Broyer son sapin est recommandé par les municipalités. Cela reste toujours plus raisonnable que de le brûler en extérieur, ce qui est interdit pour préserver les poumons de vos voisins, ou de le placer discrètement dans une poubelle. Mais si votre sapin contient des pesticides, faut-il réutiliser son broyat dans votre jardin ?
"Rennes, ville zéro phyto, mais elle met du broyat de sapins imbibés de pesticides dans les cours des écoles?". Pour ce militant écologiste, on ne peut rien faire du broyat des sapins que la Ville s'apprête à collecter dans chaque quartier. Pascal Branchu, de l'association "la nature en ville", s'appuie sur une étude menée en 2022 pour enjoindre la municipalité de ne pas réutiliser le broyat.
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85 % des sapins contiennent des pesticides
Il y a deux ans, à quelques jours de Noël, l'association nationale "Agir pour l'environnement" avait publié les résultats de ses analyses : une grande majorité des sapins testés contenaient des pesticides, dont certains sont classés « cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques ». Elle avait acheté treize sapins standards, vendus dans treize commerces différents (Carrefour, Monoprix, Ikéa, Intermarché ...). Onze présentaient des traces de pesticides. Treize composés différents avaient été identifiés au total, avec un maximum de cinq substances différentes sur un même arbre. L'association Agir pour l'environnement demandait à l’État de soutenir la filière bio de production de sapin, et d’évaluer les risques pour les consommateurs une fois le sapin standard installé dans le salon.
Forme conique, couleur vert foncé
Aux "Sapins de Nico", sur l'exploitation de Nicolas Lecire, pas de trace de pesticides. L'agriculteur installé à côté de Rennes, également producteur de miel, fait pousser 2200 sapins, chaque année, sans utiliser de "produits phytosanitaires". D'après le producteur, les pesticides utilisés sur les sapins sont surtout "des désherbants autour du sapin, pour avoir une forme plus conique et de belles branches à la base, sans que l'arbre soit gêné par l'herbe qui pousse à son pied". S'y ajoute "des engrais, surtout pour obtenir un feuillage vert foncé."
Herbicides, insecticides et fongicides
L'association Agir pour l'Environnement, elle, a retrouvé sur 11 des 13 sapins (non bio) analysés : cinq herbicides (Glyphosate, Diflufénicanil, Pendimethaline, Propyzamide, et Prosulfocarbe), six insecticides (lambda-cyhalothrin, Fenpyroximate, tau-fluvalinate, Hexythiazox, Pyrethrines, et Téfluthrine) et deux fongicides (Fludioxonile et Metalaxyle). Elle recommande donc de préférer les sapins bio, ou de construire son propre sapin, et déconseille fortement l’achat d’un sapin en plastique : "fabriqué à partir de pétrole à l’autre bout du monde (majoritairement en Chine), son bilan carbone est très mauvais, à moins de le conserver pendant au moins 20 ans", précise Agir pour l’environnement.
À bien y réfléchir, une autre possibilité s'offre aux chanceux, les propriétaires d'un jardin : acheter un sapin vivant, et le planter ensuite. Si l'arbre a été cultivé en Bretagne, deuxième région de France pour la production de sapin, le bilan carbone, positif, atteindra des sommets !
Pour les autres, Nicolas producteur de sapins "zero-phyto", mais non labellisés Bio, se montre rassurant. Il estime que chez ses confrères qui recourent aux pesticides, ces produits "sont surtout utilisés les premières années [de la croissance de l'arbre], mais au bout de 8 ou 10 ans, je pense que les résidus de produits phytosanitaires ne sont plus énormes."
Le broyat de sapins, lui, pourrait être préférablement utilisé autour de massifs ornementaux plutôt que dans le compost qui servira à enrichir le potager... sauf, bien sûr, si le sapin avait été cultivé en bio.