Le député LREM de la 1ere circonscription du Cher, François Cormier-Bouligeon, s’est fait remarquer sur les réseaux sociaux pour avoir fait la promotion des sirops Monin à la buvette de l’Assemblée nationale et s’en être vanté. Twitter ne l'a pas épargné.
"Grâce aux pompes offertes par les Sirops Monin et livrées par mes soins, tous les députés pourront désormais être servis en un temps record lors des suspensions de séance ! " vante le député de la 1ere circonscription du Cher François Cormier-Bouligeon dans un tweet du 14 novembre. La publication est assortie d’une photo où l’on voit le député poser fièrement à côté des pompes estampillées de la célèbre marque de sirop berrichonne et fraichement installées à la buvette de l’assemblée nationale. "Grâce aux pompes, plus de coups de pompe !" conclue avec humour le député berrichon.
Grâce aux pompes offertes par les #SiropsMONIN et livrées par mes soins, tous les députés pourront désormais être servis en un temps record lors des suspensions de séance !
— F Cormier Bouligeon (@FCBDeputeduCher) November 14, 2019
Grâce aux pompes, plus de coup de pompe à l'@AssembleeNat !#DéputéDeTerrain #AmbassadeurDuTerroir pic.twitter.com/Mn4gJ1w4cj
Mais cette publication n’a pas fait sourire toute la communauté Twitter. Des centaines de twittos ont réagi. Certains internautes accusent le député d'En marche de conflit d’intérêt voir même de corruption pour avoir fait ouvertement de la publicité pour une entreprise privée. D'autres internautes, ne manquant pas d'humour, ont même comparé dans un tweet le député du Cher à "un youtubeur" qui ferait du placement de produits.
François Cormier-Bouligeon préfère rire de cette polémique à laquelle il ne s’attendait pas : "Il se trouve qu’à la buvette de l’Assemblée nationale, il y a des sirops Monin qui n’avaient pas de pompes. Moi je suis député de la circonscription, j’ai demandé à l’entreprise s’ils pouvaient m’en donner, je les ai prises dans ma voiture la semaine dernière, je suis allé les remettre à la buvette" explique-t-il en toute décontraction au téléphone. "Je suis député d’une circonscription que j’ai choisi, où je suis né, où j’ai grandi et ou je vis avec ma famille.Faut penser à ajouter votre sponsors dans le dos pour bien qu'on comprenne le message
— Le Dernier des Carolingiens (@AltoMediefuck) November 15, 2019
Et je considère que pour une partie de mon rôle de député, non constitutionnelle j’en conviens, je suis l’ambassadeur de mon territoire et de son terroir. C’est ma grande fierté de faire la promotion de tous les produits qui sont fabriqués par des entreprises et les salariés de mon territoire. Ceux qui considèrent que ça pose problème, ça leur pose problème à eux ».
La publicité de produits à la buvette de l'Assemblée nationale ? "Une tradition"
La buvette de l'Assemblée nationale, fait partie du folklore de l'institution, à mi-chemin du lieu de pouvoir et du self d'entreprise. Faire la promotion de produits régionaux à la buvette semble être une tradition bien ancrée chez les députés. En 2009, le député Daniel Fasquelle avait fait remplacer du miel importé de l’étranger par du miel produit dans son département du Pas-de-Calais. Le député Marc Le Fur avait fait adopter du fromage blanc et des desserts made in Côtes-d’Armor tandis que le député d'Ille-et-Vilaine, Florian Bachelier et le député du Nord France insoumise Ugo Bernalicis avaient fait entrer deux bières bretonnes à la carte qui ne comportait en 2018 que des bières belges.Mais François Cormier-Bouligeon lui, dit simplement avoir "amené les pompes pour les servir. Ce serait une plus grande fierté de ma part d’avoir placé les sirops à l’assemblée, mais ils y étaient avant que je sois élu" ajoute t-il en riant. Précisant d’ailleurs qu’il y avait aussi du "Menetou-Salon et du Sancerre" servi au bar sans qu’il n’ait rien eu besoin de faire.
Quant à la nécessité de mettre en avant, non un produit artisanal, mais une marque leader de son marché chez les professionnels de la restauration et implantée à l’international, le député berrichon explique : "Monin c’est une belle entreprise qui a réinvestit plusieurs millions de fonds propres pour rester à Bourges dans une nouvelle usine. J’ai beaucoup de gratitude pour le patron de cette entreprise qui fait vivre une partie de l’économie locale et je lui fais un clin d’œil. Et tout ça se fait gratuitement et gracieusement", conclue-t-il.
Que dit le règlement de l'Assemblée nationale ?
Si faire de la publicité pour les "fleurons de leurs territoires" est assez commun chez les élus de l'Assemblée nationale, selon les règles qui régissent le statut de député, on peut lire dans le paragraphe sur les obligations et interdictions qui s’appliquent à eux que "pour éviter toute atteinte à la dignité de la fonction parlementaire, un député ou un sénateur ne peut user de sa qualité à des fins publicitaires".
Alors, le député du Cher a t-il franchi la ligne jaune ? Nous avons sollicité le déontologue de l'Assemblée nationale. Nous sommes dans l'attente de sa réponse.