Centre-Val de Loire : les intermittents et le monde de la culture toujours inquiets après les annonces d'Emmanuel Macron

Ce 6 avril, le président de la République s'est adressé aux représentants du monde de la culture, l'un des secteurs les plus dûrement touchés par la crise du coronavirus.

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Ce 6 mai, Emmanuel Macron a tracé les premières lignes directrices d'un plan d'aide à la culture, lors d'une réunion avec des représentants du secteur. Les intermittents du spectacle et de l'audiovisuel ont obtenu la prolongation de leurs droits auprès de Pôle Emploi jusqu'à août 2021, la fameuse "année blanche" réclamée par la profession.

 

"Plus inquiets que rassurés"


Cette première annonce emporte globalement l'adhésion du monde de la culture. "C'est une bonne chose qu'ils aient pris le problème à bras-le-corps. Ils n'ont pas laissé tomber le monde culturel", estime Frédéric Riout, opérateur de prise de vue et intermittent de l'audiovisuel depuis 25 ans. "Mon inquiétude c'est : pourquoi août 2021 ? Je m'attendais à une année blanche, mais quand on voit cette date, on est plus inquiets que rassurés." Cette prudence annonce-t-elle une crise économique ? Un manque d'avancées médicales dans la lutte contre le virus ? "Pour nous, l'avenir était déjà inquiétant, et quand il parle de se "réinventer", ça veut bien dire qu'on ne retrouvera peut-être pas la vie d'avant."

Frédéric Riout regrette aussi le peu de détails donnés sur les modalités de cette année blanche. Aucune information, par exemple, sur la prise en compte des heures, le calcul du taux horaire, ou des jours de carence. Christelle Leclerc, désormais conseillère municipale à Blois, est l'une des responsables de la Maison de Bégon, une association culturelle. Pour elle, il est étonnant de n'avoir pas eu "plus d'informations sur les métiers hors de l'intermittence. Certains artistes n'ont pas ce statut, tout comme nos petites mains techniques, les menuisiers qui travaillent sur nos décors..."

Pour Thierry Imbert, président de l'association Chapau Prog, le monde de la musique, coeur de son activité, reste pieds et poings liés. "Comment on s'organise, nous si le virus est toujours là ? Est-ce que le public viendra ? Comment vont travailler les musiciens ? Comment ça se passe dans les loges ? Pour respecter la distanciation sociale dans les salles ? Il y a zéro réponses aujourd'hui, et il y en aura zéro demain, parce que ça va dépendre de l'évolution du covid-19."
 

La culture à l'école : une fausse bonne idée


Le président a également avancé des pistes pour adapter la culture à cette période d'épidémie. "On va organiser le temps de l'école différemment, et on va avoir besoin d'artistes, d'intermittents" a notamment lancé Emmanuel Macron. Là encore, Christelle Leclerc n'est pas convaincue. "Moi, je suis par ailleurs enseignante, et directrice d'une école maternelle. Nous avons un protocole de presque 60 pages à mettre en place pour accueillir les élèves dans les écoles, mais qui ne permet pas du tout ce qui a été proposé par le Président."

De plus, rappelle-t-elle, "ce n'est pas une nouveauté. On travaille tous avec des compagnies ou des artistes. (...) On va avoir quels moyens, quels financements ? Il y a beaucoup de choses très imprécises, et qui relèvent d'une grande méconnaissance à la fois des écoles et du monde artistique, en tout cas je le ressens comme ça."

"Intervenir dans les classes, ça veut dire que je viens avec mon violon ou ma guitare. On ne va pas mettre un orchestre symphonique ou un groupe de rock dans une école. Tout un pan du spectacle vivant, pour moi, aujourd'hui, est éteint", juge de son côté Thierry Imbert.
 

"A nous de proposer des choses différentes"


Pourtant, celui-ci trouve intéressante l'exhortation à "inventer une saison hors-norme. On doit collectivement l'inventer, la penser en renouvelant les publics", a déclaré le président. "On a déjà une ou deux personnes qui en ont parlé au sein de l'association, en disant que c'était aussi à nous de proposer des choses différentes. On a des choses à revisiter, créer des spectacles plus intimes et redonner du sens à la culture. Profitons-en pour qu'elle soit plus visible même pour des populations qui n'y ont pas accès tout le temps" encourage Thierry Imbert. "Bien sûr, il y a une partie de communication, je l'ai d'ailleurs trouvé très "artiste" dans son comportement, j'étais surpris de le voir les manches relevées", plaisante le président d'association.

Christelle Leclerc, de son côté, insiste sur la nécessité de "s'appuyer sur ce qui existe déjà". "Dans plein d'endroits de France, les petites compagnies et structures qui font vivre le local, qui sont de vrais bassins d'emploi, défend-elle. Ils existent, ils savent faire, ils connaissent leur territoire et leur public, et ils savent déjà créer car c'est leur métier."
 
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