L’association des musées en centre Val de Loire a décidé de valoriser certaines collections, qui faute de place ou de cohérence avec le projet muséal, restent dans les réserves. Un projet de longue haleine, dont la première traduction concrète est l’installation de cette exposition virtuelle sur le site de l’association.
Treize musées se sont associés à ce projet lancé en octobre dernier par l’association. Si ce n’est pas la première fois que l’association met en ligne des expositions virtuelles, celle-ci a été pensée fort différemment.
Mathilde Rétif, cheffe de projet nous détaille le processus mis en place. "Les expositions virtuelles que nous avions faites jusque-là étaient très textuelles. Et on déroulait des textes qui se raccordaient à des images. Celle-ci est organisée comme un musée, avec des salles, des thématiques par salle, pour que ce soit très visuel comme si on était au musée". Selon l’accueil qui en sera fait, l’association envisage de généraliser ses documents informatiques sous ce format.
Sept salles virtuelles et 186 œuvres à découvrir
"On partait d’un plateau vide et c’est nous qui "construisions" les murs, on choisissait leur matière, leur couleur, l’espace, les thématiques, quels étaient les objets qu’on exposait, la taille, sur quel support. Et on est arrivé à l’exposition construite. Au final, on a une salle d’introduction et sept salles d’exposition" nous explique Mathilde Rétif. Ceci afin de permettre aux thématiques choisies de correspondre aux collections des musées.
L’époque d’Edo (1603- 1868) choisie comme fil conducteur
Ces deux siècles et demi correspondent à une période où le pays se referme, coupant tout commerce avec l’extérieur. Les idées confucéennes servent de fondement aux règles sociales, très strictes. L’ordre social, autrement appelé les "quatre divisions de la société" sert à stabiliser le pays.
En premier viennent les samouraïs, puis les paysans, les artisans et les marchands. Autrement dit l’organisation ne se fait pas sur les richesses ou le capital, mais sur les qualités morales pour le bien commun.
Chaque salle virtuelle s’organise autour de ce concept et ses déclinaisons :
- La première salle parle du quotidien à l’époque d’Edo, les spectacles, la cérémonie du thé, la composition florale, et le tabac qu’hommes et femmes fumaient dans toutes les classes sociales, les catégories sociales que nous venons de décrire, avec un focus sur les pêcheurs, très importants dans la capitale.
- La seconde salle est constituée des collections du musée de la Chemiserie et de l’Elégance masculine, en ce qui concerne les costumes, et de nombreuses estampes de vêtements provenant d’autres musées, avec une typologie fragmentaire bien sûr mais qui permet de différencier différents types de kimonos présents dans les collections.
- La troisième salle est dédiée à l’art de la guerre, qui pendant l’époque EDO ne connut point de conflit intérieur, et qui donc évolue avec le Zen en une méditation interne.
- La quatrième salle rassemble les trois techniques artisanales et artistiques que sont la porcelaine, le laque (l’art de laquer) et le textile.
- La cinquième salle est une grande salle dédiée aux animaux, qu’ils soient mythiques ou à consonance magique, comme les animaux du zodiaque, fantastiques ou réels, dans leurs diverses représentations, et même des animaux naturalisés du musée de Châteaudun, endémiques des espèces du Japon.
- La sixième salle est consacrée à l’art de l’Ukiyo-e qui se traduit par une peinture populaire et narrative originale, mais aussi et surtout des estampes japonaises gravées sur bois. Une forme artistique découverte par l’Europe au 19e siècle et qui déclencha un réel engouement.
- Enfin, la septième salle montre les influences réciproques entre le Japon et la France sur l’art. Dans chaque salle, chaque objet peut être examiné de près. Il suffit de cliquer pour le voir apparaître en plus grand format, avec une explication écrite et son lieu de provenance. Des 13 musées qui ont participé à cette exposition, seul l’un d’entre eux, expose de façon permanente deux salles d’objets asiatiques.
Le musée de Châteaudun et sa collection asiatique
C’est à Châteaudun que l’on peut voir certains des objets exposés virtuellement au sein du musée. Mireille Bienvenu qui le dirige, nous explique ce que l’association peut apporter à son établissement. "Il y a toujours une valorisation de nos collections, et ça, les musées y sont favorables. Ça permet au niveau de la Région de trouver un terme qui fédère plusieurs musées, ça aussi c’est important, et pour nous, de mettre un focus sur nos objets japonais".
L’association a décidé de procéder à l’inventaire des objets d’origine japonaise. Pour cela, une spécialiste est mandatée pour faire le tour des musées de la Région, qui aurait besoin de certitudes sur la provenance de leurs objets. "C’est vrai qu’avoir le regard et l’expertise d’une spécialiste et toujours pour nous quelque chose qui apporte un plus. C’est un bonus. Elle va pouvoir comparer au sein des collections des musées de France et ainsi apporter diverses précisions de datation, d’usage, et de rareté de certaines pièces » ajoute Mireille Bienvenu.
Le rôle de l'association des musées en Centre-Val de Loire
L’association permet un vrai réseau pour fédérer des projets et échanger entre institutions. Elle possède des moyens financiers pour aider ses adhérents. Par exemple, elle va financer la visite virtuelle du musé de Châteaudun. "C’est un accompagnement qui nous permet d’aller dans des domaines de médiation (comme les publics empêchés) dans lesquels nous n’aurions pas pu aller seuls reconnaît la responsable du musée. Lors du confinement, c’est l’association qui a continué de valoriser les collections, car nous n’avions pas de site internet".
Le travail sur les collections japonaises devrait être fini au milieu de l’année 2022. Peut-être débouchera-t-il sur une exposition physique au cours des prochaines années.