On a toujours l'impression d'être regardés de travers, d'être le vilain petit canard", regrette Christophe Barbé, céréalier de Boissy-en-Drouais près de Dreux en Eure-et-Loir. Pour lui, la manifestation doit permettre aux agriculteurs de "se faire entendre de la population. On va discuter avec les gens sur les trottoirs à Paris." Lui-même partira de sa commune à 4h et du matin pour atteindre Paris à 6h.
A la Confédération paysanne, les divergences sont assumées. "On n'attend rien de la FNSEA", explique Gilles Menou, porte-parole de la Conf du Centre-Val de Loire.
Selon lui, "on a suffisamment parlé de l'agri-bashing, qui n'est pas plus fort qu'avant". D'autant "qu'une partie de l'agri-bashing tient à nos pratiques agricoles qui devraient évoluer et qui n'évoluent pas assez vite". Une façon de mettre les agriculteurs devant leurs responsabilités.
"Un discours anti-européen"
Un communiqué émis par la FNSEA et les JA met par ailleurs en cause "une réglementation qui ne permet pas la compétitivité". Ce que Gilles Menou considère comme "un discours assez anti-européen qui ne me plaît pas".
Il admet cependant un point d'accord avec le premier syndicat agricole : "ils manifestent contre la distorsion de concurrence liée à la signature d’accords commerciaux. On pense particulièrement au CETA (le traité de libre-échange entre l'UE et le Canada, ndlr), qui représente une agriculture dont nous ne voulons pas."
Selon la FNSEA, ces politiques et réglementations ont pour résultat d'appauvrir les agriculteurs. "Les exploitants seuls à s'occuper de 80 hectares ne peuvent pas gagner grand chose, explique Christophe Barbé. Et s'il a 200 hectares, il ne sort jamais de ses champs. C'est toujours travailler plus pour ne pas gagner plus."
Un constat que partage Gilles Menou, tout en restant sceptique sur les solutions que souhaite apporter la FNSEA. Selon lui, "il faut remettre du politique là-dedans, pour faire respecter les lois Agriculture et Alimentation de 2018" qui prévoyaient de payer les producteurs au prix juste.
Pour la construction d'un nouveau modèle agricole
Il préconise ainsi "de construire un autre modèle agricole qui fournit une alimentation de meilleure qualité, donne du revenu à de nombreux paysans et protège l'environnement". Tandis que la FNSEA se bat contre des arrêtés anti-pesticides. "Pour des petites parcelles, si on arrête les épandages sur 150 mètres de chaque côté, il ne reste plus rien à traiter", raille Christophe Barbé.
Dans un communiqué, les agriculteurs de l'Indre-et-Loire protestent en effet contre l'interdiction selon eux "sans motivations scientifiques de produits phytosanitaires" utilisés dans les cultures. Ils se sont par ailleurs donné rendez-vous au nord de Tours et à Chambray-lès-Tours à 17h30 pour mener deux convois vers la préfecture. Ils mettent notamment en avant "les excès de pluie qui font que plus de 30% des semis ne sont pas réalisés".
Gilles Menou de la Confédération paysanne préfère relativiser : "Je ne suis pas sûr que les départements céréaliers proches de Paris et qui vont manifester soient les plus à plaindre." De son côté, Christophe Barbé appelle à ne pas pendre le sujet à la légère. "Un agriculteur se suicide tous les trois jours en France", rappelle-t-il. Un constat qui a le mérite de mettre d'accord les syndicats.