Près de 30% des Français sont inquiets à l'approche des Fêtes, que ce soit à cause de la précarité ou de la peur d'être seul. Pour leur venir en aide et leur faire passer de beaux moments festifs, des associations du Centre-Val de Loire s'activent.
Pour beaucoup, Noël sera synonyme de festivité, de convivialité et de retrouvailles familiales, et ce malgré la situation sanitaire difficile que connaît le pays. Même en petits comités, le réveillon promet des moments de partage. Une ambiance générale dont de nombreuses personnes, à cause de la précarité ou de la solitude, ne pourraient pas profiter sans l'aide d'associations.
En Centre-Val de Loire, c'est le branle-bas de combat chez plusieurs organismes chargés de redonner un peu d'espoir à ceux qui n'ont pas forcément le cœur à la fête. Depuis une semaine, l'antenne loirétaine de la Croix Rouge, à Saint-Jean-le-Blanc, reçoit "un nombre conséquent" de boîtes solidaires, se réjouit la présidente Laure-Marie Sokeng-Minière.
Un peu de magie de Noël
Les boîtes solidaires, c'est une opération d'ampleur nationale organisée depuis quatre ans. Son objectif : "apporter un peu de magie à des personnes isolées ou en manque de lien social", résume la présidente de la Croix Rouge du Loiret. Selon elle, "les gens ont fait preuve d'une grande solidarité cette année", avec un nombre record de boîtes livrées par des particuliers. Dans ces boîtes, les bénéficiaires peuvent retrouver une paire de gants, un livre, une gourmandise de fête, un mot de la part des donateurs, ou un dessin quand il y a un enfant dans la famille.
Ca leur fait chaud au cœur que quelqu'un ait pu penser à eux.
Laure-Marie Sokeng-Minière, Croix Rouge du Loiret
Dans le Cher, la Banque alimentaire distribuera, elle, environ 70 paniers de Noël à des étudiants, qui n'ont pas pu rejoindre leurs familles "à cause du Covid, parce que c'est trop loin ou parce que c'est trop cher", explique Lylian Lasnier, président de l'association dans le département berrichon. Cette dernière n'a pas réalisé de collecte estampillée "fêtes de Noël", mais a quand même bénéficié de générosités individuelles, notamment de la part des services de la préfecture.
Les fonctionnaires ont ainsi, sur volontariat, confectionné des boîtes de Noël à partir de boîtes de chaussures par exemple. Une fois décorées, elles sont remplies avec "un produit chaud, un produit d'hygiène, des jouets s'il y a des enfants". Car parmi les étudiantes bénéficiaires, cinq sont des mères.
2 millions de personnes âgées seules à Noël
En tout, une quarantaine de colis ont été remis à l'association par le préfet en personne, à laquelle s'ajoutent d'autres donations venues de diverses entreprises du coin, et une dizaine de sacs de provisions du Rotary. Tous seront remis à des étudiants bénéficiaires de l'épicerie solidaire Esope, qui dépend de la Banque alimentaire.
Dans un sondage Ifop pour l'association Dons solidaires mené au mois de novembre, 29% des Français se disent inquiets à l'arrivée des Fêtes, principalement par peur de ne pas pouvoir faire de cadeaux pour raisons financières, ou par crainte d'être seul le soir de Noël. L'année dernière, l'association Les Petits Frères des Pauvres comptait 2 millions de personnes âgées ayant passé le réveillon seules.
Alors pour la fraternité du Centre-Val de Loire des Petits Frères des Pauvres, "la préoccupation première, c'est de ne pas laisser les personnes seules à Noël". L'association compte 360 bénévoles dans la région, et s'occupe de 309 personnes âgées isolées. Cette année, comme l'année dernière, pas de grand repas festif ni de tablées à 50 convives le 24 au soir. Avec la nouvelle vague de coronavirus, "tous les évènements collectifs jusqu'à Noël ont été annulés depuis la semaine dernière", explique la fraternité régionale.
Garder le lien social
Les bénévoles vont donc se déplacer directement chez les personnes entre le 24 et le 25, et leur porteront des colis, avec des mets typiques de Noël, "de la terrine, une petite bouteille de champagne, et des décorations qu'elles ont pu fabriquer il y a quelques jours lors de réunions collectives". Emballé par les bénévoles, le tout sert aussi de prétexte à venir passer du temps avec les séniors isolés, et leur apporter un peu de lien social.
Pour encore mieux coller à "cette période de retrouvailles, de convivialité", des "mini-repas à trois ou quatre invités" sont organisés ponctuellement par les bénévoles de l'association. Quatre sont ainsi prévus à Orléans, dont un chez une dame suivie par les Petits Frères des Pauvres. Une "adaptation de dernière minute" nécessaire, car, selon l'association, "c'est à Noël que les personnes isolées ressentent le plus la solitude".
"Il faut que chacun ait sa place"
À Tours, une alliance multipartite (entre le Secours catholique, la Croix Rouge, la Banque alimentaire, le diocèse et le café associatif La Barque) organise chaque année depuis 11 ans un "Noël pour Tous". Un repas en plein air, convivial et intergénérationnel, "qu'il pleuve, neige, vente", affirme Brigitte Bécard, coordinatrice de l'évènement. D'abord ouvert aux personnes vivant dans la rue, le repas s'est progressivement étendu à celles et ceux qui ne veulent pas rester seules pendant les Fêtes. Selon elle, "la moitié de mes 40 bénévoles vient aussi pour pouvoir passer du temps avec des gens".
En 2019, 350 personnes étaient venues manger au buffet du Noël pour Tous tourangeau. Mesures sanitaires obligent, le nombre de convives était passé à 180 l'année dernière. Sous le regard "bienveillant" de la préfecture, les organisateurs ne contrôleront pas les pass sanitaires, et serviront de grands plateaux directement à table. Au menu : salades de Saint-Jacques, saumon, et même des restes de foie gras apportés par la Banque alimentaire.
"Une année, un homme nous avait apporté un poisson entier bien décoré, mais on a aussi eu une dame qui avait amené une pomme et un demi-camembert, se souvient Brigitte Bécard. Chacun fait selon ses moyens." Cette année, les associations demandent aux bonnes volontés d'apporter "de beaux gâteaux, de belles bûches" dans l'après-midi du 24 décembre, histoire d'avoir le temps de les couper et de les répartir avant le repas prévu de 18h à 23h, dans la cour Ockeghem et sur la place Châteauneuf.
Des jeux sont également prévus, comme des bowlings sur table ou un puissance 4 géant, pour amener les gens à se rencontrer, à partager un moment. "J'ai dit à tous mes bénévoles que, le mot d'ordre, c'est : on s'accueille les uns les autres, il faut que chacun ait sa place", affirme la coordinatrice de l'évènement. Pour que tous aient un peu de chaleur au fond de leur cœur.