Berry : l'épisode de gel sur les vergers va beaucoup limiter la production de jus de la Société pomologique

A la Société pomologique du Berry, basée à Neuvy- Saint- Sépulchre, les conséquences du gel sur les fleurs des pommiers et poiriers des vergers conservatoires vont grandement handicaper la production des jus de fruits qui constituent un revenu non négligeable pour faire vivre l’association.

Ce n’est pas la panique, mais c’est quand même un coup dur. La Société pomologique fondée en 1984 a toujours mis un point d’honneur à s’autofinancer. Seule la Communauté de communes participe avec la mise à disposition de terres et des bâtiments qui abritent l’association. Forte de 780 adhérents, la structure a mis en place les moyens de fonctionner et d’employer  trois personnes : deux à temps complet et une à mi-temps.

Mais voilà : entre covid et aléas climatiques, le bel équilibre risque de se rompre au premier coup dur. Pour son Président René Marandon, le constat fait dans les vergers ces derniers jours est sans appel. "Il n’y aura pas de poires, car ces arbres fruitiers sont les premiers à fleurir, et ils étaient en pleine floraison lors de cet épisode gélif. Pour les pommiers, cela ne sera pas beaucoup mieux. Quant aux cerises, il y en aura juste assez pour faire plaisir aux oiseaux. "

Quatre vergers conservatoires avec des espèces emblématiques de la région Centre-Val de Loire

L’association dispose de quatre vergers qui contiennent des espèces emblématiques et qui font partie du patrimoine vivant de notre région. Malheureusement en voie de disparition dans les années 80, car concurrencées par des arbres destinés à la production de masse,  les 47 espèces de pommiers et les 10 de poiriers qui se trouvent dans ce verger ont été sauvées à temps.

En 1994, un autre verger de fruits à noyaux, cerises et prunes a pu être installé. 13 espèces de cerisiers et 11 de pruniers y ont trouvé place. L’association dispose aussi d’un verger école qui permet d’enseigner les techniques de plantation, de greffage et de taille. Régulièrement des séances de formation sont dispensées par des spécialistes à des amateurs, afin d’affiner leurs connaissances. Enfin un verger expérimental permet de valider les techniques de greffage et de production dans un souci d’amélioration de la qualité d’une production dite biologique.

C’est dans le même esprit de sauvegarde du patrimoine naturel qu’un vignoble a été planté à Tranzault. Il renferme 106 cépages comportant 12 pieds chacun. On y trouve des cépages de table, des cépages de cuve français, des hybrides et des porte-greffes. Autrement dit tout ce qu’on pouvait trouver dans les vignes en Berry depuis plus d’un siècle.

L’atelier permet de financer les activités de la Société pomologique

Mais le succès indéniable de l’association, c’est l’atelier. Ouvert aux adhérents qui viennent y presser leurs fruits ou les faire sécher, il représente une large part du financement des activités. Il permet de réaliser 50% du chiffre d’affaires grâce aux prestations  auprès des adhérents. Cédric Larraud salarié responsable de l’installation nous explique comment cela se passe.

"Les gens prennent rendez-vous par téléphone. On leur demande de venir avec 100 kg de pommes minimum. Ensuite les pommes sont pressées, le jus est filtré, on sépare les jus de chaque personne, car les gens veulent boire le jus de leurs pommes, ils participent à la mise en bouteilles, puis les bouteilles sont pasteurisées et garanties pour deux ans de conservation au moins".

Avec 100 kgs de pommes, on fait 60 litres de jus. Cédric anime également des ateliers, notamment la taille de la vigne ou des arbres fruitiers. La même démarche existe pour venir faire sécher ses fruits. Il suffit d’adhérer, de prendre rendez-vous et de payer la prestation.

Les grands rendez-vous de la Société pomologique

Chaque année, la Société pomologique organise des événements autour de la valorisation de ce patrimoine. A commencer par les journées de la pomme et des fruits de pays qui se déroulent traditionnellement chaque dernier week-end d’octobre et attirent des milliers de visiteurs. La fête des vendanges se tient à Tranzault, le dernier week-end de septembre. Enfin la journée des végétaux champêtres se déroule elle le dernier week-end de février. Autant d’occasions pour redonner goût aux espèces endémiques du Berry. Bien des jeunes arbres fruitiers ont aujourd’hui été plantés grâce aux conseils reçus au cours de ces journées grand public ou lors de sessions de formation.

René Marandon n’est pas inquiet. Malgré l’épidémie, l’association a pu organiser ses manifestations l’an passé. Notamment en octobre, où quoique cantonnée à l’extérieur exclusivement, la fête des pommes a eu lieu. Les récentes restrictions de déplacement ont freiné la vente des jus de fruits. Mais cela permettra aussi à la fin de ce dispositif de retrouver des clients, avides de reprendre leurs habitudes alimentaires.

Finalement cet épisode de gel ne devrait pas avoir de trop graves conséquences espère- t- il. "Les variétés qu’on a, une année sur deux il y a de plus grosses récoltes. L’an passé la récolte était exceptionnelle. Donc cette année c’est une année plutôt creuse, et avec le gel ce sera une année encore plus creuse."

Un optimisme renforcée par l’espoir de pouvoir organiser la fête de la vendange et les journées de la pomme, loin des tracas du covid.  Car il sait que les amateurs seront au rendez-vous, heureux de pouvoir retrouver ces moments de détente et de plaisir en commun.

 

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