Eure-et-Loir : l'initiative "Champs ouverts" veut réconcilier agriculteurs et citoyens

Le député d'Eure-et-Loir, Guillaume Kasbarian, est à l'origine de l'idée, qui vise notamment à apaiser le débat sur les pesticides. 

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"Moi, je suis au bout. Qu’on nous abandonne soit. Mais qu’en plus on continue à nous stigmatiser, à nous massacrer, c’est pas possible..." En septembre, bouleversé, Guillaume Poinot, agriculteur dans la Vienne, se confie sur les réalités de son métier, et la pression du regard extérieur. 

"Simplement pour nous détruire"


Le 26 septembre, plusieurs centaines de ses collègues convergeaient vers Orléans pour protester contre ce qu'ils vivent comme une campagne de dénigrement à leur encontre. Au coeur du débat : la question des pesticides et de leur épandage, que certaines communes de France ont entrepris de limiter. "Taper sur les agriculteurs permet de compenser l’inaction du gouvernement face au changement climatique, et je pense qu’on est une cible facile. Notre évolution se fera uniquement si on est respectés. Aujourd’hui, il n’y a pas de dialogue, il n’y a que des injures", regrettait alors Maxime Buizard, président des Jeunes Agriculteurs (JA) du Loiret. 

"Autour de moi, je le vois sur les réseaux sociaux, c'est affolant le déferlement de propos infondés, c'est incompréhensible. Quand on connaît le métier, on se demande si c'est pas simplement pour nous détruire", abonde Rémi Rousseau, lui président des JA d'Eure-et-Loir. 
 

"Champs ouverts", dialogue ouvert


Dans son département, le député Guillaume Kasbarian a décidé d'apporter sa pierre à l'édifice. Vendredi, il a lancé dans sa circonscription l'initiative "Champs ouverts". Le but : permettre à des exploitants agricole d'accueillir le public sur leur domaine, et pouvoir discuter, dans le calme, de ces questions sensibles. 

"Il n'y pas de gentils ou de méchants, il y a des citoyens qui veulent avancer sur la transition écologique ensemble, plaide l'élu. Dans ce débat-là, les agriculteurs ont l'impression d'être montrés du doigt. Je sens que cette tension-là, sur le territoire, elle est très forte. Dîners, déjeuners, fêtes, brocantes... Tout au long du mois de septembre, dans tous les événements où je suis allé, il n'y a pas eu une seule fois où ça n'a pas été mentionné." Pour Guillaume Kasbarian, cette solution "très simple", locale, a vocation à rétablir le dialogue, et lutter contre les clichés. "Beaucoup d'agriculteurs ne vont pas forcément expliquer ce qu'ils font des pesticides : pourquoi est-ce qu'ils en mettent, pourquoi l'épandage nocturne, combien ça coûte, est-ce qu'ils font attention..? Et côté citoyen, même si on habite pas loin, on ne va pas forcément visiter l'exploitation de l'agriculteur du coin et prendre le temps de comprendre ses contraintes", illustre-t-il. 

"Il y a beaucoup de on-dit. On veut bien expliquer qu'on ne fait pas n'importe quoi avec ces produits-là. Qu'aujourd'hui, tout ce qu'on fait dans nos fermes est très raisonné. On a des réglementations, un cahier des charges, on note chaque passage..." renchérit Rémi Rousseau, qui compte participer à ces rencontres. 
 

"Se réconcilier avec le monde agricole"


Comme lui, quelques dizaines d'agriculteurs se sont déjà montrés intéressés par le tout jeune projet, ainsi que des citoyens et même des associations de défense de l'environnement. "Plus les gens participeront, plus on arrivera à se réconcilier avec le monde agricole, et on arrivera à un dialogue apaisé, et qui n'attend pas les réseaux sociaux ni un législateur", espère Guillaume Kasbarian.

Si le député compte, dans un premier temps, être présent à chaque réunion, il envisage déjà l'avenir de son initiative. "Si ça marche très bien, que c'est hyper calme, utile à tous, je n'aurais aucun problème à pérenniser une sorte de site de rencontres ou une application géolocalisée qui permette à des agriculteurs et des voisins de se retrouver de façon autonome", imagine l'élu.
 

Les premières rencontres 


Les premières rencontres, pour l'instant animées par le député Kasbarian, ont commencé. Flavien Texier et Grégoire Grichois se sont rendus à Coltainville, avec les premiers volontaires. Reportage. 
 
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