Cheminot, gendarme, hôtelier... ils passeront le réveillon de Noël au travail

Si le soir du 24 décembre sonne les retrouvailles pour de très nombreuses familles françaises, certains devront passer leur tour face aux festivités. Car le pays doit bien continuer à tourner.

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Lorsque que sonneront les coups de 17h ce vendredi 24 décembre, il est probable que nombre de passagers seront en pleine ruée vers des tramways, des taxis ou vers des trains de la gare d'Orléans pour rejoindre familles et amis en ce réveillon de Noël. Sébastien Nugou, lui, les regardera passer, tout en restant aux manettes de sa locomotive. 

Cheminot depuis 18 ans, il assure à partir de 14h la "mise en place" des trains en gare d'Orléans. "Je trie les trains pour le lendemain, je rentre les trains au dépôt, je sors les machines, tout ce qui a trait à la prépa des trains pour les départs et les arrivées", explique-t-il. Pour résumer, sans lui, la gare s'arrêterait de tourner, et plus personne ne pourrait y transiter pour venir manger la fameuse dinde de grand-mère. 

Comme lui, de nombreux Français passeront leur réveillon de Noël sur leur lieu de travail. Restaurateurs, personnels hospitaliers, hôteliers, forces de l'ordre, pompiers, chauffeurs de taxi ou journaliste d'actualité 24/24... Il est des métiers qui doivent assurer une présence quasi permanente. 

"On est parfaitement rôdés"

Alors, ce soir, Sébastien Nugou sortira du travail à 23h30. Un peu trop tard pour un repas de famille. "On va fêter ça demain soir du coup", en Auvergne avec la famille, trajet qu'il fera... en voiture. "On a l'habitude de faire le réveillon plus tard, c'est vendu comme ça dès le départ quand on devient cheminot." D'autant que son père était lui-même cheminot, alors l'habitude remonte même à l'enfance. Ancien restaurateur soumis à des horaires particuliers, il a pris le réflexe de "profiter des moments qu'on a de libres, même si ce n'est pas forcément pile au moment des Fêtes". 

Pourtant, quelque chose lui reste en travers de la gorge. Délégué CGT, il note que, lorsqu'il a signé pour faire de tels horaires, "on avait le statut de cheminot pour compenser". Un statut "qu'on essaie de nous enlever aujourd'hui", estime-t-il, en référence notamment à la fin des recrutements sous ce statut par la SNCF depuis le 1er janvier 2020.

L'adjudant-chef Olivier savait, lui aussi, où il mettait les pieds en signant. Chef de quart du centre opérationnel de la gendarmerie (COG) du Loiret, il a "l'insigne honneur de travailler à Noël", plaisante-t-il. Selon lui, cette tâche lui revient "un peu moins d'une année sur deux", avec un shift de 20h à 8h du matin. "Depuis le temps qu'on fait ça, on est parfaitement rôdé donc il n'y a pas de coup de blues, on est habitués à la forte contrainte" du métier, assure-t-il, lui qui accumule 25 ans de brigade.

Le traditionnel tapage nocturne

Pendant que certains de ses collègues sillonneront les routes à la recherche de conducteurs un peu trop alcoolisés, lui organisera les interventions. Car les demandes envoyées aux gendarmes ne s'arrêtent pas magiquement pour leur permettre de prendre leur jour férié. Ce serait même plutôt le contraire...

Ce genre de soirée, avec la convivialité familiale, c'est propice à un certain laisser-aller sur l'alcool, donc on a des esprits qui s'échauffent plus facilement. On aura le traditionnel tapage nocturne ! Mais ça sera moins qu'au Nouvel An.

Adjudant-chef Olivier, COG 45

Heureusement pour lui, faire le réveillon de Noël est synonyme de soirée libre pour le Nouvel An, pour profiter en même temps que la majorité. "Mais s'il y a regain d'activité et que les collègues ont besoin, je serai là quand même", promet-il. 

Alors ce soir, il "gardera une pensée pour la famille, on est des pères et des mères". Et, comme Sébastien Nugou, l'ouverture des cadeaux se fera demain. "Avant, ça a moins de charme !" Entre eux, les gendarmes du centre opérationnels ont déjà réparti les tâches, et chaque personnel sur le pont apportera quelque chose de différent. Histoire de "profiter d'un petit moment d'accalmie pour manger des petites choses qui sortent de l'ordinaire". 

Sacrifice nécessaire

Adrien*, lui, passera son réveillon dans son lit. Gérant d'un petit hôtel du centre-ville de Tours, il en assure seul la garde entre 6h du matin et 20h. Alors forcément, "il faut que je me repose, je ne vais pas aller faire la fête", tonne-t-il. S'adaptant aux départs le matin et l'arrivée vers 17h de ses clients, il célèbrera Noël le 25 dans l'après-midi, et en famille. 

Pour lui, il n'y a aucune possibilité d'adaptation. Ayant repris l'affaire il y a quatre ans, la crise sanitaire a mis ses affaires à mal, l'obligeant depuis à tourner à personnel réduit. Alors, travailler pendant le réveillon (et faire des horaires étendus), c'est un "sacrifice imposé" selon lui : "On est obligé si on veut faire un peu de chiffre, sinon on met la clé sous la porte." Pour les Fêtes, il a ainsi pu remplir à environ 30% les 14 chambres de son hôtel. Histoire d'assurer un petit pécule avant, peut-être, de nouvelles contraintes sanitaires futures.

*Le prénom affublé d'un astérisque a été modifié.

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