Répandre des pesticides à moins de 150 mètres des habitations est désormais interdit à Argenton-sur-Creuse. Cette commune de l'Indre est la première en Centre-Val de Loire à prendre un tel arrêté. Mais il sera probablement invalidé par la préfecture.
Vincent Millan, maire d’Argenton-sur-Creuse, ne s’en cache pas. C’est l’initiative prise le 18 mai dernier par Daniel Cueff, maire de Langouët (Ille-et-Vilaine) qui l’a décidé lui aussi à prendre un arrêté anti-pesticides. Le texte de l’élu breton a depuis été suspendu par le tribunal administratif saisi par la préfecture mais pour M.Millan il s’agit de s’inscrire dans un combat politique et d’imposer au gouvernement le principe de zones élargies de non-traitement.
Après avoir consulté son conseil municipal, il a donc rédigé un texte qui interdit l’usage de produits phyto-pharmaceutiques à moins de 150 mètres des habitations et 100 mètres seulement s’il existe une barrière végétale.
Selon une enquête menée par France Inter, début septembre, 52 communes avaient pris des arrêtés anti-pesticides dont des villes importantes comme Paris, Nantes, Lille et Grenoble.
Pourquoi avez-vous pris cet arrêté ?
Vincent Millan : L’enjeu n’est ni départemental ni régional. Il est national. Il faut que les communes se mobilisent pour une action de lobbying en contre point de celle des agriculteurs et surtout de la FNSEA. Le gouvernement doit fixer des distances de protection des populations.
Y a-t-il à Argenton sur Creuse des agriculteurs qui utilisent effectivement des pesticides sur le périmètre de la commune ?
VM : A Argenton nous avons des zones agricoles avec plus d’éleveurs que de cultivateurs même si les éleveurs font un peu de cultures pour nourrir leur bétail. Mais il n’y a pas concrètement besoin aujourd’hui de protéger la population d’Argenton. Le but est surtout de faire nombre pour expliquer au gouvernement qu’il ne faut pas céder au lobby de la FNSEA et que nos populations sont maintenant sensibles à ces sujets.
Votre arrêté va-t-il réellement être appliqué ?
VM: Le tribunal administratif a déjà jugé le sujet en Bretagne. Toutes les jurisprudences vont dans le même sens. Dont acte. Je sais que le préfet va me dire que je n’ai pas le droit d’appliquer mon arrêté. Mais le combat vase poursuivre car un collectif de communes anti-pesticides est en train de se constituer et nous allons le rejoindre.
La FNSEA va rencontrer le maire Sans surprise, Philippe Demiot, président de la FDSEA de l’Indre n’a pas du tout apprécié l’initiative de Vincent Millan. "Il fait ça pour faire le malin mais il ne s’est pas inquiété de savoir ce qu’on en pensait. On aurait aimé de la concertation avant. Ce type d’arrêté crée encore plus de clivage et les gens nous regardent de travers. Ce n’est pas constructif. Nous avons pris rendez-vous avec le maire pour vendredi soir et on va s’expliquer avec lui. De toute façon, l’arrêté sera suspendu par le préfet." |