Pendant et après la crise sanitaire, les travailleurs en situation de handicap risquent d'être les premiers licenciés. L'Agefiph, association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées, débloque 23 millions d'euros pour favoriser le maintien de leur emploi.
Arnaud Lévêque est le délégué régional de l'Agefiph en Centre-Val de Loire. Il est très inquiet pour l'emploi des personnes en situation de handicap dans les entreprises privées.
"La plupart des personnes en situation de handicap travaillent dans des petites et moyennes entreprises. On craint que beaucoup de ces entreprises ne repartent pas après la crise. Quand on sait que le taux de chômage des travailleurs en situation de handicap était de 18% avant la crise. Ils ont deux fois plus de risques de rester demandeurs d'emploi. "
Les travailleurs en situation de handicap ont deux fois plus de risques de rester demandeurs d'emploi ou d'être licenciés pendant et après la crise sanitaire.
23 millions d'euros d'aide mobilisés
Face à la crise sanitaire et économique, l'Agefiph a décidé d'adapter son offre de financement pour soutenir les entreprises qui emploient des travailleurs en situation de handicap ainsi que les salariés pour favoriser le maintien de leur emploi.Au niveau national, l'Agefiph mobilise 23 millions d'euros à travers 10 mesures exceptionnelles.
Qu'est-ce que l'Agefiph ?
L’Agefiph est l’Association de Gestion du Fonds pour l’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées. À ce titre, elle gère le fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (FIPH).Ce fonds est alimenté par les contributions versées par les entreprises de 20 salariés et plus n’atteignant pas le taux d’emploi légal de 6 % des travailleurs handicapés. Il permet de financer des aides, des prestations et des services mis en œuvre au quotidien sur le terrain, que ce soit pour accompagner les personnes handicapées ou les employeurs.
En région Centre-Val de Loire, 3285 entreprises sont assujetties à l'OETH ( Obligation d'emploi des travailleurs handicapés) . Elles ont versé en 2019 un peu plus de 9 millions d'euros.
Quelques exemples des mesures exceptionnelles pour faire face à la crise sanitaire
- Un aide de 1000 euros pour favoriser le télétravail : "Si une entreprise privée est contrainte de prendre des mesures de télétravail, la personne en situation de handicap n'a peut-être pas l'équipement nécessaire chez elle. On va accorder une aide qui va jusqu'à 1000 euros pour que la personne poursuive son activité ", explique Arnaud Lévêque, le délégué régional de l'Agefiph en Centre Val-de-Loire
- Un forfait de 200 euros par jour pour l'hébergement, les repas et les transports : "Certaines personnes travaillent dans des entreprises essentielles à la nation. C'est le cas notamment des salariés en grande distribution ou des agents de nettoyage. L'Agefiph leur propose 200 euros par jour pour financer leurs déplacements en voiture faute de transports en commun, leurs repas et leur hébergement s'ils doivent dormir à l'hôtel près de leur lieu de travail. "
- Un aide de 1500 euros pour les créateurs d'entreprise : "Beaucoup de travailleurs en situation de handicap ont créé leur entreprise, faute d'avoir trouvé un emploi adapté. Nous leur octroyons une aide de 1500 euros pour passer ce cap difficile s'ils ont créé leur activité dans les trois dernières années."
- 10 heures d'accompagnement pour la sortie de crise : "La sortie de crise sera difficile pour les créateurs d'entreprise. Nous leur offrons 10 heures d'accompagnement pour les aider à relancer ou à réorienter leur activité."
- Une aide de 500 euros pour s'équiper en matériel informatique afin de poursuivre une formation : "Parmi les missions de l'Agefiph, la formation des personnes en situation de handicap est primordiale. Ceux qui avaient commencé une formation avant la pandémie pourront la poursuivre à distance. S'ils n'ont pas le matériel informatique nécessaire, nous débloquons une aide de 500 euros."
- Le report du prélèvement de l'obligation d'emploi des personnes en situation de handicap. Normalement l'obligation d'emploi est prélevée au mois de mars. Il s'agit de ce que paient les entreprises privées de plus de 20 salariés qui emploient moins de 6% de travailleurs en situation de handicap. Le prélévement a été reporté au mois de juin. Cela représente 100 millions d'euros au niveau national chaque année avec 120 000 entreprises contribuantes.
Comment bénéficier de ces aides ?
Pour bénéficier des aides, les entrepreneurs et les salariés peuvent contacter l'Agefiph par mail :www.agefiph.fr
ou
centre@agefiph.asso.fr
Une cellule d'écoute psychologique pour les travailleurs en situation de handicap :
Depuis ce lundi 20 avril 2020, l'Agefiph a ouvert une cellule d'écoute psychologique pour les travailleurs en situation de handicap. " Le confinement est un facteur de stress pour nos publics. Avec cette cellule d'écoute, ils peuvent parler à un psychologue clinicien spécialisé et solliciter une aide ", explique Arnaud Lévêque de l'Agefiph Centre Val-de-Loire.Le numéro pour la cellule d'écoute de l'Agefiph est :
0800 11 10 09 du lundi au dimanche de 9 h à 18h.